Pas de pêche miraculeuse au maquereau à Baie-Comeau

Par Émélie Bernier 8:00 AM - 7 septembre 2024 Initiative de journalisme local
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La pêche au maquereau est une activité récréative populaire au quai de Baie-Comeau.

Alors que la pêche a été bonne dans d’autres secteurs, notamment à Sept-Îles, le maquereau s’est laissé désirer dans la Manicouagan cet été, confirme André Boulianne, président de l’Association des chasseurs et pêcheurs Manic-Outardes.

Les pêcheurs étaient tout de même au rendez-vous. « Le plaisir de cette pêche-là, c’est qu’elle est accessible à tout le monde et ne demande pas de permis de pêche. C’est un poisson qui est le fun à pêcher et qui est bon à manger en plus. Tout le monde dit la même chose : ç’a été difficile cette année », explique André Boulianne.

Caroline Lehoux, biologiste en sciences aquatique spécialisée en évaluation des stocks pour le maquereau chez Pêches et Océans Canada, n’a pas de réponse claire pour expliquer la situation, mais émet des hypothèses.

« Ça ne peut pas tout expliquer, mais le maquereau est une espèce migratrice, qui couvre un grand territoire. Il va dans les eaux des États-Unis, sur les côtes de Terre-Neuve… Comme le maquereau dans l’Atlantique canadien ne va pas très bien depuis 2011, il y a moins de bancs au total. Sa décision d’aller à un endroit ou un autre va dépendre de la température, de la nourriture et ça peut être déterminant pour sa présence dans un site ou un autre », indique-t-elle.

Le maquereau n’est pas pour autant absent des eaux. « Il pourrait être un peu plus loin des côtes, à une autre profondeur. Lorsqu’on a fait notre relevé d’œufs dans le sud du Golfe, la température était très élevée. C’est possible qu’il ait pris une voie de migration un peu différente », ajoute la spécialiste.

Le réchauffement climatique n’est pas, a priori, dangereux pour ce poisson qui « aime l’eau chaude ».

« Ce n’est pas contraignant pour lui, mais il peut manger certaines proies qui n’aiment pas les températures plus chaudes. On ne sait pas dans quelle direction ça va l’influencer », admet la biologiste. Heureusement, ce poisson au corps fuselé a une alimentation diversifiée qui le rend moins fragile aux fluctuations.

Le maquereau, dont on voit ici un petit et un gros spécimen, se déplace en banc.

« Il se nourrit de petit plancton, des copépodes, de petits crustacés, comme les baleines noires. Plus le maquereau est grand, plus son alimentation se diversifie. Il ne mangera toutefois pas de crevette, sauf exception, parce qu’il n’ira pas à 300 mètres de profondeur, mais on a trouvé des petits homards dans son estomac », indique Mme Lehoux.

Dans les années 2000, cette espèce était très importante commercialement, rappelle la biologiste, mais la pêche à grande échelle n’est plus permise depuis 2022 en raison de la baisse estimée des stocks.

Environ 680 tonnes sont récoltées par les pêcheurs récréatifs chaque année dans tout l’Atlantique canadien. « La pêche à l’appât a également été ouverte puis fermée cette année, mais le total des prises est minime par rapport au quota des années 2000 de l’ordre de 10 000 tonnes et plus », conclut Caroline Lehoux. Elle ajoute que le maquereau demeure « en dessous de la limite qu’on fixe pour allumer le petit drapeau rouge et mettre en place le plan de rétablissement. »

Quant à savoir si la pêche sera meilleure dans un avenir rapproché, le mystère reste entier !