Le débat des food trucks relancé

Par Vincent Rioux-Berrouard 6:00 AM - 23 mars 2023
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Pier-Ann Connolly, propriétaire du Thai Zone. Photo Impression JC.

La sortie du copropriétaire de Chez Sophie, André Therrien, a relancé le débat sur la présence des food trucks à Sept-Îles. Après avoir discuté avec différents restaurateurs de la ville, on constate qu’il n’y a pas d’unanimité sur la question. 

Billy Tanguay, du restaurant Le Bavard et l’Ivrogne, se dit favorable à permettre ce type de restauration. 

” À la base, je comprends les pour et les contre des food trucks, mais on peut trouver une façon qui va être avantageuse pour tout le monde “, dit-il. 

Les food trucks attirent une clientèle différente, selon lui. Une personne qui veut aller dans un restaurant avec des places pour s’asseoir n’ira pas à un food truck et vice versa. 

” Je pense que ça peut venir combler un manque qu’il y a en ville et pour nous autres, ça ne changera pas grand-chose “, confie le copropriétaire du Bavard et l’Ivrogne. 

Bien qu’il préférerait que les camions-restaurants soient opérés par des commerçants septiliens, il ne voit pas de mal à ce que des restaurateurs de l’extérieur viennent à Sept-Îles. 

” Il y a certaines choses dans lesquelles à Sept-Îles, il n’y a pas d’expertise. Par exemple, un food truck qui se spécialiseraient dans les nouilles ramen. Il n’y a personne qui en fait actuellement. Si un food truck vient ici avec ce type de produit, il va y avoir de la demande et c’est plaisant pour Sept-Îles “, affirme M. Tanguay. 

Il voit aussi derrière l’autorisation de permettre les camions-restaurants, une façon de dynamiser le secteur du Vieux-Quai, un lieu qui serait probablement visé pour ce type de restauration. 

” Plus, il y a de PME dans le bas de la ville, plus ça bouge. Ça peut créer une dynamique où les gens se déplacent vers le bas de la ville et veulent y passer du temps. Ils vont finir par venir nous voir au restaurant “, lance Billy Tanguay. 

Une tendance québécoise 

Pour Pier-Ann Connolly, propriétaire du Thai Zone, il est temps que Sept-Îles suive la tendance de beaucoup de villes québécoises qui choisissent de permettre les camions-restaurants. 

” Je pense que c’est bien que Sept-Îles s’ouvre aux food trucks. Ça serait super qu’il y ait de nouveaux camions-restaurants. Il manque de diversité “, dit-elle. 

Le commerce de Mme Connolly est situé sur le territoire de Uashat. Les camions-restaurants ne sont pas interdits par le conseil innu de Uashat mak Mani-utenam. 

Elle pense qu’un système où un camion-restaurant devrait obtenir un permis d’exploitation auprès de la municipalité serait approprié. Un food truck a aussi un impact économique dans le lieu où il va s’installer. 

” Je comprends qu’un food truck provenant de l’extérieur n’est pas un commerce local, mais il y a des dépenses qui sont faites par celui-ci. Il y a l’épicerie, le logement, le propane. Puis, il y a les permis qui font que le food truck paye un montant à la municipalité “, soulève Pier-Ann Connolly. 

Comme Billy Tanguay, elle estime que la venue des food trucks ne ferait que renforcer l’offre pour la clientèle. 

Il pourrait également s’agir d’une façon de faire face à la pénurie de personnel, parce que ce type de restauration demande un peu moins de travailleurs qu’un restaurant traditionnel avec une salle. 

” Les food trucks ont fait leurs preuves. On est là pour rester. On est dans un contexte où les restaurants ont de la difficulté à rester ouverts, en raison du manque de personnel. Nous, on est présent six mois par année et ça permet d’avoir une plus grande diversité à l’offre de restaurant “, indique Mme Connolly.  

Elle précise que même si les camions-restaurants étaient permis dans le futur à Sept-Îles, elle n’a aucune intention de quitter le secteur dans lequel elle est installée à Uashat. 

Périphérie

En 2020, la Ville de Sept-Îles a montré une certaine ouverture envers les camions-restaurants. La municipalité a permis à la Cantine de la rivière d’installer son camion sur un terrain spécifique à proximité du camping de la Zec de la rivière Moisie. 

À ce moment, la Ville avait justifié la décision par le fait que le secteur de Moisie n’est pas desservi par un service de restauration et qu’il y avait donc un besoin. 

Mathieu Goupil, du restaurant la Cantine de la rivière, dit comprendre la sortie d’André Therrien. À un moment où la situation est parfois difficile en restauration, la venue de camions-restaurants qui ne sont pas des restaurateurs locaux pourrait être effectivement de la compétition déloyale. 

Il affirme que la Ville devrait considérer au moins à permettre les food trucks dans les secteurs où il n’y a pas de restaurant. 

” Les secteurs de Gallix ou du lac des Rapides, où il n’y a pas de service de restauration, ils [ camions-restaurants] amèneraient de la vitalité “, souligne M. Goupil.