Bracelets antirapprochements : un plus pour la sécurité des femmes, mais des enjeux aussi

Par Charlotte Paquet 8:54 AM - 10 mai 2023
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Hélène Millier, directrice générale de la Maison des femmes de Baie-Comeau, se réjouit de l’arrivée des bracelets antirapprochements sur la Côte-Nord. C’est un moyen de plus pour la sécurité des femmes victimes de violence conjugale.

Le déploiement des bracelets antirapprochements sur la Côte-Nord, qui arrive en tête des régions au Québec pour son haut taux de violence conjugale, ne doit pas être vue comme une panacée pour les femmes victimes, mais plutôt un moyen supplémentaire pour leur sécurité.

“C’est intéressant. C’est un moyen supplémentaire pour les femmes, pour la sécurité des femmes, c’est certain”, souligne Hélène Millier, directrice générale de la Maison des femmes de Baie-Comeau.

“C’est clair que c’est très positif. (…) Il n’y a rien de parfait. C’est une mesure de plus. Il faut juste prendre en considération tout ce que ça peut vouloir dire”, renchérit Isabelle Fortin, directrice générale du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels de la Côte-Nord, pour qui ces bracelets ne doivent mener à un faux sentiment de sécurité pour les femmes.

Directrice générale du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels de la Côte-Nord, Isabelle Fortin souligne que les bracelets antirapprochements vont améliorer la sécurité des femmes, mais ils constituent aussi un rappel constant de la présence de l’ex-conjoint dans leur vie.

Rappelons que la région fait partie, depuis avril, des régions du Québec à pouvoir imposer un bracelet antirapprochement aux hommes qui font fi d’une interdiction de contact avec leur ex-conjointe. L’implantation graduelle de cet outil s’est amorcée en mai 2022.

Des enjeux à considérer

De par sa nature. la Côte-Nord présente certains enjeux pour le déploiement des bracelets. “Il y a des choses qu’on questionne, comme les réseaux cellulaires. C’est pas partout sur la Côte-Nord que le réseau cellulaire est bien desservi. On se demande comment ça va fonctionner pour les endroits où ça va être moins bien desservi”, note Hélène Millier.

Il y a aussi la desserte policière difficile pour toutes les petites communautés de la région qui représente un autre enjeu, selon elle. “Il y a des petites limites comme ça, mais en général, on est très contents.”

La directrice générale de la Maison des femmes voit le bracelet électronique comme un moyen pour les hommes qui ne respectent jamais les interdits de contacts avec l’ex-conjointe. “Quelqu’un qui ne comprend pas, bien là, ça peut avoir un effet dissuasif de pouvoir utiliser ces bracelets-là”, croit-elle.

Pour sa part, Isabelle Fortin insiste sur l’importance du filet de sécurité de sécurité personnelle que doivent aller chercher les femmes victimes de violence conjugale, par l’entremise des ressources d’aide. Le bracelet devient un moyen de sécurité de plus.

Elle aussi affirme que la couverture cellulaire ainsi que la petitesse et la dispersion des communautés sur la Côte-Nord sont des enjeux. Quand le seul petit commerce du village sert de dépanneur, de station-service et autres, “le respect du périmètre peut être un défi, même pour une personne bien intentionnée.”

Mme Fortin conclut en indiquant que les victimes devront être bien informées sur les impacts de l’utilisation du bracelet. “C’est comme un lien constant avec cet ex-conjoint. C’est un rappel 24/7 de la présence de cet individu-là dans leur vie. Ça peut amener une hypervigilance des femmes.”

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