Régions ǀ Se laisser mourir par manque d’accès aux soins
Affiche du documentaire Patients de seconde zone? Photo courtoisie
La réalisatrice Karina Marceau a assisté aux funérailles d’une femme de 69 ans de Causapscal, dans la Matapédia. La dame a préféré se laisser mourir à la maison, plutôt que de faire 3 heures de route, trois fois par semaine pour de la dialyse.
« Le député de la Matapédia, Pascal Bérubé, me disait que ce n’est pas un cas unique, ce n’est pas anecdotique. Ça, ça nécessite une réflexion et un débat public, à mon point de vue », a-t-elle dit, lors d’un entretien avec Le Nord-Côtier.
Dans son documentaire Patients de seconde zone ? Karina Marceau se penche sur les soins santé offerts aux résidents des régions du Québec, dont sur la Côte-Nord. Plusieurs se retrouvent dans des situations « insoutenables », lorsqu’ils tombent malades.
La réalisatrice/journaliste/productrice d’expérience qui se décrit comme une « régionaliste » travaille avec une boîte de production basée à Matane, depuis une vingtaine d’années. Elle habite la ville de Québec. Elle a une résidence dans Charlevoix. Elle a vu des proches être confrontés à la maladie et aux kilomètres les séparant de soins de santé adéquats.
« Je trouve que c’est un angle mort de nos discussions sur les soins de santé au Québec. »
On entend souvent parler du temps d’attente effroyable dans les urgences de Montréal et de Québec. « Mais ces réalités de patients qui se tapent des heures et des heures de déplacement, alors qu’ils sont malades et qu’ils s’appauvrissent », pas assez, croit-elle.
Parce que oui, avec des indemnités d’environ 0,21 $ du kilomètre parcouru et de 125 $ par jour pour l’hébergement et les soins de subsistance, « tout le monde s’appauvrit », note-t-elle. Il n’est pas question pour Karina Marceau d’espérer que tous les soins spécialisés se donnent dans toutes les régions du Québec, « ce serait vivre dans un monde de licornes », assume-t-elle. Par contre, pouvons-nous penser « en dehors de la boîte » pour venir amoindrir les effets néfastes chez le patient ? Elle est convaincue que oui. Des solutions, elle en a constaté lors de la création de son documentaire.
Un gynécologue originaire de la Gaspésie trouvait insensé que ses patientes avec des grossesses à risque doivent faire 8 heures de route pour un rendez-vous de 15 minutes avec lui et repartir ensuite.
Il a mis en place un projet pilote en Chaudière-Appalaches. C’est une clinique avec des infirmières et du personnel médical qui peuvent faire les examens et les prélèvements. Lui est disponible par vidéoconférence.
« S’il y a des prélèvements qui doivent être faits et analysés, ce ne sont pas les patientes qui voyagent, ce sont les prélèvements », souligne Mme Marceau.
Manque d’intérêt
Pour Karina Marceau, il y a un manque d’intérêt évident pour les soins de santé en région, autant au niveau médiatique que politique. Pendant deux mois, elle a sollicité le ministre de la Santé, Christian Dubé. Dans le cadre de son documentaire, elle souhaitait qu’il lui donne sa vision des soins de santé en région. Il n’est pas dans le documentaire. « Il n’a jamais accordé d’entrevue, il avait toujours une bonne raison. »
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