Pensionnat de Maliotenam : détruire, ou non, ce qui reste
La menuiserie du Pensionnat de Maliotenam est toujours debout. On peut voir, à côté, une plaque de béton, endroit où était située la cordonnerie pointée du doigt par plusieurs comme étant un lieu où se sont produits de nombreux abus. Cette dernière a été brûlée en 2012. Photo Sylvie Ambroise
L’enquête avait aussi comme objectifs de déterminer ce qu’il y aurait lieu de faire avec les bâtiments restants du complexe résidentiel du Pensionnat et aussi, d’obtenir les recommandations de la part des anciens élèves sur la façon de commémorer cette époque.
Une majorité de répondant(e)s ont suggéré la destruction des bâtiments restants, soit 66 % pour l’École du Jour (Centre Santé actuel) et 73 % pour la menuiserie. Localement, à Uashat mak Mani-utenam, le taux des répondants optant pour la destruction de l’École du Jour est encore plus élevé, à 82 %. Pour la menuiserie, sa destruction est aussi souhaitée soit par 73 % des répondants, explique le rapport.
Les chercheurs ont demandé aux ex-pensionnaires la façon dont ils souhaitent commémorer le site du Pensionnat de Maliotenam.
« Si les 2/3 parlent d’un monument avec inscription rappelant le lieu et les élèves, d’autres veulent que la commémoration prenne la forme de rencontres culturelles annuelles avec échanges et cérémonies », est-il indiqué.
De l’aide pour une famille
Le document qui contient six recommandations. La première est que « un soutien psychosocial spécifique soit mis en place pour accompagner les membres de la famille de la fille de Ekuanitshit et qu’une aide leur soit octroyée pour réaliser une commémoration dans le cimetière local ».
C’est que la jeune fille de 12 ans est morte sans le support des siens « ce qui est très difficile à accepter pour les membres de sa famille, même plusieurs décennies plus tard », a permis de mettre en lumière l’enquête.
« Il est à retenir pour bien saisir l’histoire qu’il n’y avait aucune route à ce moment-là en 1956 entre Mani-Utenam et Mingan. La circulation se faisait par bateau une fois les glaces fondues et en hiver par traineau à chien. Les avions circulaient, mais sans horaire régulier », explique-t-on.
Bien que son père avait dû être prévenu, « on ne sait trop par quel moyen », il n’a pas pu arriver avant le décès de sa fille. Il est arrivé quinze minutes trop tard, selon le codex du Pensionnat.
D’autres recommandations
Par ailleurs, les décisions concernant la formule de commémoration devraient être prises assez rapidement, recommandent les chercheurs. Ils ajoutent « que la destruction ou non des bâtiments » devrait faire l’objet de discussions politique « en tenant compte des demandes exprimées dans ce sondage ».
Si malgré le fait que l’enquête ne vient pas appuyer leur pertinence, des fouilles au Géoradar devaient être entreprises, on suggère qu’« une formule d’aide psychosociale communautaire soit élaborée ».
Enfin, le rapport recommande « que des activités culturelles de commémoration soient tenues au 30 septembre de chaque année, afin de souligner la résilience des enfants et adolescents que furent les anciens élèves pensionnaires ».
Il y a eu 130 pensionnats partout au Canada. Celui de Maliotenam, le Pensionnat Notre-Dame ouvert de 1951 et fermé en 1971, a été tenu par les Oblats de Marie-Immaculée, qui accueillaient les communautés de l’est du Québec.
Encore aujourd’hui, les ex-pensionnaires sont très touchés par les mauvais traitements qu’ils ont subis, tels que la famine et les agressions sexuelles. La communauté a brulé, en 2012, la cordonnerie qui était encore debout sur le site. Plusieurs témoignages ont pointé vers cette cabane comme l’endroit où les sévices sexuels avaient eu lieu.
C’est sur cet ancien site du Pensionnat Notre-Dame que le festival Innu Nikamu a été créé en signe de résilience, pour donner une meilleure image à cet endroit. Le Festival Innu Nikamu fêtera sa 40e année en août 2024.
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