Geler dans une roulotte en attendant un logement

Par Marie-Eve Poulin 5:00 AM - 2 octobre 2024
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Ashley Labbe a besoin d'un logement. Photo Lucas Sanniti

Ashley Labbe a tout perdu. Pour le moment, elle gèle dans une roulotte et espère un miracle pour se reloger. 

Ashley Labbe fait partie des sinistrés de l’incendie de la rue Régnault. Elle n’a toujours pas trouvé un logement pour se relocaliser. Des collègues la dépannent temporairement. « Je vis dans une roulotte pour le moment, mais on s’entend qu’il fait déjà froid le soir », dit la femme de 31 ans. 

Avec l’hiver qui approche, la roulotte ne sera plus une option.

« Je prie pour un miracle ». 

Elle dit être constamment stressée, puisqu’elle ne sait pas ce qu’il adviendra d’elle à la mi-octobre, lorsqu’elle devra la quitter.

« Le monde me dit de ne pas y penser, sauf que les jours passent vite », dit-elle. « Je me décourage de plus en plus, en espérant avoir un appel pour un logement temporaire ». 

La jeune femme n’arrive pas à trouver de logement. Les raisons ? Elle a connu un épisode plus difficile dans la vingtaine, ce qui fait qu’elle n’a pas un bon crédit. Le prix des logements ne lui facilite pas la tâche. 

Elle possède un chat dont elle ne souhaite pas se départir. « Pendant ma dépression, c’est elle qui m’a gardé en vie », dit Mme Labbe. « Et puisque je n’ai pas d’enfants, je ne suis pas priorisée dans les sinistrés », ajoute-t-elle.

Pour le moment, elle n’a qu’une seule solution. « En dernier recours, je vais devoir aller loger au parc Ferland, chez un parfait inconnu que je ne connais pas », dit Mme Labbe, qui se retrouverait aussi à 40 minutes de son travail. 

Autre coup dur, le 24 septembre, les administrateurs de l’immeuble lui ont annoncé qu’elle devait jeter tout ce qu’il restait dans son appartement, en raison de la forte odeur de fumée. 


Tandis qu’elle tente de reprendre sa vie en main, après une thérapie et approximativement 80 jours de sobriété, elle encaisse difficilement ce coup dur envoyé par la vie. « Je dois être malchanceuse dans la vie, parce qu’il n’y a rien de bon qui m’arrive depuis que je suis en cheminement », dit-elle. 

Relocalisation

Parmi les 22 logements, difficile de savoir combien de personnes ont trouvé un toit à la suite des événements et combien n’ont qu’une solution temporaire. 

Une autre sinistrée a confirmé au Journal ne pas avoir trouvé de logement. Temporairement, elle habite chez son ami. 

La Ville n’est pas en mesure de préciser le nombre de personnes qui ont demandé, ou reçu de l’aide pour se reloger. 

« Le rôle de la Ville est de mobiliser différents intervenants du milieu afin d’assurer que des solutions alternatives soient en place pour répondre, le cas échéant, à divers besoins », explique Amélie Robillard, porte-parole de la Ville de Sept-Îles.

À l’exception du centre d’hébergement d’urgence ouvert au Centre socio la nuit du sinistre, la Ville n’intervient pas directement auprès des personnes évacuées. 

« Selon les informations que nous avons, le propriétaire de l’immeuble aurait permis la relocalisation de plusieurs locataires », mentionne la Ville de Sept-Îles. « On sait aussi qu’une personne a fait une demande d’hébergement à l’OMH ».

La Ville ajoute que d’autres ont été en mesure de trouver eux-mêmes une solution d’hébergement. 

Transit Sept-Îles et Hommes Sept-Ils auraient reçu des sinistrés. 

La directrice de L’Âtre de Sept-Îles, Cassandra Barr a offert au comité d’urgence de la Ville de Sept-Îles la possibilité d’héberger des sinistrés. Toutefois, ceux-ci doivent correspondre à certains critères qui cadrent avec la mission de l’organisme, une ressource d’hébergement alternative en santé mentale, accompagnement et réinsertion. Aucune demande n’a été faite. 

Au total, 24 personnes ont été prises en charge par la Croix-Rouge pour une durée de 72 heures.

« On a offert de l’aide d’hébergement dans deux hôtels, de l’aide vestimentaire et alimentaire », précise le porte-parole de la Croix-Rouge.

Habitat Métis du Nord, le groupe propriétaire de l’immeuble, n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevues. 

Aide communautaire

Peu de temps après l’incendie, des organismes communautaires ont offert leur aide aux sinistrés. 

Matériel

Recyck et Frip a fait un appel aux dons sur sa page Facebook. Le directeur général Stéfan Marchand rapporte qu’ils ont reçu 278 propositions de dons des citoyens, mais qu’ils n’en ont finalement pas eu besoin. « Nous n’en avons accepté aucune jusqu’à maintenant, nous avions en stock tout ce que les sinistrés ont demandé », dit-il. 

L’organisme est venu en aide à six familles. D’autres pourraient en bénéficier. « Certaines familles nous ont dit attendre d’avoir un nouveau toit, avant de passer chercher les items requis ». 

M. Marchand souligne la collaboration avec les organismes communautaires de Sept-Îles, qui ont offert du matériel. « Même le Phare de Port-Cartier nous a offert son aide matérielle et logistique », dit-il. 

Monétaire

Centraide Duplessis a géré les dons en argent. « Nous avons un peu plus de 1 400 $ d’amassé », rapporte la directrice générale, Annick Parent. « Il est convenu que la totalité des dons sera séparée en parts égales et remise aux sinistrés ». 

La collecte est toujours en cours. « Les gens peuvent donner en ligne ou en argent et en chèque, en se présentant à notre bureau », dit-elle.

Transit Sept-Îles a remis aux sinistrés un total de 800 $ en carte cadeau d’épicerie.

Le toit coule dans la roulotte où Ashley Labbe habite à Maliotenam, en attendant de trouver un logement. Photo Lucas Sanniti