J’entends déjà ce vent d’indignation… L’homme n’est pas un animal, il est intelligent! Ouin! Ouin! Certes le cerveau humain s’est beaucoup développé au cours de la préhistoire, mais ça stagne depuis un bon moment. Prétendre à l’intelligence de l’homme alors que ses vices prennent constamment le dessus, laissant peu d’espace au pragmatisme, c’est ce qu’on appelle mettre des lunettes roses.
L’évolution existe, mais elle est très relative puisqu’elle nous mène vraisemblablement à notre perte, résultat de toutes ces erreurs qu’on s’entête à répéter, par cupidité, égocentrisme et narcissisme. Changer le monde positivement, ça demande du temps.
Ceux et celles qui ont souhaité passer à l’histoire n’avaient pas ce temps, alors ils ont troqué l’évolution pour la réussite et elle se définit principalement par deux facteurs : le pouvoir et l’argent. Alors nous voilà depuis toutes ces années tournant en rond, à tenter de nous impressionner. Et notre sens critique dans tout ça?
Les raccourcis intellectuels sont devenus la norme, il faut juste que ce soit impressionnant. Et la démocratie dans tout ça, cette chère démocratie combien de fois réclamée? Elle ne peut pas être plus exigeante et intelligente que ceux et celles qui s’en réclament. D’où cette maxime : on a les dirigeants qu’on mérite! Ceux qui nous disent ce qu’on veut entendre.
Vous direz que je suis très critique de nos gouvernements et je le suis, parce qu’ils tiennent entre leurs mains notre avenir, mais surtout celui de nos enfants. Quand vient l’heure d’être élus, les politiciens nous sortent le grand jeu au point où certains mettent à mal leur propre crédibilité, disant une chose et son contraire.
Jean-René Dufort dans l’émission Infoman du 30 mars dernier, mettait sous la loupe les changements de discours des ministres Roberge et Drainville, lesquels une fois au pouvoir ont opéré des virages impressionnants. Roberge et Drainville ne sont pas des exceptions. Lors d’élections, on met une pause sur les idéologies qui risquent de rebuter l’électorat, il faut ratisser large.
Même Éric Duhaime l’a compris, tentant de faire oublier qu’il est avant tout un libertarien notoire, apôtre du chacun pour soi. Voir un libertarien défendre le bien commun, ne serait-ce que le temps d’une élection me lève le cœur que voulez-vous.
Christian Dubé, ministre de la Santé, nous entretient depuis un moment sur l’importance de la réforme qu’il est à mettre en place. On sent le bon père de famille animé par les bons motifs, à savoir, l’amélioration du système de santé.
Il est clair qu’il a de bonnes idées dont celle de mettre en place des directeurs d’établissement avec des pouvoirs de décision, mais j’espère, avec toute l’imputabilité qui vient avec.
On ne peut pas parler d’évolution puisque c’était comme ça avant que le l’ex-ministre Gaétan Barrette décide de tout centraliser. Comme le diable est dans les détails, attendons de voir cette vraie décentralisation de responsabilités et l’application qu’on fera de l’imputabilité, car s’il est une chose qui s’est beaucoup développée dans le secteur public ces dernières années, c’est l’art de ne rendre personne imputable.
À mon avis, iI y a deux importants obstacles à traverser pour ramener l’efficacité dans nos services publics, tant au provincial qu’au fédéral : le premier et je viens de le nommer, c’est l’imputabilité, alors que personne n’est jamais responsable des mauvaises performances.
En revanche, lorsqu’il y a des bons coups, tout le monde veut être sur la photo, à commencer par les politiciens. L’autre obstacle est sans contredit la très lourde bureaucratie qui est en lien direct avec l’imputabilité; lorsqu’on met le pied dans le labyrinthe bureaucratique, on s’éloigne des personnes responsables, ce qu’on qualifie régulièrement de maison de fous.
Ce qui m’irrite personnellement, c’est le double standard et l’incohérence d’un gouvernement dans sa réponse à deux dossiers qui demandent des traitements chocs.
On sort l’artillerie lourde pour régler un problème majeur en santé, justifié par des symptômes qui s’accumulent depuis une vingtaine d’années et on ferme les yeux sur le cancer qui sévit depuis plus de quarante ans dans le dossier de l’aviation régionale, alors que nos économies en souffrent, que les populations sont exaspérées et que le Québec paie le fort prix pour entretenir la médiocrité d’un système contre-productif.
Est-ce que Christian Dubé est motivé par de bonnes intentions ? Je veux bien, mais cette insistance à insérer le privé ne me rassure en rien. Ces gens d’affaires qui nous dirigent sont vraisemblablement alignés sur un dogme, celui où l’entreprise privée est le remède à tous nos maux, d’où cette impossibilité à reconnaître l’échec lorsqu’il vient du privé, comme dans le dossier de l’aviation.
Une idéologie qui, j’en suis persuadé, va tous nous rattraper. Et qui en paiera la note? Le peuple naturellement, comme c’est le cas pour chacune des crises.