L’avenir du Club Ook-Pik menacé

Par Sylvain Turcotte 6:00 AM - 19 avril 2023
Temps de lecture :

La dernière saison de motoneige du Club Ook-Pik de Sept-Îles n’a pas été facile en raison de la météo, mais aussi financièrement. Photo Facebook Club Ook-Pik

Les temps sont durs pour certains clubs de motoneigistes. Et il n’y a pas que la météo qui est en cause. Le Club Ook-Pik de Sept-Îles se dit très impacté par le Programme 20/20 (équité entre les clubs). Son président, Michel Thibeault, parle de la possibilité de tirer la plug, s’il n’y a pas de changements de la part de la Fédération québécoise des motoneigistes du Québec.

« Si le programme ne change pas, on n’est pu là. Ils prennent les clubs riches pour donner aux pauvres. Les riches sont justes au-dessus de l’eau. Il me manque 40 % de mon budget. Je finis la saison dans le trou, on est accoté à la gorge », s’insurge-t-il. 

Si une partie de l’aide de la Fédération est en lien avec ce qui est entretenu, Michel Thibeault se dit perdant avec la portion dans le secteur entre Moisie et Bouleaux, avec l’absence du pont pour la rivière Tortue. « Cet hiver, on nous a coupés vu qu’on n’était pas ouvert sur 50 km. On est pénalisé », se désole-t-il, précisant que le club a tout de même des dépenses à payer.   

M. Thibeault soutient aussi que l’équipement d’entretien vieillit, mais que son organisation n’a pas les moyens d’avoir de la machinerie neuve, malgré l’aide de la Fédération, qui ne couvre pas tout. 

Il indique que les clubs de Baie-Comeau et Forestville sont dans la même situation que le sien, alors que ceux de Havre-Saint-Pierre et Longue-Pointe-de-Mingan sont en montée.

« On va faire de la pression. Avant de mourir, on va liquider s’il le faut. On peut dealer avec la météo, mais l’argent, c’est le nerf de la guerre. Si ça ne change pas, le club va tirer la plogue. »

Michel Thibeault pourra faire entendre ses doléances lors d’une réunion régionale avec la direction de la Fédération québécoise des motoneigistes du Québec, le 14 mai, à Baie-Comeau.

Le directeur général de la Fédération dit ne pas être au courant des problèmes du Club Ook-Pik de Sept-Îles. « Les clubs travaillent fort. Il y en a avec d’autres réalités. J’ai hâte à la rencontre régionale pour connaître les difficultés à Michel. On veut que ce soit plus standard. On va accompagner davantage les clubs pour la machinerie. On ne fermera pas de clubs, on est là pour comprendre et s’il (Michel) amène des réflexions nouvelles, on va écouter », souligne Stéphane Desroches, qui dit que son organisation « ne déshabille pas Paul pour habiller Jean. » 

Il mentionne que le programme 20/20 permet un équilibre entre les clubs.  

À la merci

Qu’en est-il du dernier hiver ? « Ç’a été pas pire, j’ai déjà vu mieux, déjà vu pire. On a eu un début de saison bizarre. La neige a mal gelé. Ça surgelé au lieu de geler », de dire Michel Thibeault. Et pour les accumulations, vers la fin de la saison, il était un peu trop tard.

« Les conditions sont dures. Dame Nature ne joue pas en notre faveur. »

Le président du Club Ook-Pik s’attend à ce qu’il y ait moins de motoneigistes d’ici deux ans, notamment en raison du pouvoir d’achat. Et comme dirigeant de club, ce qui le tracasse, c’est de ne pas savoir où couper. Lors du dernier hiver, il y avait 875 membres, incluant une trentaine de passes journalières.

De son côté, Stéphane Desroches se dit un peu plus inquiet quant à l’avenir face aux conditions météorologiques.

« J’ai 51 ans, j’en ai vu quelques cycles. Ça fait trois ans que les débuts de saison sont en dents de scie. Ce n’est pas évident et ça nous préoccupe. On se questionne pour injecter plus d’argent dans le fond des sentiers et prioriser certains tronçons pour ouvrir plus rapidement. Il faut aussi que les motoneigistes s’adaptent aux conditions. »

M. Derosches soutient toutefois que l’avenir est là. Il s’attend à un achalandage doublé des Américains pour l’argent au niveau du tourisme. 

« On a un bel avenir, mais avec des préoccupations. »