Semaine de la municipalité | Les DG, la pierre angulaire des municipalités

Par Johannie Gaudreault 6:00 AM - 9 septembre 2024
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Marc-André Palin, directeur général de l’Association des directeurs municipaux du Québec. Photo Ariane Touzin

Les directeurs municipaux jouent un rôle crucial dans l’administration des municipalités, mais celui-ci est souvent méconnu des citoyens, selon l’Association des directeurs municipaux du Québec (ADMQ). Levons le voile sur cette fonction qui déborde de mystères.

1. Peu de marge de manœuvre

Les directeurs généraux greffiers-trésoriers ne peuvent pas dire oui à toutes les demandes citoyennes. Ils doivent respecter les lois et les règlements qui régissent les municipalités.

« On parle de plus de 42 lois et tout autant de règlements qui vont régir les différentes municipalités et MRC au Québec. Il y a peu de marge de manœuvre. Il y a un encadrement et c’est peu connu des gens », témoigne Marc-André Palin, directeur général de l’ADMQ, en entrevue avec le Journal.

Ces lois et règlements peuvent être revus à la hausse annuellement. « Entre le 1er janvier 2021 et avril 2024, il y a eu 27 nouvelles lois et 34 nouveaux règlements, en plus de la mise en place d’une politique linguistique de la langue française, qui proviennent de 14 ministères », divulgue M. Palin.

2. 10 fonctions

Les dirigeants municipaux sont appelés à occuper plusieurs fonctions, surtout dans les petites municipalités comme celles que l’on retrouve sur la Côte-Nord. D’abord, ils sont aussi greffiers-trésoriers, pour la grande majorité. 

« Ils sont aussi responsables de la gestion contractuelle, de la gestion des ressources humaines. Souvent, ils vont être responsables des communications. Ils sont présidents d’élection quand il y en a, mais aussi coordonnateur des mesures d’urgence et responsable des demandes d’accès à l’information et des renseignements personnels également », énumère Marc-André Palin.

De plus, les directeurs deviennent des chargés de projet quand l’instance municipale travaille sur des projets de réfection de réseaux d’égout ou d’aqueduc ou encore pour aménager un nouveau parc.

« Les gens ne savent pas toutes ces fonctions-là qui nécessitent une expertise immense parce que tout est encadré dans le moindre détail par des lois, des règlements, des procédures », explique le directeur de l’ADMQ précisant que pour un DG de petite municipalité, on peut parler de 10 fonctions au total. 

3. Champs d’intervention 

Avec tous ces rôles viennent différents champs d’intervention dans lesquels le directeur municipal doit manœuvrer au quotidien. Voici quelques exemples : habitation, service incendie, parcs et espaces verts, transport en commun, matières résiduelles, déneigement, réseau routier, loisirs, développement économique, aménagement du territoire, eau potable, salubrité, etc. 

« Ce sont tous des champs d’expertise que le DG doit avoir des connaissances. Donc, ce n’est vraiment pas simple comme domaine », affirme M. Palin.

4. Un allié

Les DG doivent être considérés comme les alliés des citoyens et de la municipalité. C’est d’ailleurs ce que promeut la campagne d’information lancée par l’ADMQ en mai dernier. 

« Il est là pour mettre en application les décisions du conseil municipal et il doit aussi mettre en application les lois et règlements qui doivent être faits. Il est là pour guider les citoyens, pour être à l’écoute, pour faire les meilleurs projets et les faire cheminer avec son équipe », clame le directeur général.

5. Pas de formation précise

On ne peut pas apprendre à devenir directeur municipal sur les bancs d’école. Ce n’est pas un programme offert par les universités du Québec. Toutefois, l’ADMQ a développé une formation gratuite appelée ABC/DG, pour aider les nouveaux dirigeants à comprendre les tâches qui les attendent sur leur bureau. 

Preuve que celle-ci était nécessaire : « on a formé plus de 500 DG depuis 2019 », confirme Marc-André Palin. « Oui, il y a des domaines d’expertise connexes comme l’urbanisme ou le droit, la comptabilité, l’administration, les communications, etc. Il y a tellement à savoir qu’il fallait une formation un peu plus globale pour aider les gens à bien manœuvrer dès le départ », informe-t-il.

Afin d’encore mieux accompagner les directeurs, l’ADMQ a lancé un tableau de bord en gestion municipale à la mi-juin. Créé en collaboration avec un cabinet d’avocats, celui-ci ressemble à un calendrier contenant toutes les dates des obligations légales et réglementaires à faire durant l’année.

« C’est un outil auquel même les plus grandes villes au Québec s’intéressent parce que ça n’existait pas. Les gens manœuvraient un peu à l’aveugle dans les différentes obligations légales et réglementaires. On a un accueil extrêmement positif pour ce nouveau logiciel-là depuis son lancement », se réjouit M. Palin.

Malgré tous les mystères qui entourent le métier de directeur général greffier-trésorier, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une profession valorisante, aux yeux du directeur de l’ADMQ. « C’est un métier que les gens adorent, avec des fonctions extraordinaires, qui sont exigeantes, qui demande une expertise continuelle, mais qui est extrêmement gratifiante en termes de retombées », conclut-il.

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