Le lac des Rapides sous haute surveillance

Par Émélie Bernier 12:00 PM - 8 août 2023 Initiative de journalisme local
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Le Lac des Rapides. Courtoisie Ville de Sept-ILes

Parmi tous les lacs de la Côte-Nord, celui du lac des Rapides, source d’eau potable de la Ville de Sept-Iles, est de ceux qui font l’objet d’un suivi des plus pointus. Les taux de phosphore des affluents et du lac sont analysés régulièrement et un petit insecte nuisible pourrait expliquer pourquoi un affluent libre d’activité anthropique affiche un taux de phosphore aussi élevé qu’un second où se trouvent de nombreux baux de villégiature.

L’Organisme de bassin versant (OBV) de Duplessis est mandaté par Sept-Iles pour étudier le Lac-des-Rapides, un immense plan d’eau qui est, notamment, la source d’eau potable de la ville.

L’étude des données de phosphore total, de carbone organique dissous et de chlorophylle récoltées de 2013 à 2022 permet de conclure que le lac et ses affluents conservent un niveau trophique bas, mais les tendances à la hausse commandent la vigilance pour les années à venir, selon Aurélie Le Hénaff, directrice de l’OBV.

« On a observé dernièrement que les concentrations de phosphore ont augmenté significativement dans le bassin versant. Certes,  il y a des activités anthropiques à certains endroits dans le bassin versant, mais les taux de phosphore sont élevés autant à des stations d’échantillonnage où il y a de nombreux chalets de villégiature qu’à des stations où il y a très peu voire pas d’activités. On pense que le responsable serait la tordeuse des bourgeons de l’épinette On est passé à travers toutes les hypothèses et c’est la seule qui reste », indique-t-elle.

Une épidémie de cet insecte sévit depuis 2006 et ses impacts sur l’érosion seraient vraisemblablement en cause.

« Les arbres affectés par la tordeuse des bourgeons d’épinette meurent et donc ils retiennent moins les sédiments dans le sol. Dans les sédiments, il y a du phosphore. On travaille avec Ressources naturelles Canada et on a un projet d’étude à ce sujet avec eux », indique Mme Le Hénaff.

L’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue serait aussi engagée dans cette recherche qui impliquerait notamment des carottages de sédiments dans plusieurs lacs dans des secteurs où des épisodes de tordeuses sont survenus.

« La très forte densité de chenilles peut, à travers leurs excrétions et mues, augmenter significativement les taux de phosphore total par rapport à une parcelle forestière saine, et il a été prouvé que la mort massive d’arbres et la densité des chenilles peuvent perturber les cycles du carbone organique dissous dans les milieux aquatiques », peut-on également lire dans le rapport de l’OBV Duplessis remis à la Ville de Sept-Iles en 2022.