Elle excelle de l’Iran à Sept-Îles

Par Marie-Eve Poulin 6:00 AM - 7 avril 2023
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Vania Akbari-Moornani n’a pas fini d’impressionner, puisqu’elle souhaite participer au plus grand nombre de concours possible.

Vania Akbari-Moornani, une Iranienne de 15 ans, ne parlait pas un mot de français lors de son arrivée à Sept-Îles, peu avant Noël. Déterminée à rendre hommage à ses parents, qui ont quitté l’Iran pour lui donner accès à un meilleur avenir, elle vient de remporter les honneurs à Secondaire en spectacle et Expo-Sciences.

L’adolescente rencontrée par le Journal tient un discours très mature et réfléchi pour son âge. Son histoire dépasse largement sa récolte impressionnante de prix dans les concours scolaires. Quand elle est arrivée à Sept-Îles, Vania Akbari-Moornani parlait persan et anglais. Elle a dû apprendre le français, ce qu’elle a fait en quelques mois. Elle voulait réussir ses devoirs et se faire comprendre de ses pairs. 

Un choix pour l’avenir

Les parents de Vania avaient une bonne vie en Iran. 

« Mon père avait le plus beau cabinet de dentiste et ma mère avait un bon emploi d’anesthésiste dans un hôpital », dit-elle. 

« La décision de déménager ici a été prise pour moi, à cause des potentiels qui ne sont pas encouragés chez moi [en Iran], du peu d’opportunités de participer à des concours et des nombreux interdits de faire ce que j’aime », dit-elle.

Ils ont aussi regardé ce qu’elle pourrait faire à l’âge adulte. La monnaie du pays, qui vaut très peu ailleurs dans le monde, ne lui permettrait pas de voyager et de se payer des choses qu’elle aime, même en exerçant un bon métier. 

Ils ont donc tout laissé derrière eux pour l’avenir de Vania. 

« Les filles ne peuvent pas chanter, pas jouer d’instruments, c’est mal vu de la part des dirigeants du pays », relate-t-elle. « La musique, c’est vraiment effacé de notre société. »

Le déclic

Il y a trois ans, Vania était en voyage à Montréal. Elle s’est mise à jouer sur un piano public. À sa grande surprise, elle a entendu des applaudissements. Un déclic s’est fait dans sa tête. 

« Ici je suis encouragée », lance avec le sourire, celle qui vient d’un pays où les filles n’ont pas le droit de faire du vélo.

Malgré tout, l’adolescente ne compte pas laisser derrière elle sa vie en Iran. Même si les interdits y sont nombreux, son cœur et ses souvenirs sont là-bas. Elle a très hâte de retourner voir sa famille et ses amis. 

Un mode de vie différent

Dans son ancienne école, Vania devait étudier jusqu’à 14 heures sans dîner. À cela, elle devait ajouter un autre quatre heures une fois à la maison. C’est que si elle obtenait moins de 18/20 comme résultat, elle était renvoyée de l’établissement. 

« C’est comme ça pour tout le monde », dit-elle.

C’est encore difficile pour elle de comprendre pourquoi les études ne sont pas en priorité dans le quotidien des jeunes de son âge. C’est cette habitude qui lui a permis d’apprendre le français en quelques mois, en travaillant fort tous les soirs.

Vania raconte que pour réussir dans son pays, il faut absolument terminer en première place dans les concours. Lors de sa participation au test national de mathématiques « Kangourou », qui est populaire en Europe, elle s’est classée deuxième au pays, mais c’est seulement la première place qui reçoit les mérites. 

« La deuxième ce n’est rien. »

Concours

Vania Akbari-Moornani a gagné le coup de cœur du jury avec son numéro « Fantaisie d’amour » exécuté au piano à la finale locale de Secondaire en spectacle. Lors de la finale régionale d’Expo Sciences 2023, elle a représenté l’Institut d’Enseignement de Sept-Îles. Elle s’est mérité un prix pour la sensibilisation, pour sa présentation sur la dépression et un prix distinction. 

Même si le français est sa troisième langue qu’elle apprend depuis le début de l’hiver, sa présentation était en français. Ça a grandement impressionné les juges. 

Son sujet, en lien avec la biologie, fera bonne figure sur son curriculum à présenter pour sa demande d’admission à l’université, pense-t-elle. Du haut de ses 15 ans, elle se concentre déjà à préparer son dossier pour être admise à McGill. Elle veut être dentiste, comme son père. 

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