Il y a des transferts dans les hôpitaux, assurent les médecins de la Côte-Nord
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Des médecins affirment qu’ils sont obligés de faire des transferts de patients dans d’autres régions, contrairement à ce qui est véhiculé par des politiciens et le CISSS de la Côte-Nord.
“C’est jouer sur les mots”, s’insurge Dr Youssef Ezahr, président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de la Côte-Nord.
Car oui, les patients déjà hospitalisés n’ont pas été transférés, mais ceux qui arrivent à l’urgence sont à risque de l’être. Celles de Sept-Îles et Baie-Comeau comptent chacune 10 lits.
“On peut se rendre à 10. Une fois qu’on y arrive, il faut commencer à cibler les patients qui peuvent partir ailleurs”, a expliqué Dr Ezahr.
Il rapporte au moins une dizaine de transferts depuis lundi.
“Nous autres [les médecins], ce n’est pas notre employeur le ministre de la Santé. C’est triste à dire, mais nous sommes la seule voix discordante dans le rapport qu’il donne à la population”, a-t-il fait valoir.
Parmi les cas de transferts, il y avait un bébé de sept semaines, à Baie-Comeau. Il avait une infection virale qui aurait pu être traitée sur place. Il y avait une pédiatre de disponible. Or, la pédiatrie est en bris de service, faute de personnel.
“Je n’ai pas eu le choix de le transférer, la pédiatrie était fermée. On ne pouvait pas juste le mettre dans un coin”, s’est-il désolé.
La mère de l’enfant suppliait de ne pas l’envoyer ailleurs, puisqu’elle espérait rester près de ses proches.
“C’est lourd”, a laissé tomber le Dr Ezahr au bout du fil.
Personne ne vient
La fameuse équipe de gestion de crise envoyée à Sept-Îles par le ministère de la Santé, la semaine dernière, n’est finalement jamais allée à la rencontre du Dr Youssef Ezahr. C’était pourtant dans les plans et après plusieurs reports, finalement il n’y a juste jamais eu de visite et depuis, silence radio.
Les médecins de la Côte-Nord interpellent le ministre de la Santé, Christian Dubé, et les députés locaux, Yves Montigny et Kateri Champagne Jourdain. Ils espèrent pouvoir échanger avec eux pour trouver des solutions à la crise qui commence à peser quotidiennement sur leur travail.
“Les médecins disent : si ça continue comme ça, que dans nos soins actifs, on est toujours obligé de penser à transférer des patients ailleurs, alors qu’on aurait pu les garder, développer notre expertise et leur permettre de rester dans leur région, il y en a [des médecins] qui ont envie de partir et de quitter la région”, a prévenu Dr Ezahr.
La situation évolue rapidement
Le CISSS Côte-Nord a indiqué mercredi qu’il y a bien eu des transferts dans les derniers jours. L’organisation assure avoir maintenu que malgré l’annulation du transfert de 40 patients hospitalisés la semaine dernière, “la situation évoluait rapidement”.
“Une dizaine de patients ont été transférés à l’extérieur de la Côte-Nord ces derniers jours en lien avec le manque de main-d’œuvre. Des transferts sont aussi survenus entre diverses installations du CISSS de la Côte-Nord, par exemple entre Baie-Comeau et Sept-Îles”, a indiqué le CISSS Côte-Nord par courriel. “La décision de transférer un usager est déterminée en fonction de plusieurs critères selon l’évaluation médicale et sa condition clinique.”
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