No-show dans les restaurants : les impacts se font sentir sur la Côte-Nord

Par Karianne Nepton-Philippe 5:00 PM - 4 avril 2023 Initiative de journalisme local
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Le restaurant Le Bavard et l’ivrogne, connu pour ses repas gourmands, continuera durant l’été sa politique de frais pour le non-respect des réservations. Photo Facebook

Alors que le non-respect des réservations se fait de plus en plus sentir dans les restaurants des grands centres, les avis sont très partagés sur la Côte-Nord. Chaque restaurant a sa propre réalité, mais une chose est sûre, les clients doivent être sensibilisés aux impacts de cette situation. 

Les restaurateurs y sont confrontés. Certains n’y voient pas d’enjeu majeur, d’autres emboîtent le pas de faire payer ces fameux no-show.

C’est le cas du restaurant Le bavard et l’ivrogne à Sept-Îles, qui a pris cette décision depuis un peu plus d’un mois. « On a instauré la même politique que d’autres restaurants font à Montréal ou Québec. Sur nos réservations maintenant, il y a des frais de no-show si vous ne vous présentez pas », explique Pierre-Olivier Simard, copropriétaire de l’établissement.

Ce dernier précise alors que le numéro de carte de crédit est maintenant demandé sur toutes les réservations et un montant de 20 $ par personne sera chargé si personne n’avise de son absence. « C’est un problème qui a augmenté depuis un an et demi environ », indique M. Simard.

« Je dirais que depuis ce mois et demi, nous n’avons eu aucun no-show », ajoute celui qui se sert de cette politique surtout comme méthode de dissuasion.

Autres méthodes

Des restaurateurs privilégient le rappel des clients ayant réservé pour de plus grands groupes. Carl Beaulieu, propriétaire du Bistro La Marée haute à Baie-Comeau, a pris l’habitude de confirmer les réservations avec le temps, notamment en raison des situations répétées du non-respect de celles-ci. « Quand on a de gros groupes, on les rappelle pour reconfirmer », précise-t-il. 

De plus, avec la nouvelle plateforme de réservation du bistro, Libro, les gens reçoivent un rappel servant à confirmer ou indiquer tout changement à la réservation, ce qui a énormément simplifié la situation. 

Du côté des Bergeronnes, le propriétaire du restaurant du Boisé, Alexandre Gaudet, ne voit que des cas isolés. « Ici, on est peut-être chanceux, mais c’est rare que ça arrive », affirme-t-il. Selon lui, s’occuper de noter la carte de crédit du client pour ensuite lui déduire un montant ne fait que rajouter une charge de travail aux employés sur le plancher.

« J’ai un petit restaurant, alors quand j’ai un groupe qui réserve, souvent à l’avance, on rappelle les gens », poursuit celui qui fonctionne en majorité avec des réservations. 

Alexandre Gaudet, propriétaire du Restaurant du Boisé, fonctionne pratiquement en entièreté avec des réservations à son restaurant, ouvert d’avril à septembre ou octobre. Photo courtoisie

Dommageable  

Alexandre Gaudet a travaillé auparavant dans de grands restaurants à Québec et mentionne : « Depuis que je travaille en restaurant, il y en a toujours eu, des cas de no-show. C’est à prendre en considération et ça fait partie des risques en restauration. Mais j’ai déjà vu 20, voire même 40 personnes qui ne se sont pas présentées. »

Carl Beaulieu ajoute : « Oui, ça m’arrive aussi. Parfois, ça a moins d’impact parce que c’est une table de deux. Mais samedi dernier, j’en ai 8 qui ne se sont pas présentés, ce qui est quasiment un quart de mon resto en ce moment. » Selon le copropriétaire du restaurant Le bavard et l’ivrogne, il s’agit d’une situation très dommageable pour la restauration. « Si un groupe de 10 personnes ne se présente pas, on parle d’une perte financière d’environ 300 à 600 $ minimum », lance M. Simard. 

Tous s’entendent pour dire que les petits milieux amènent aussi une particularité par rapport aux grands centres, soit l’achalandage quotidien et spontané. 

Modifier, avertir, appeler

Les restaurateurs décrient également les situations constantes où le nombre de personnes de la réservation initiale n’est pas respecté. « Ce qui arrive le plus ici, ce n’est pas tant un 12 (personnes) qui ne se présente pas. C’est quand un 12 devient un 8, un 6 ou un 4. Ça me demande de refaire le montage de ma salle », explique M. Gaudet. 

Brigitte Cloutier, copropriétaire du restaurant Chez Sophie à Sept-Îles, déplore aussi le non-respect de la réservation initiale. « Le plus souvent, le problème que nous avons, ce sont les réservations de groupe où il manque toujours des gens. Nous sommes pas mal toujours complets et nous refusons souvent des gens. Donc, quand ils ne viennent pas, ou s’il reste des places vides à leur réservation, nous perdons de l’argent », affirme-t-elle.

« Peu importe la raison, au moins on veut être au courant si les clients ne peuvent pas se présenter », réitère M. Simard qui déclare avoir « une écœurantite aiguë des gens qui ne se présentent pas à leur réservation ».

Pour sa part, Carl Beaulieu espère vraiment sensibiliser les clients. « Je veux vraiment que les gens soient sensibilisés et je préfère qu’ils m’appellent la journée même pour me dire qu’ils ne viendront pas. »

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