Enviro-Actions: l’intelligence artificielle au service de l’environnement

Par Emelie Bernier 9:42 AM - 4 juin 2024 Initiative de journalisme local
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Jean Lemire, émissaire aux changements climatiques et aux enjeux nordiques et arctiques pour le gouvernement du Québec, était président d’honneur du Symposium. Photo courtoisie

D’ici 2030, le Québec pourrait exiger une importante réduction des contaminants dans le fleuve et ses affluents. Le Symposium Enviro-Actions, qui s’est tenu récemment à Sept-Îles, a réuni plus de 170 intervenants concernés qui ont échangé sur des actions environnementales préventives concrètes n’excluant pas le développement.

Julie Carrière est directrice générale de l’Institut nordique de recherche en environnement et en santé au travail (Inrest) et du Centre d’expertise industrialo-portuaire (CEIP).   Elle est également professeure associée à l’Université Laval et à l’Université du Québec à Chicoutimi.

Julie Carrière. Photo courtoisie

Le projet Enviro-Actions est son bébé. « J’ai créé le modèle de gestion préventive en zone portuaire, le modèle Enviro-Actions. On a un premier projet pilote de 8, 5 M$ en démonstration à Sept-Îles et en validation au Saguenay dont le but ultime est d’instrumentaliser toutes les zones portuaires québécoises. Déjà, le modèle est reconnu sur la scène internationale et on discute de son implantation hors Québec», indique celle qui voit grand pour son projet.

L’IA à la rescousse

Enviro-Actions vise à réagir en amont pour éviter de dépasser les normes en vigueur et ainsi protéger l’environnement et les populations côtières.

« C’est un drapeau rouge destiné aux gestionnaires des infrastructures industrialo-portuaires qui dit « attention, on est en train d’augmenter telle ou telle concentration.  Ça peut être normal, même naturel, mais pourriez-vous vérifier dans vos opérations s’il y a quelque chose d’anormal? »  Les balises sont fixées par l’équipe du CEIP en collaboration avec les partenaires industriels. « À partir de là, on est en mesure de déterminer les alertes», résume Mme Carrière.

Une visite du port de Sept-Iles était au programme du Symposium. Photo courtoisie

C’est une plateforme d’intelligence artificielle qui transmet les données en temps quasi réel. « On va pouvoir analyser les alertes automatiques et travailler avec nos partenaires pour identifier les sources des variations et les prendre en main avant que les impacts soient irréversibles. »

Le Symposium Enviro-Actions a été non seulement une tribune pour présenter le modèle Enviro-Actions, mais également une occasion d’échanges fructueux. Des experts représentant des organisations internationales de renom comme l’Ifremer et le Cedre s’étaient déplacés de la France à Sept-Îles.

« On avait également des gens du port de Prince Rupert de Colombie-Britannique, une panoplie d’experts… Le but était de partager des actions concrètes qu’on peut implanter en prévention. Oui, on a des objectifs d’ici 2030, mais comment les atteindre? Dans les prochaines semaines, on va analyser tout ce qui a été échangé et faire un recueil « d’Enviro-Actions » en zone portuaire à appliquer. » 

Le bruit sous-marin, ainsi que la qualité de l’eau et de l’air sont les grands axes qui dirigent le projet.

« Par exemple,  si on parle de poussière générée lors d’un chargement de convoyeur, peut-être qu’à telle vitesse de vent, on doit réduire le rythme ou mettre des abris sur les convoyeurs?  Ça s’est fait dans les dernières années », illustre Mme Carrière. La mise en place d’incitatifs afin que les navires ralentissent dans certaines zones sensibles pour les mammifères marins est également à l’ordre du jour. « Quand tu ajoutes chacune de ces petites actions, tu arrives à des résultats importants », conclut-elle. 

Une chanson pour Julie Carrière

Julie Carrière œuvre dans le domaine de la recherche et de l’action environnementale depuis une trentaine d’années. Elle est persuadée depuis longtemps que la culture est un médium pour passer d’importants messages.

« Quand tu veux rejoindre la population, des enfants aux aînés, il faut passer par un moyen accessible à tout le monde : les arts, que ce soit la peinture, l’art, le cirque, la musique… »

Mme Carrière est d’ailleurs passé de la théorie à la pratique en composant la chanson Gardien du Saint-Laurent, qu’elle interprète elle-même.

« Je me suis demandé « qu’est-ce que je pourrais faire pour rejoindre les gens? » J’ai écrit les paroles de la chanson et la musique est de Sébastien Langlois, un auteur-compositeur-interprète extraordinaire qui a embarqué dans mon projet un peu fou! Je ne pensais jamais faire ça dans ma vie, je suis sortie de ma zone de confort », rigole Mme Carrière. La chanson a été lancée le soir du gala du Symposium Enviro-Actions et peut être entendue sur toutes les plateformes.

Jean Lemire, émissaire aux changements climatiques et aux enjeux nordiques et arctiques pour le gouvernement du Québec, était président d’honneur du Symposium. « Ses images sont un exemple du pouvoir de l’art. C’est un grand scientifique, mais aussi un grand cinéaste qui est capable de nous amener des images d’une beauté incroyable. C’est fait avec intelligence, sur un ton qui n’est pas moralisateur », commente Mme Carrière.

La conférence de M. Lemire sur les conséquences, inévitables, des changements climatiques sur les écosystèmes marins, a captivé les quelque 200 personnes qui assistaient au Gala visant à souligner les 10 ans de l’INREST.