L’activité humaine cause des ennuis aux rorquals

Par Vincent Rioux-Berrouard 5:00 AM - 16 mai 2024
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On observe des lésions dues à un empêtrement dans des engins de pêche chez un rorqual à bosse.

Une étude réalisée dans la région de Sept-Îles fait le constat que les rorquals à bosse et rorquals communs ayant subi des blessures dues à l’activité humaine ont un état de chair plus faible.

« Ils ont deux fois plus de chance d’être amaigris, s’ils ont eu des empêtrements ou des blessures dues à l’activité humaine », affirme Anik Boileau, chercheuse en Sciences vétérinaire et bien-être animal et directrice du Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI).

« Je ne m’attendais pas à ce résultat. J’avais plutôt l’impression que l’état de chair serait plutôt corrélé avec des maladies de peau », dit-elle.

Pour expliquer ce constat, il est possible qu’un stress post-traumatique à la suite de l’événement soit en cause. Par contre, il faudra poursuivre les recherches pour bien comprendre ce phénomène.

L’étude a été menée sur 50 rorquals à bosse et 50 rorquals communs dans la région de Sept-Îles, ce qui correspond au golfe du Saint-Laurent.

Elle s’inscrit dans un contexte plus large où le CERSI développe des outils pour évaluer le bien-être animal.

« Pour évaluer l’ensemble du bien-être, on doit valider différents indicateurs. Ici, il s’agissait de valider le premier indicateur qui est lui de la condition physique », explique Anik Boileau. « On voulait mener un inventaire des types de blessures qu’on retrouve », ajoute-t-elle.

Pour mener cette étude, 6 403 photos prises entre 2016 et 2020 ont été analysées. Pour les obtenir, il faut faire preuve de prudence, dit-elle, afin de ne pas déranger les animaux.

« On a des techniques pour venir se placer à bonne distance. Évidemment, on a un appareil photo très puissant. On ne veut pas les déranger. Si on approche et qu’on voit une réaction de stress, on arrête tout le protocole», dit-elle.

D’autres recherches

Mme Boileau reste toutefois prudente quant au résultat de la recherche. Il y a encore beaucoup de travail à faire, à la suite de l’obtention de cette conclusion préliminaire.

« Cela nous donne des pistes pour approfondir nos recherches », dit-elle.

Le CERSI compte aller collecter le souffle des rorquals, en utilisant une perche, ce qui permet d’aller chercher toutes les bactéries dans le système respiratoire.

« On peut aussi voir des indicateurs au niveau du stress chronique, comme les hormones. On va regarder les hormones de stress », indique Mme Boileau. 

Si les rorquals qui ont beaucoup d’hormone de stress présentent aussi un faible état de chair, il s’agira ainsi d’une corrélation venant appuyer le constat initial.

Congrès

Anik Boileau a présenté les résultats de l’étude lors du 91e congrès de l’Acfas, une association qui regroupe des chercheurs et des scientifiques francophones du monde entier, qui se déroule à Ottawa cette semaine. L’événement permet la diffusion de recherche scientifique en français. Mme Boileau rappelle que la recherche se déroule normalement en anglais, donc il s’agit d’une belle occasion de diffuser les résultats de cette recherche dans la langue de Molière.

« Si on fait de la science, c’est pas juste pour garder le tout pour nous. C’est important de communiquer nos résultats, parce qu’il faut que ça serve à quelque chose », affirme-t-elle.

Elle indique que ce type de recherche peut avoir une influence sur la protection qui est accordée à un animal pour assurer sa conservation.