La brique et le fanal pour Ian Lafrenière à Uashat
Le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.
Les chefs des communautés innues de la Côte-Nord ne sont pas passés par quatre chemins pour exprimer leur impatience et leur insatisfaction concernant la préservation de leur langue et de leur culture au ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.
M. Lafrenière rencontrait, ce vendredi, des membres des communautés innues de la Côte-Nord, afin de dialoguer concernant la promotion, la protection et la revitalisation des langues autochtones au Québec.
Mike McKenzie, Jean-Charles Piétacho, ainsi que Réal Tettaut, respectivement chefs de Uashat mak Mani-utenam, d’Ekuanitshit et de Nutashkuan, n’ont pas hésité à montrer leurs couleurs dès les premiers échanges.
« Le fait que le Québec se permette de légiférer sur nos langues est un affront aux capacités de nos leaders », a lancé le chef de Nutashkuan au ministre.
« Est-ce que t’aimerais ça que je vienne chez vous et que je t’impose de parler l’innu ? », lui a pour sa part demandé le chef d’Ekuanitshit. « Vous n’aimez pas quand le Fédéral vous impose des trucs, c’est la même chose pour nous, lorsque vous le faites [avec nous] », a-t-il poursuivi.
La rencontre soulevait deux questions, qui avaient pour but d’animer le dialogue sur les langues autochtones ; craignez-vous pour la survie de votre langue ? Et, qu’est-ce que le gouvernement provincial peut-il faire pour aider ?
Les chefs étaient unanimes sur le fait que le gouvernement doit arrêter de s’ingérer dans la question de la langue sur les communautés. Le chef de Uashat mak Mani-utenam, Mike McKenzie, croit également que des instances permanentes devraient être mises en place pour que les communautés soient mieux représentées au Salon bleu.
« Toutes les commissions qui sont faites et les mémoires qui sont déposés ne donnent rien, il faut aller au-delà de ça et avoir des instances permanentes au gouvernement », a-t-il mentionné.
Sentiment d’urgence
Les chefs des trois communautés montraient des signes d’impatience face aux paroles du ministre Lafrenière et ont profité de sa présence pour soulever d’autres enjeux.
« Ça fait 30 ans qu’on fait ce qu’on fait là […] vous nous écoutez, mais vous ne nous comprenez pas », a déclaré le chef Piétacho. « Comment peut-on dialoguer quand toutes les portes semblent se fermer devant nous », a-t-il déploré.
D’ailleurs, le Québec se fait toujours attendre dans le dossier du Traité Petapan. Le Canada et les chefs membres du Regroupement Petapan, qui compte plusieurs communautés innues, sont prêts à s’entendre sur une entente de principe qui mènera éventuellement à la signature de ce Traité, qui reconnaîtrait les droits ancestraux des communautés sur son territoire.
« Vous retirez des milliards de dollars de nos ressources », a mentionné chef Piétacho au ministre.
Ce dernier a exprimé sa compréhension concernant les points avancés par les chefs et les membres des communautés qui ont pris la parole, mais semblait à bout de ressources.
« Je ne sais plus quoi faire, dites-moi ce que je peux faire », a dit aux chefs Ian Lafrenière.
Le ministre Lafrenière tiendra des rencontres de dialogues avec différentes communautés, au sujet de la préservation de la langue, jusqu’au mois de juin.
« De quoi allons-nous accoucher après ces dialogues ? Honnêtement, je ne le sais pas », a-t-il avoué. « Il y a cependant beaucoup d’avenues possibles, c’est pourquoi le dialogue est aussi important ».
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