Prolongement de la 138 ǀ Un kilomètre plus problématique pour le saumon
Courtoisie Pourvoirie Mécatina
Dans le dossier du prolongement de la 138 sur la Basse-Côte-Nord, le principal problème se situe sur un court tronçon de part et d’autre de la rivière Gros-Mécatina, explique Charles Cusson, de la Fédération du saumon Atlantique (FSA).
“ Quand on considère la route qui est choisie en ce moment, beaucoup de problèmes se manifestent, non seulement pour les saumons, mais pour des milieux humides, toutes sortes de faune et flore dans ce secteur-là. Par contre, si on déplace le tracé moins d’un kilomètre et demi plus au sud, on va endommager l’environnement au minimum ”, estime le représentant de la FSA.
Cette rivière, dit-il, est un “ joyau ”. “ C’est un endroit vierge, un milieu très sauvage, où il y a un minimum d’activités humaines qui a lieu. Il y en a de moins en moins des lieux comme ça ! Ils acquièrent une valeur inestimable ! ”
Propriétaire de la Pourvoirie Mécatina, Nancy Bobbitt partage cette opinion et dit craindre pour l’avenir de son entreprise, certes, mais surtout pour le futur du saumon dans la rivière Gros-Mécatina.
“ On veut la route, mais nous ne sommes pas d’accord avec l’endroit où ils veulent croiser la rivière, qui est très étroit. Le saumon n’a pas le choix de passer par là. “
Un autre tracé est possible plus au sud, avec moins de perturbation.
“ Avec le réchauffement climatique, le saumon a la vie dure (a hard time). Il a une route qu’il emprunte pour entrer et sortir de la rivière. Si cette route est interrompue, où est-ce qu’il va aller ? Il y a un tracé alternatif plus au sud, qui serait beaucoup moins dommageable sur les montaisons, mais ils [le MTQ] ne veulent pas le faire, parce que ça coûterait plus cher ! “, s’indigne-t-elle.
Mme Bobbitt s’inquiète également de la période prévue pour les travaux.
“ Il semble qu’ils veulent faire ça en plein été, quand le saumon est dans la rivière. Ça va tout ruiner. “
Charles Cusson argue qu’à ce jour, aucun ministère n’a contacté la FSA.
“ Ce qui nous préoccupe est de s’assurer que la route soit complétée de façon à minimiser les effets néfastes sur le saumon et l’environnement et on pense qu’il y a moyen d’y arriver. Notre hypothèse de tracé alternatif est presque un kilomètre plus court que le leur et a moins d’impact. On veut donner l’opportunité au gouvernement de créer un consensus, où tout le monde va être gagnant. On espère que le téléphone sonne et on sera prêt. ”
Le MTQ avance
Du côté du MTQ, on argue que “ depuis le début du projet, plusieurs variantes ont été étudiées, et ce, de manière à optimiser le tracé selon des considérations techniques, environnementales et économiques. ”
“ La solution retenue à l’avant-projet a été optimisée tout au long du processus de conception. Ainsi, la différence, seule, de coûts entre les quatre variantes ne peut être considérée, puisque certaines variantes ont été optimisées, alors que d’autres non. Par ailleurs, le choix de la variante a été fait à l’aide d’une analyse multicritères ”, indique Sarah Gaudreault, conseillère en communication à la direction générale de la Côte-Nord pour le ministère.
Le tronçon concerné est divisé en deux lots, soit les lots 1 (20,6 km) et 2 (9,1 km). Le lot 2 est subdivisé en deux lots, 2A et 2B, et le pont au-dessus de la rivière Gros-Mécatina (Lac Gros-Mécatina) est inclus dans le lot 2A, en cours de construction.
“ Des travaux de déboisement, pour le lot 2A, près de La Tabatière, ont eu lieu à l’hiver 2024. Les travaux de décapage, forage et dynamitage de ce lot ont débuté en avril 2024. La longueur de ce tronçon représente un peu plus de 5 km. Cette année, les interventions consisteront principalement à du dynamitage, des travaux de déblais et de remblais ainsi qu’à l’installation de ponceaux. La construction du pont pourrait commencer en 2025 ”, ajoute Mme Gaudreault.
Les travaux du lot 2B pourraient débuter l’an prochain, tandis qu’en ce qui concerne le lot 1, la préparation des plans et devis est en cours et l’échéancier est en cours d’analyse.
“ Un surveillant spécialisé en environnement supervisera les travaux, afin de s’assurer que les clauses de protection de l’environnement incluses aux documents contractuels et dans les autorisations environnementales soient rigoureusement respectées ”, conclut la conseillère en communication.
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