Le Panier bleu est-il toujours pertinent?

Par Karianne Nepton-Philippe 6:00 AM - 17 mai 2023 Initiative de journalisme local
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Alain Dumas. Photo courtoisie

Alors qu’une seule entreprise de la Côte-Nord se trouve sur le Panier bleu, son directeur général remet les pendules à l’heure en ce qui concerne le nombre de produits québécois sur la plateforme. 

Il faut d’abord se rappeler que le gouvernement du Québec a mandaté un organisme à but non lucratif (OBNL) afin de mettre en place le Panier bleu dans un contexte de crise sanitaire, à un moment où les entreprises québécoises souffraient de la fermeture obligatoire. 

D’abord instauré comme un catalogue regroupant les commerçants québécois, le Panier bleu est devenu un site transactionnel en octobre 2022. Et c’est quelques mois auparavant, en juin, qu’il est passé aux mains du privé. Le Panier bleu soulève bien des questions en raison de la faible présence de produits certifiés québécois, dans une période où l’achat local est largement favorisé.

Le député de René-Lévesque, Yves Montigny, tient aussi à rafraîchir la mémoire aux gens sur l’idée première derrière l’initiative. « C’était à un moment où tout le monde était chacun chez soi et où on devait faire de la publicité pour nos entreprises locales », rappelle-t-il. 

« Les consommateurs nous disaient vouloir encourager québécois et privilégier les produits québécois. Mais, ils avaient de la misère à comprendre ce qui faisait qu’un produit était québécois ou non », explique le directeur général du Panier bleu, Alain Dumas. L’organisme Produits du Québec a ainsi été créé pour offrir l’option de certification, dans le même principe qu’Aliments du Québec. Une section est réservée pour les produits certifiés sur le site. 

En revanche, cela reste à la discrétion des marchands. M. Dumas réitère que certains n’y voient pas la nécessité, même si leurs produits sont 100 % québécois. « Le meilleur exemple, c’est le livre. La moitié des livres sont faits au Québec, mais ils n’ont jamais demandé la certification. Et ça reste des produits du Québec », souligne-t-il. 

L’idée de créer une place de marché, c’est d’amener ensemble tous les commerçants qui se qualifient comme marchands québécois, et ensuite d’attirer le consommateur vers une plateforme qui regroupe ces gens-là.

Alain Dumas

Capelan Côte-Nord

La seule entreprise de la région à ce jour sur le site transactionnel est Capelan Côte-Nord, basée à Sept-Îles. « Ce qui est intéressant, c’est que ça regroupe plusieurs entreprises. C’est chapeauté par des gens qui connaissent bien le fonctionnement transactionnel et qui ont les moyens financiers de faire de la promotion », soutient la fondatrice Ann-Édith Daoust. 

Celle qui est également membre du comité des marchands souligne ce « moyen d’être connecté au reste du Québec » qui est un succès en émergence. Alain Dumas révèle que cinq autres commerçants de la Côte-Nord sont sur la liste d’attente. 

Promotion 

La qualité et le problème du Panier bleu, c’est qu’il est déjà connu.

Alain Dumas

La Côte-Nord manque actuellement de représentation à l’échelle provinciale pour ses produits. Mais ce n’est rien pour inquiéter le député de René-Lévesque. Ce dernier reste convaincu de l’importance de mettre les efforts pour développer l’entrepreneuriat sur la Côte-Nord et ainsi en faire la promotion.

« Quand vient le temps de faire la promotion des produits québécois, le but c’est qu’il y en ait », indique M. Montigny qui salue « tous les produits qui vont mettre en valeur le nationalisme économique ». 

« Les entreprises sont libres d’utiliser ou non les leviers sur le web qui leur sont proposés. La plateforme leur est proposée, elles peuvent décider de l’utiliser ou pas », ajoute ce dernier, qui ne la « voit pas comme une concurrence à Amazon ».

« Ça serait présomptueux de penser qu’on peut concurrencer Amazon », rapporte Alain Dumas qui assure travailler actuellement sur un plan de communication avec les sociétés de développement commercial et économique. 

Aujourd’hui, le Panier bleu compte 119 000 produits sur le territoire québécois. « On calcule que ça prend environ 300 000 produits pour avoir une profondeur de champ dans toutes les catégories », indique le dirigeant. 

« Notre mission, c’est d’occuper l’espace sur le web pour que quand une personne cherche des produits, elle trouve des marchands, mais aussi le Panier bleu. Ce qu’on veut, c’est d’occuper le plus possible collectivement pour que ça devienne un choix logique pour le consommateur », conclut le directeur général, invitant par la même occasion les entrepreneurs à s’y intéresser. 

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