Défiguré pour un chien
C’est un petit matin comme les autres. Mona Vaillancourt déjeune avec son conjoint, Neil Scott. Son « bout-en-train », comme elle l’appelle. Deux jours auparavant, c’était sa fête. Il a 53 ans.
Comme tous les autres matins, il la fait rire et ça commence bien sa journée, depuis 23 ans maintenant.
« Il riait tout le temps, c’était joke par-dessus joke. La vie était facile avec lui », souffle Mona Vaillancourt.
Le couple est revenu s’établir à Longue-Pointe-de-Mingan, le village natal de Mme Vaillancourt, en 2012.
Neil Scott fait un peu de tout pour une entreprise de machinerie lourde de Havre-Saint-Pierre. Mme Vaillancourt est commis dans une épicerie.
Ils mènent ensemble une petite vie tranquille, dans laquelle leur petit quotidien leur suffit pour être heureux.
Ce mercredi d’octobre, Neil Scott roule encore sur sa rue en direction du travail, quand un chien du voisinage surgit de nulle part. Il le frappe avec sa voiture.
Quelques mois avant, il a perdu le sien qui avait 17 ans et demi. Il passait le plus clair de son temps à marcher, ou à se balader avec lui en VTT. Ça a été une grosse perte.
« Il adore les chiens. Tout le monde était démonté, car tout le monde sait qu’il n’aurait jamais fait de mal à un chien », dit Mme Vaillancourt.
La suite de l’histoire est noire pour Neil Scott.
« Il ne se souvient même pas avoir vu David [Vibert] arriver », relate sa conjointe.
En sortant de la douche, un ami de Neil Scott, qui habite la même rue, entend sa femme hurler. Inquiet, il dévale l’escalier de son cottage à deux étages et se dépêche d’aller voir à l’extérieur ce qui se passe.
Il aurait trouvé son ami au sol et David Vibert, le présumé assaillant, par-dessus, nu pied, le frappant au visage sans relâche. Il lance à son tour un « cri d’homme qui panique », décrit Mme Vaillancourt.
« C’est sûr que ça saisit et c’est là qu’il a eu peur et qu’il est parti à la course pour sa maison », poursuit-elle.
Avant ça, les deux femmes du voisinage témoin de la scène, qui lui hurlaient d’arrêter, n’auraient eu aucun effet sur sa rage.
« Tous les soirs, je me couche et je l’imagine embarqué sur mon conjoint. Puis, je me dis : qu’est-ce qui peut l’avoir amené à cogner autant de coups », dit Mona Vaillancourt.
La principale témoin de la scène aurait rapporté entre 40 et 50 coups donnés au visage de Neil Scott.
Il a dû subir une reconstruction complète du visage. Le visage de son conjoint, Mona Vaillancourt n’a jamais pu le voir pendant qu’il était à l’hôpital d’Havre-Saint-Pierre, où il a d’ailleurs dû être réanimé. Il était entièrement bâillonné. Comme un grand brûlé.
On lui a fait une trachéotomie. Il était dans le coma.
Lorsque l’avion-ambulance a décollé pour Québec, Mona Vaillancourt n’était pas certaine qu’elle reverrait son partenaire des dernières décennies vivant.
Après
Depuis qu’il est revenu à la maison, Neil Scott ne va presque plus nulle part et jamais seul. Le quatre-roues est barré dans le garage. Il n’en fait plus. La porte de la maison aussi. Tout le temps. Ce qui est peu commun à Longue-Pointe-de-Mingan, petit village d’un peu plus de 400 âmes, où tout le monde se connaît.
« Il a peur, peur, peur… c’est épouvantable », lance sa conjointe. « Il n’a plus de vie. »
« Moi je dis qu’il l’a tué intérieurement, autant que physiquement. Il lui a laissé la vie et c’est tout. »
De son côté, le présumé assaillant, David Vibert, est accusé d’avoir commis des voies de fait graves contre Neil Scott, « en le blessant, mutilant, défigurant ou en mettant sa vie en danger », tel que rapporté dans l’acte de dénonciation.
Il a été libéré sous promesse de comparaître le lendemain des événements.
« Il a continué sa vie. Il a fait du ski-doo tout l’hiver », soutient Mme Vaillancourt.
Le dossier a été reporté à deux reprises pour orientation et doit se poursuivre devant la cour le 16 octobre.
Photo : Neil Scott à l’hôpital après avoir été agressé.
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