Lettre d’opinion | L’équilibre nécessaire entre la protection du caribou et le développement économique
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Depuis plus de 20 ans, la communauté innue d’Essipit s’est toujours efforcée de trouver un équilibre entre la préservation de la biodiversité et le développement économique. Déjà en 2003, devant le déclin observé du caribou forestier, nous avons été des précurseurs en instaurant des mesures visant à le protéger, notamment avec un moratoire sur sa chasse. Puis, en 2020, après des années d’efforts, nous avons créé la réserve de biodiversité Akumunan.
De notre perspective, les initiatives de préservation du caribou et de la biodiversité ne doivent toutefois pas être perçues comme opposé au développement économique. Au contraire, pour le Conseil d’Essipit, le message est simple : nous voulons un équilibre. Protéger le caribou forestier ne doit pas signifier sacrifier les emplois ni mettre en péril l’économie locale. Nous sommes persuadés qu’il est possible de faire concilier la gestion durable de la forêt et sa biodiversité avec le maintien du secteur forestier. Cet objectif d’équilibre a été notamment convenu avec les membres lors de notre plus récente assemblée générale.
Il est nécessaire de rappeler qu’Essipit est un acteur clé de l’économie régionale, étant notamment copropriétaire de plusieurs entreprises, telles que l’usine Granulco avec Boisaco, ainsi que le BMR situé aux Escoumins. Nous avons donc intérêt à maintenir la vitalité de l’industrie forestière, mais nous sommes conscients que sans une forêt saine, il n’y a ni ressources à exploiter ni emplois à préserver.
Depuis 2016, comme tous les Québécois, nous attendons que le gouvernement du Québec tienne sa promesse de mettre en place une stratégie pour l’aménagement de l’habitat du caribou forestier. Une stratégie qui aurait dû voir le jour en 2022. Cette stratégie n’a toujours pas été mise en place.
En ce qui a trait au projet de décret de protection du caribou forestier du gouvernement fédéral qui a fait tant réagir, nous avons invité le gouvernement fédéral à prendre ses responsabilités à défaut d’une stratégie québécoise. Nous étudions présentement le projet de décret. Il est important de souligner que seulement 3,7 % du territoire visé par le décret se trouve sur le Nitassinan d’Essipit.
Nous invitons à nouveau le gouvernement du Québec à agir de façon responsable et à faire preuve de leadership. Sa participation est essentielle pour trouver des solutions qui assureront la survie du caribou tout en maintenant la santé économique de notre communauté et de la Côte-Nord. Dans ce contexte de climat social fragile, il est crucial de se serrer les coudes plutôt que de se diviser. Le Québec devrait travailler avec cet objectif en tête, de concert avec le fédéral, l’industrie forestière et les Premières Nations pour trouver des solutions concrètes et immédiates. Il est temps de prendre des décisions réfléchies, basées sur la science, la collaboration et le respect mutuel.
Martin Dufour,
chef du Conseil de la Première Nation des Innus Essipit
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