Mieux couvrir l’actualité autochtone
De gauche à droite : Camille Brasseur de l’UQAM, Laurence Tshernish finissante de 5e secondaire à Uashat mak Mani-utenam, Jolyanne Ishpatao de la communauté de Natashkuan et Léonie Poulin, de l’UQAM. Photo Sylvie Ambroise
Neuf étudiants ayant obtenu le baccalauréat en journalisme de l’École des Médias de l’UQAM sont jumelés avec 10 étudiants autochtones. Au menu, une formation pour apprendre les rudiments de base du journalisme et une immersion dans la communauté de Uashat mak Mani-utenam.
Pour la première année du programme — Journalisme en milieu autochtone, tous les étudiants assisteront à des formations sur l’autonomie gouvernementale, l’histoire et même de la spiritualité autochtone. On abordera aussi le fonctionnement des Innus dans les mœurs et leur culture.
« C’est un programme complet et varié » dit Marc-Antoine Franco-Rey, qui a obtenu un baccalauréat en journalisme de l’UQAM. « J’arrive avec beaucoup d’humilité et un vrai intérêt de découvrir cette autre culture, en fait » poursuit-il.
Les étudiants des Premières Nations viennent de plusieurs communautés dont Uashat mak Mani-utenam, Nuatshkuan, Unamen Shipu, Pakua Shipi et Pessamit.
Laurence Tshernish est une jeune diplômée de secondaire 5 de la communauté de Uashat mak Mani-utenam. Elle compte se diriger en journalisme pour ses études supérieures.
« J’espère savoir un peu plus vers où me diriger après cette formation-là, peut-être plus précisément », explique-t-elle.
Les étudiants sont accompagnés de Guy Bois, chef de pupitre d’Espaces Autochtones à Radio-Canada et de Patrick White, responsable du programme de journalisme et professeur à l’école des médias de l’UQAM.
L’idée est partie d’une cohorte formative et immersive, pour laquelle l’École des médias est allée en Colombie. À la suite de celle-ci, Guy Bois, qui était enseignant en écriture journalistique à l’époque, a proposé d’aller dans les communautés autochtones, pour sensibiliser les futurs journalistes aux enjeux autochtones.
« Car souvent, on couvre les enjeux autochtones comme un fait divers, mais derrière, il y a des enjeux importants », souligne-t-il
Ceux du territoire, de la santé, de la préservation de la langue en font partie.
Partout au pays, une troisième structure de gouvernement apparaît, c’est la gouvernance autochtone. Il est nécessaire pour les Québécois, les Canadiens et surtout les autochtones, d’en être bien informés.
Guy Bois
Pour la jeune diplômée, Laurence Tshernish, le fait que de recevoir des journalistes dans sa communauté est un pas de plus vers la réconciliation.
« Je pense que c’est nécessaire et c’est vraiment bien fait », dit-elle.
À la fin de la formation Espaces Autochtones va offrira un stage pour l’un des étudiants.
Patrick White, responsable du programme de journalisme et professeur à l’École des médias de l’UQAM, indique que ce programme coûte 80 000 $.
« Tout le monde a embarqué tout de suite », dit-il.
Les étudiants allochtones vont travailler en duo avec des étudiants autochtones, pour leur montrer comment faire des reportages, un peu comme des mentors, explique Patrick White.
« On se rend compte le manque de connaissances qu’on a par rapport au peuple innu ou aux peuples autochtones en général. Il y a beaucoup de travail à faire pour la Réconciliation » note-t-il.
Améliorer les façons de faire
Luc André, de l’Institut Tshakapesh, a agi comme coordonnateur à la logistique pour l’événement journalistique. Son organisation, qui travaille à préserver et promouvoir la culture innue, fait partie des partenaires du projet. M. André a quant à lui déjà été journaliste dans les communautés.
« Ce n’est pas en deux semaines qu’ils seront journalistes, mais en deux semaines, on pourrait peut-être penser à une autre façon de fonctionner dans les radios communautaires et même, à la Société de Communication Atikamekw Montagnais (SOCAM). Pour l’instant, c’est toujours la même chose depuis les années 1980. Il faut améliorer le secteur de l’information, » plaide-t-il.
M. André ajoute qu’il est important que les futurs journalistes connaissent les autochtones.
« Dans les médias, nous sommes souvent dépeints négativement », déplore-t-il. « Il y a un avenir pour le journalisme chez les Autochtones, car les Autochtones aiment entendre parler des autres communautés, on est très réceptifs à cela. »
Un des buts de la formation est de susciter des vocations et un intérêt en journalisme.
« Puisqu’il y a une pénurie de journalistes dans les salles de nouvelles au Québec et qu’il n’y a pas beaucoup de présence autochtone », souligne Patrick White.
Il espère, par ailleurs, qu’il y aura une deuxième édition du programme de journalisme en milieu autochtone, peut-être même dans d’autres communautés.
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