Aide médicale à mourir | Les demandes doublent sur la Côte-Nord

Par Marie-Eve Poulin 11:45 AM - 3 juillet 2024
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L’aide médicale à mourir est de plus en plus connue. Photo iStock

L’aide médicale à mourir est de plus en plus connue des gens et du personnel soignant, ce qui pourrait en expliquer la hausse dans la région. Les balises ont aussi été précisées, ce qui permet à plus de gens d’y avoir recours.

Lors de la séance publique du conseil d’administration du CISSS de la Côte-Nord le 12 juin, le Dr Jean-François Labelle a fait état du rapport de l’aide médicale à mourir.  

Du 1er avril 2021 au 31 mars 2022, vingt demandes d’aide médicale à mourir ont été administrées. L’année suivante, on en comptait 45 et 40 du 1er avril 2023 au 31 mars 2024. Il s’agit donc du double de demandes qui ont été administrées. Au Québec, on parle d’une augmentation de seulement 17 %. 

Le porte-parole du CISSS de la Côte-Nord, Jean-Christophe Beaulieu, mentionne que plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse. Il affirme que l’aide médicale à mourir est de plus en plus connue, tant par les usagers que par les équipes soignantes.

« Les témoignages peuvent avoir influencé la perception de certaines personnes à l’égard de l’aide médicale à mourir », dit-il. 

Les balises ont aussi été précisées. « Avant, il fallait que le décès soit prévisible, par exemple dans quelques mois, comme dans le cas d’un cancer. Maintenant on n’est pas obligé d’avoir un pronostic », résume Marie-Pier Picard, coordonnatrice des soins à l’Élyme des sables. « Par exemple, une maladie neurodégénérative, on ne peut pas dire qu’il [le patient] sera décédé d’ici trois mois. Il peut avoir une espérance de vie de deux, ou trois, même quatre ans. Mais si leur niveau et qualité de vie sont atteints, ils peuvent faire une demande. »

Elle précise que d’autres critères sont pris en considération, lors des demandes. D’autres assouplissements sont à l’étude, notamment en ce qui concerne les gens vivant avec des problèmes de santé mentale. 

Un des facteurs de hausse soulevés par le porte-parole du CISSS concerne les milieux plus isolés, qui sont en mesure d’accompagner des personnes dans ce choix. C’est possible pour eux, depuis le début, d’offrir l’aide médicale à mourir. « Mais comme les volumes sont très petits dans les secteurs plus éloignés, la fréquence demeure faible », dit-il. « Ça prend alors un peu plus de temps aux équipes pour devenir confortables avec l’intervention, en s’appropriant tous les protocoles ». 

Refus ou abandon

Les aides médicales à mourir non administrées ne sont pas déclarées au Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP). Les instances du CISSS de la Côte-Nord n’ont donc pas les données à ce sujet. 

« Plusieurs professionnels ont maintenant acquis les connaissances et l’expérience clinico-administrative requises pour recevoir, évaluer une demande et prendre position, sans devoir interpeller le groupe interdisciplinaire de soutien », explique le Dr Jean-François Labelle, directeur des services professionnels et de l’enseignement universitaire au CISSS Côte-Nord. « Donc, dans ce contexte-là, celui-ci n’est plus informé lorsqu’une demande a été refusée, n’a pas été administrée, ou n’aboutit pas à l’aide médicale à mourir ».

Le Dr Labelle mentionne que l’enjeu occasionné par ce manque de données est d’assurer quand même un accès équitable à des soins palliatifs à l’ensemble des Nord-Côtiers. « À la lecture du rapport, on peut témoigner qu’il y a eu des aides médicales à mourir dispensées dans tous les territoires de la Côte-Nord cette année », dit-il.

 

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