SFPPN : cinq projets de développement sur la table

Par Emy-Jane Déry 6:00 AM - 24 mai 2023
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La Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire est en discussion avec les promoteurs de cinq projets qui ont levé la main, à la suite de son appel d’intérêt lancé il y a un an en vue de planifier sa prochaine phase d’investissement. 

« Nous avons cinq compagnies qui se sont montrées intéressées à venir ici. Certaines sont des compagnies juniors de minerai de fer qui veulent partir un gisement au Québec, ou au Labrador », a dévoilé au Nord-Côtier Louis Gravel, président-directeur général de la SFPPN.

« Nous les rencontrons depuis ce temps et eux progressent de leur côté », a-t-il ajouté. 

Sur le terrain, la SFPPN en est à compléter ses deux projets d’investissements totalisant 315 M$. Elle a modernisé ses infrastructures (180 M$) et augmenté à plus de 20 millions de tonnes par année sa capacité de manutention (135 M$). 

Pour planifier la suite des choses, son développement stratégique, elle doit savoir à qui elle aura affaire. 

« On regarde les probabilités pour bâtir des modèles, afin de voir comment on pourrait donner le service de la meilleure manière possible et de quelles infrastructures nous aurions besoin pour le faire », a expliqué M. Gravel. 

Sur les cinq propositions, une est prête à être présentée au conseil d’administration de la société, qui choisit avec attention les projets avec lesquels elle souhaite collaborer. 

« Quelqu’un qui voudrait faire du pétrole ou de l’uranium, ça ne viendra jamais ici », précise M. Gravel. 

En revanche un projet « d’hydrogène ou de transformation de minerai de fer » serait une association plus naturelle. 

Impossible d’en savoir plus sur ce projet le « plus avancé » du lot, en raison d’une entente de confidentialité, mais le CA a une session de révision stratégique à l’horaire le 25 mai, où il en sera question. 

Parmi les cinq projets, on connaît Century Global. La minière voudrait produire 2,5 millions de tonnes par année au lac Joyce à Terre-Neuve-et-Labrador, où elle exploiterait une mine à ciel ouvert à environ 20 kilomètres au nord-est de Schefferville. Le tout serait transporté à Sept-Îles.

Or, le projet qui pourrait créer 300 emplois est dans l’arrière-cour des Naskapis et des Innus, qui pour le moment, n’en veulent pas. 

Il faut dire que l’acceptabilité des projets par les communautés autochtones figure parmi les critères d’intérêts de la SFPPN. Il y a aussi la capacité énergétique et la solidité financière. 

Minerai de fer Québec est également sur la table. Elle aurait de l’intérêt, déjà, pour une phase III de développement. C’est à l’heure actuelle le principal client de la SFPPN. La minière vient de compléter sa phase ll, en augmentant sa production qui pourrait atteindre 16 millions de tonnes annuellement. 

Elle attend les résultats d’une étude de faisabilité pour la relance de l’ancienne usine de bouletage de Wabush située sur le site de la SFPPN. 

Ancienne usine de Wabush sur le site de la SFPPN. Photo Alexandre Caputo

Un bon contexte

Avant de se lancer dans quoi que ce soit et d’investir à nouveau dans l’optimisation de ses infrastructures, la SFPPN aura des ententes commerciales avec les compagnies. 

« On ne commencera pas à construire, si eux autres n’ont pas démontré un intérêt ferme et un commitment financier », a souligné Louis Gravel. 

Présetement, ce ne sont que des suppositions. Rien n’est signé, faut-il le rappeler. 

Cependant le contexte est bon. Le prix du fer est au-delà des prédictions des analystes et oscille autour de 120 $ la tonne. 

« C’est sûr que ça va aboutir, nous sommes dépendants du marché du fer », a lancé le PDG. « Quand ça monte, tout le monde veut se partir une mine, quand ça baisse tout le monde se demande comment on pourrait fermer ça », a dit celui qui, au cours de sa carrière, a notamment passé 24 années chez QNS&L et Rio Tinto.  

Actuellement, les promoteurs font la file devant la Société ferroviaire et portuaire et veulent « organiser ça, ça presse ». 

D’ici Noël, elle s’attend à avoir une idée plus concrète des projets. Les « modèles » devraient être complétés et elle pourra envisager son plan stratégique des dix prochaines années. 

« Ça change tout le temps, mais ceux qui auront participé au modèle auront priorité sur les autres », a dit M. Gravel. 

Tata Steel en vue

Tata Steel transborde de 2 à 3 millions de tonnes de minerai annuellement depuis Schefferville vers Sept-Îles. Présentement, c’est Rio Tinto IOC qui s’occupe de manutentionner le produit. 

La Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire est en discussion avec la minière pour l’accueillir comme nouveau client et s’en charger. Elle s’ajouterait donc à Minerai de fer Québec et à Tacora. 

« Il faudrait trouver un système pour les déverser. Ça prendrait peut-être de nouveaux wagons. Nous essayons de travailler sur quelque chose de faisable et qui serait le moins cher possible », a révélé Louis Gravel. 

Le minerai de Tata Steel est différent de celui des autres clients actuels de la société. Il est rouge et il n’est pas raffiné dans un concentrateur. Il est plutôt pelleté et envoyé directement. Il demanderait donc une attention particulière. 

« Il ne faut pas contaminer l’autre. Il y a toute une logistique autour de ça », a-t-il indiqué. 

Photo principale : Louis Gravel, président-directeur général de la SFPPN. Photo Alexandre Caputo

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