Les transporteurs hors norme de la Côte-Nord sont limités

Par Anne-Sophie Paquet-T. 4:55 PM - 19 septembre 2024
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Ce véhicule hors-norme escorté par Harold Michaud a pu être autorisé sur la traverse le 14 septembre après avoir contacté la SQ puisque personne de la STQ ne pouvait lui fournir une autorisation. Photo Harold Michaud

Une nouvelle réglementation sur la traverse Tadoussac–Baie-Sainte-Catherine vient d’entrer en vigueur discrètement. Sans savoir s’il s’agit d’un règlement perdurable ou non, cette nouvelle restriction, qui limite les véhicules à 4 mètres, est une véritable énigme pour les transporteurs. 

« On est menotté », dénonce Hugues Lavoie qui préside la compagnie Transport Ma-Th inc. L’entreprise qui se spécialise dans le transport surdimensionné passe par la Côte-Nord toutes les semaines depuis 15 ans. 

Il y a deux portes d’entrée dans la région, la route 172 et la traverse Tadoussac–Baie-Sainte-Catherine. « En ce moment on a une grosse problématique, il y a un chantier sur la route 172 qui nous bloque à quatre mètres et la traverse qui vient de décréter qu’on ne pouvait pas passer en haut de quatre mètres », s’inquiète l’entrepreneur. « On fait quoi nous avec nos hors-norme en ce moment », se demande-t-il. 

En effet, la Société des traversiers du Québec (STQ) a inscrit sur son site web qu’il est maintenant interdit pour les transporteurs de plus de 4 m de largeur et de plus de 4,9 m de hauteur d’accéder à la traverse.  

Ainsi, M. Lavoie se retrouve avec peu de possibilités. Hier, la remorque que transportait son camion d’une largeur de 4,35 mètres a dû patienter sur la 172, le temps qu’une seconde remorque arrive pour transporter les roues qu’ils ont dû retirer afin d’être en mesure de passer. Il s’agissait du plan B, puisque son entrée sur le traversier Baie-Sainte-Catherine/Tadoussac lui a été refusée. « La semaine prochaine, j’ai deux 16 pieds qui partent de l’Abitibi pour se rendre à Fermont. Mais là je passe où ? », se questionne le camionneur. 

Un casse-tête 

Les demandes d’autorisation de passage d’un véhicule hors-norme à la STQ doivent se faire au moins 24 heures ouvrables avant la date prévue du passage et toujours avant le vendredi à 16 h 30. Lorsqu’elle est envoyée, la compagnie de transport doit attendre que l’autorisation soit acceptée. « Au Québec, en 2024, c’est rendu extrêmement compliqué de faire de l’oversize », déplore M. Lavoie.

Cette demande d’autorisation ne concorde pas avec la réalité du transport. « Les choses changent rapidement dans ce domaine-là », explique-t-il. « La fin de semaine, aucun système ne nous autorise concrètement à passer sur le traversier. C’est carrément un gambling qu’on joue », laisse-t-il tomber, découragé de la situation.

Cette même situation est arrivée à Harold Michaud, qui escorte ce genre de véhicule. Sans être en mesure de parler avec quelqu’un le 14 septembre, il a dû appeler la Sûreté du Québec afin d’expliquer sa présence sur le traversier puisqu’aucun commis n’était en mesure de lui fournir une autorisation.

Ce dernier accuse la STQ et le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) d’avoir une communication inexistante. Avoir deux impossibilités d’entrer dans la région, et ce, en même temps, est incompréhensible à ses yeux. « C’est toute la région qui écope », lance-t-il.  

Une solution à 2 000 $

La dernière entrée reste le traversier de Matane vers Baie-Comeau ou Godbout. « Oui, c’est possible, mais ça coûte 2 000 $ par camion, en plus du rallongement, des réservations et d’un éventuel débordement à la portée des demandes », précise Hugues Lavoie. Il est important de rappeler qu’il est interdit d’emprunter les routes lorsqu’il n’y a plus de clarté pour les véhicules excédant 3,10 m en largeur, chargement compris.

Les réponses du gouvernement

Selon le site Québec511, la réfection du pont Sainte-Marguerite, situé au Saguenay–Lac-Saint-Jean dans le secteur Monts-Valin, prendra fin le 17 novembre. Le MTMD Maxime Lévesque porte-parole a précisé « il n’est pas possible de retirer les blocs de béton qui sépare la zone de construction et la voie de circulation afin de laisser passer un transporteur qui a une largeur excédant les quatre mètres ». Il ajoute que le MTMD a envoyé un avis de communications destiné à leurs partenaires et entreprises de construction du Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi que ceux de la Côte-Nord pour les aviser du rétrécissement de la route 172. Par contre M Lévesque n’était pas en mesure de confirmer si cet avis avait été envoyé à la STQ au moment d’écrire ces lignes.

Du côté de la STQ, Bruno Verreault indique qu’« il y a toujours eu certaines limitations au niveau des transports routiers hors norme à la traverse Tadoussac–Baie-Sainte-Catherine ». Il informe que les transporteurs détenant un permis spécial de transport hors normes doivent communiquer avec la traverse afin de valider leur traversée et que la situation est analysée au cas par cas.

« La STQ demande notamment les dimensions du chargement, le poids, vérifie que le passage soit sécuritaire et s’assure que son équipe soit prête à accueillir le transporteur », divulgue-t-il sans toutefois donner plus de détails. 

Au moment d’écrire ces lignes, après notre appel à la STQ, le camionneur Hugues Lavoie a confirmé au journal Le Manic que son camion de 4,35 mètres serait finalement accepté sur le traversier en direction de Tadoussac.