Aucun vétérinaire équin sur la Côte-Nord
Pas de vétérinaires pour gros animaux basés sur la Côte-Nord. Photo Nathalie Bouchard
La Côte-Nord compte plus de 200 chevaux, mais aucun vétérinaire équin n’est basé dans la région. En cas d’urgence, les propriétaires doivent eux-mêmes effectuer les soins ou faire près de douze heures de route avec leur animal pour obtenir l’aide nécessaire. Les demandes de formation en soins et le souhait d’avoir un spécialiste basé sur la Côte-Nord s’avèrent infructueux.
Nathalie Gauthier, propriétaire de la ferme équestre Coeur-Corico possède une quinzaine de chevaux. Elle doit effectuer elle-même les soins de ses bêtes et ne peut compter que deux à trois fois par année sur la visite d’un vétérinaire équin. Depuis quelques années, Mme Gauthier tente de convaincre les cliniques vétérinaires locales d’ajouter un vétérinaire pour gros animaux à leur équipe, mais on lui a répondu « que c’est dispendieux un employé pour les gros animaux, le recrutement est difficile et ce n’est pas leur priorité ».
« Ils pourraient s’occuper des gros animaux et le reste du temps soigner des petits animaux. En bout de ligne ils ne sont pas perdants du tout », dit-elle.
Le Journal n’a pas été en mesure de rejoindre la clinique vétérinaire.
Mme Gauthier explique que les vétérinaires qui proviennent d’autres régions ne peuvent quitter longtemps pour venir aider sur la Côte-Nord. Soit parce qu’ils ont une famille ou que le travail continue de s’accumuler pendant leur absence.
Nathalie Gauthier a aussi fait plusieurs demandes de formation auprès de l’Union des producteurs agricoles (UPA), mais elle est toujours sans réponse.
Les soins
Puisqu’il n’y a pas de vétérinaire équin basé dans la région, les propriétaires de chevaux doivent se débrouiller pour soigner leurs animaux. En fait, tous les soins sont prodigués par eux, y compris le travail d’un maréchal puisqu’il n’y en a pas non plus.
De plus, les produits de soins sont indisponibles sur la Côte-Nord. Il faut donc garder en réserve des produits de premiers soins.
« Quand la vétérinaire vient faire sa tournée, on regarde aussi la pharmacie, ce qui nous manque… », explique Nathalie Gauthier.
« Il faut être apte à faire des piqûres intramusculaires, parce que quand tu en as besoin tu dois être capable de le faire. C’est elle qui nous montre comment faire », précise-t-elle.
Nathalie Bouchard, propriétaire d’un cheval, avait la chance d’avoir un vétérinaire basé à Baie-Sainte-Catherine. Cette spécialiste n’est maintenant plus disponible donc elle doit composer avec la réalité qu’apporte la pénurie de vétérinaires équins.
En cas de problème, il n’y a pas énormément de solutions. Il faut plutôt « faire appel à son système D ».
« On apprend vite à se débrouiller par nous même et on s’entraide le plus possible », dit Nathalie Bouchard.
Pour des situations moins urgentes, ils sont invités à se déplacer pour se rendre à l’endroit où un vétérinaire est disponible.
Urgence
En cas d’urgence ils font affaire avec l’hôpital vétérinaire de Saint-Hyacinthe.
Personne ne peut se déplacer rapidement pour venir dans la région.
« Parfois, avec un peu de chance, des médecins acceptent de donner un coup de main virtuellement, mais c’est assez rare », dit Mme Bouchard. En cas d’urgence, c’est pas mal ce qu’il nous reste : faire la route jusque là (Saint-Hyacinthe)… Et il faut y être référé par notre vétérinaire ».
En chiffres
Selon la base de données de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec (OMVQ), en date d’octobre 2022, on comptait 287 médecins vétérinaires qui pratiquaient dans le domaine équin au Québec. Toutefois la Côte-Nord et le Nord-du-Québec n’en comptent aucun.
Pourtant, lors de son plus récent recensement en 2021, l’organisme à but non lucratif Cheval Québec comptait 174 chevaux sur le territoire de la Côte-Nord.
74 % des répondants nord-côtiers affirment que leurs chevaux bénéficient des services d’un médecin vétérinaire, 11 % disent en avoir un pour certains de leurs chevaux, mais pas la totalité et 16 % mentionnent ne pas avoir de vétérinaire traitant.
De plus, 99 % sont inquiets concernant les possibilités de trouver des soins vétérinaires dans le futur.
Face à la pénurie de médecins vétérinaires équins, Cheval Québec met en place une campagne de financement afin d’offrir des stages d’été rémunérés pour les étudiants en médecine vétérinaire. « Cela permettra de faire découvrir la médecine équine et souhaitons-le, augmenter le nombre de médecins intéressés », peut-on lire sur la campagne de financement.
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