Les soins vétérinaires à découvert à Sept-Îles

Du 22 août au 1er septembre, l’urgence sera disponible entre 8h et 22h seulement, à la Clinique Vétérinaire septilienne. Photo Pixabay
Pour la première fois en 20 ans, la Clinique Vétérinaire septilienne ne pourra pas offrir un service de consultation d’urgence de nuit. À partir de mardi, si votre animal a besoin de soins urgents en dehors des heures d’ouverture, on vous référera à un service d’urgence de Québec.
« Il y a un vet de disponible 24 h sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année depuis toujours », lance Isabelle Plamondon, vétérinaire et propriétaire de la Clinique Vétérinaire septilienne. « On a tout fait pour ne pas avoir à se rendre là, mais là, c’est juste impossible », se désole-t-elle.
La Clinique dessert tout le territoire le long de la 138, à l’est de Sept-Îles, et même, jusqu’à Blanc-Sablon en télémédecine. Elle aurait besoin de six vétérinaires pour assurer son bon fonctionnement. Sous peu, elle en comptera seulement deux.
Mme Plamondon est propriétaire depuis 2012. En 2015, lorsqu’elle a voulu commencer à agrandir l’équipe, ça a tout de suite été compliqué.
« Sauf qu’à ce jour, la crise a amplifié », dit-elle.
Des cas, ça, il y en a.
« On n’arrive pas à tous les faire, même si on en fait énormément pour ce que nous en avons d’effectifs humains », souligne la vétérinaire.
Offrir un service de garde de nuit à deux vétérinaires signifierait travailler une nuit sur deux (en faisant quand même la journée suivante), en plus d’une fin de semaine sur deux.
« Le vétérinaire va se coucher à 5 h le matin et revient à 8 h pour faire sa journée », explique Mme Plamondon.
Du 22 août au 1er septembre, il y aura un seul vétérinaire en poste. Ce sera la période de vacances du second, ce qui explique l’absence de l’urgence de nuit durant cette période. La boîte vocale de la Clinique Vétérinaire septilienne donnera le numéro du Centre Vétérinaire Daubigny, à Québec, où il sera possible de parler à quelqu’un.
« À deux vétérinaires, ça va arriver régulièrement qu’il y ait des arrêts de service. On ne peut juste plus », dit-elle. « Ce n’est pas un métier dans lequel on peut se dire qu’on est fatigué, mais qu’on va le faire pareil. On peut mettre en danger les animaux qu’on voit », poursuit-elle.
La propriétaire de la clinique comprend l’inquiétude que la situation peut apporter aux propriétaires d’animaux.
« En urgence, c’est beaucoup de détresse humaine qu’on gère. Le problème de santé n’est pas si pire que ça, mais l’humain est super inquiet et il veut juste se faire rassurer », dit-elle.
Délais
Autrement que la problématique pour les urgences, à effectif réduit de vétérinaires, l’attente pour des soins réguliers s’allonge aussi.
« C’est l’enfer l’attente pour les vaccins et les chirurgies. Nous sommes rendus à céduler en novembre », dit Mme Plamondon, qui présente aussi des inquiétudes sur l’impact que cela aura à plus long terme sur la santé générale des animaux du territoire.
« Si on ne vaccine pas les chiots, nous aurons des crises de Parvo », dit-elle.
Le Parvovirus est un virus qui affecte très sévèrement, voire mortellement, les chiots qui ne sont pas vaccinés adéquatement. Il se transmet principalement par les excréments infectés. Il y a déjà eu des épidémies sur le territoire.
La propriétaire de la Clinique note aussi qu’il faut plusieurs jours pour être capable de voir un animal dont l’état général présente des inquiétudes, ou encore que l’attente est plus longue pour opérer un animal souffrant.
« Ça nous serre le cœur de ne pas pouvoir les voir rapidement. Mais on ne peut plus. »
Recrutement
Les offres d’emplois sont créatives. On vante les magnifiques plages de la région. Isabelle Plamondon offre des bonus à la signature, des bourses d’études. Elle va dans des speed-dating d’embauche pour vétérinaire.
La clinique a été entièrement rénovée. Elle comprend même des appartements tout inclus pour accommoder les stagiaires de passage (en espérant que ça leur donne envie de revenir !).
Les équipements ont été optimisés avec les travaux, ce qui permet de faire plus en moins de temps.
La clinique a beau faire preuve de créativité et de flexibilité : la compétition est forte.
« Il n’y a pas grand cliniques au Québec qui ne cherche pas. Un finissant décide où il veut aller et c’est presque certain qu’il aura un poste », dit-elle. « On se les arrache. »
À travers les années, la Clinique Vétérinaire septilienne a tout de même réussi à recruter de nouveaux joueurs.
« On a recruté beaucoup de vétérinaires, mais ils viennent faire un boost de cash et ensuite, ils repartent. »