Le bar rayé, nouveau roi des eaux
Le bar rayé est une prise appréciée des pêcheurs sportifs. Courtoisie Bar Rayé Côte-Nord.
Les pêcheurs sportifs qui en ont le droit adorent s’y mesurer. Les pêcheurs commerciaux le surveillent du coin de l’œil. Ceux aux saumons sont préoccupés par son impact sur la précieuse ressource convoitée. Le bar rayé, que plusieurs s’amusent à taquiner sur les quais de la Côte-Nord, ne laisse personne indifférent !
Qualifié par les chercheurs de « prédateur opportuniste », le bar rayé est un poisson gourmand qui se nourrit d’une grande variété de poissons, de crustacés et d’invertébrés.
Le capelan, les lançons, les épinoches, les éperlans arc-en-ciel, les crevettes, voire même les homards s’inscrivent à son menu.
L’augmentation de l’abondance du bar se traduit par une augmentation de la pression de prédation sur une grande variété d’espèces, selon le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).
« Au cours des dernières années, les deux populations de bar rayé présentes au Québec ont connu une croissance démographique importante, en particulier celle du sud du golfe du Saint-Laurent, suscitant des inquiétudes quant à l’impact que la présence de ce poisson pourrait avoir sur le maintien des populations de certaines espèces exploitées », admet Daniel Labonté, relationniste de presse à la Direction des communications du ministère.
Aux Pêcheries Shipek, sur la Côte-Nord, le bar rayé ne s’est pas encore frayé un chemin jusqu’au peloton de tête des préoccupations.
« On n’a pas constaté d’impacts majeurs sur nos pêches. C’est difficile à évaluer pour le moment, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y en a pas ou qu’il n’y en aura pas dans le futur. C’est un sujet qui est assez récent et dur à cerner. En plus, il y a des contradictions entre ce que des gens vont constater et ce que les ministères vont dire. Présentement, on est en observation », indique le directeur des pêches, Serge Langelier.
Le réchauffement de l’habitat le préoccupe davantage, surtout pour son impact sur la pêche à la crevette et au flétan, deux espèces subarctiques qui ont besoin d’eau froide pour prospérer.
M. Langelier estime que la présence du bar est probablement liée, elle aussi, aux changements climatiques.
« L’impact du réchauffement sur la crevette et le turbot nous préoccupe, parce qu’on ne sait pas jusqu’où vont aller les effets du réchauffement. Est-ce que ça va également vouloir dire que le bar va être encore plus prévalent ? Ça peut devenir un problème. »
Un bouc émissaire?
Bar Rayé Côte-Nord est une initiative qui fait la promotion de la pêche au bar rayé de façon éthique. Pierre-Olivier Labillois en est le maître d’oeuvre.” J’ai vu le potentiel du bar rayé en 2017 quand on a commencé à en prendre beaucoup par accident. C’était une année exceptionnelle et ce n’était pas permis de les pêcher dans notre secteur. J’ai créé une page Facebook pour encourager les gens à signaler leurs captures pour que le ministère soit au courant de leur présence et réévalue les possibilités de pêche “, explique-t-il.
En 2018, la pêche a été officiellement ouverte dans la zone 21. “Les ministères ont évalué que les bars venaient de la Miramichi et ont donc permis la pêche”, indique M. Labillois.
Toujours active, la page Facebook sert a échanger sur toutes les facettes de la pêche : leurres, recettes, dates et endroits où le poisson se pointe… Un site web est également en construction. L’objectif demeure le même : ” encourager les gens à pêcher de façon responsable en respectant les règles pour maintenir le privilège de pêcher le bar.”
Celui-ci a mauvaise presse dans certains milieux, convient M. Labillois.
” Les gens déforment beaucoup les informations concernant le bar par manque de connaissance et par mépris du bar pour toutes sortes de raisons, notamment concernant les saumons “, indique le passionné de pêche. Il ne nie pas que les bars puissent se délecter des salmonidés, mais ils ne sont pas les seuls, rappelle-t-il. “Suffit de demander à Google quels sont les plus grands prédateurs du saumon. Ce sont les thons et les requins, en plus des canards, des phoques…Il faut réfléchir aux réelles causes de leur déclin soit la surpêche, la pollution, le réchauffement climatiques, la prédation… Le bar, à mon avis, est plutôt opportuniste et profite d’une niche écologique rendue disponible par la baisse du saumon. Il devient un bouc émissaire! “
Qui plus est, le bar est ” le premier à mordre “. ” Un pêcheur de saumon qui attrape des bars et pas de saumon va tout de suite penser qu’il n’y a que des bars et pas de saumon pour cette raison “, précise M. Labillois. Le bar offre des combats particulièrement enlevants et la popularité de la pêche, notamment au quai de Sept-Iles où se rassemblent plusieurs adeptes, en est la preuve tangible.
Une pêche sportive appréciée
Le bar rayé fait le bonheur des pêcheurs sportifs. Un quota de trois bars rayés par jour est en vigueur pour la pêche récréative dans la zone 21, à l’est de Forestville, sur la rive nord, et de Rimouski, sur la rive sud. Pour être conservées, les prises devront mesurer entre 50 et 65 cm.
Tout spécimen de calibre inférieur ou supérieur devra être remis à l’eau en mode « catch and release ». Il est également interdit de pêcher avec des appâts naturels (vers, sangsue…) et chaque ligne ne devra pas dépasser trois crochets.
Pour 2023, la pêche au bar rayé est permise depuis le 15 mai jusqu’au 31 octobre dans cette zone.
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