Jusqu’à six mois d’attente pour des pièces d’autos

Par Vincent Rioux-Berrouard 6:00 AM - 16 mars 2023
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Samuel Poulin, propriétaire de Pneu SP

Retards dans les travaux, tablettes vides, réparations qui s’étirent au garage…la pandémie a causé de graves ennuis aux chaînes d’approvisionnement. Trois ans plus tard, la situation se résorbe peu à peu, mais les consommateurs doivent encore s’armer de patience.

Les garages et ateliers mécaniques sont aussi touchés par les difficultés d’approvisionnement en pièces.

Comme de nombreux autres secteurs commerciaux, depuis la pandémie, les pièces pour les véhicules sont plus dures à obtenir, affirme Samuel Poulin, propriétaire de Pneu SP, à Sept-Îles.

C’est particulièrement le cas pour les pare-chocs et les pneus.

« Il a certains types de pneus qui ne sont quasiment plus trouvables. Quand on en a, on est chanceux », dit-il.

Pneu SP n’est pas le seul garage à Sept-Îles touché par cette situation. C’est aussi le cas chez Service du Pneu PJL. Les pièces plus difficiles à obtenir sont souvent sur les véhicules plus récents, constate le propriétaire, André Bouchard.

« Des fois, ça prend juste quelques semaines pour obtenir une pièce, mais dernièrement, j’ai vu des délais de quatre à six mois », indique M. Bouchard.

Dans le monde automobile, il existe ce que l’on appelle “l’après-marché’’. Il s’agit de pièces qui sont fabriquées par des sociétés autres que les constructeurs de véhicules automobiles, pour remplacer les composants d’origine.

« Pour les modèles plus récents, il y a parfois peu de pièces qui ont été fabriquées sur l’après-marché. On se retourne alors vers les concessionnaires et on constate alors qu’il y a beaucoup de pièces qui sont difficiles à avoir », ajoute-t-il.

Toujours selon André Bouchard, Pour les véhicules ayant quelques années, il serait plus facile de s’alimenter en pièces, parce que les stocks existants sont plus importants.

Les difficultés pour obtenir les pièces demandent parfois une certaine gymnastique au niveau des horaires. Des rendez-vous doivent être déplacés en raison de retards de livraisons.

« Il y a toute une logistique à penser. On se croise les doigts pour que les pièces arrivent à temps, mais je dirais qu’il y a presque 20% des rendez-vous qu’on doit déplacer parce que les pièces n’arrivent pas », dit Samuel Poulin.

Les délais sont là pour rester

Trois ans après le début de la pandémie, les problèmes d’approvisionnement sont encore présents, constate Leandro C. Coelho, spécialiste en logistique et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en logistique intégrée à l’Université Laval. Par contre, il ne faut pas tout blâmer sur la crise sanitaire.

« La pandémie a le dos large. On dit que c’est à cause de la pandémie, mais elle n’est plus là. Il y a eu plusieurs changements dans les chaînes d’approvisionnements mondiales qui font qu’on n’est pas encore sorti du bois », dit-il.

Parmi les problématiques qui causent des retards, il y a la pénurie de main-d’œuvre. Plusieurs compagnies de transports manquent de chauffeurs, ce qui peut causer des retards, mais également augmenter les prix de livraison, explique M. Coelho.

Pour ce qui est de la production, le manque de main-d’œuvre se fait sentir. Il faut ajouter à cela le manque de pièces qui touche aussi les compagnies manufacturières.

« Dans un contexte mondial, il y a beaucoup d’usines qui sont au ralenti », déclare M. Coelho.

Durant la pandémie, plusieurs commerces ont fait de grandes réserves de matériel. Ils ont donc des stocks importants. Comme les commandes sont moins grandes, les usines manufacturières tournent au ralenti. Quand un commerce a besoin d’une pièce spécifique, c’est plus difficile pour l’usine de lui fournir rapidement.

À savoir, si les délais et retards vont continuer à diminuer, M. Coelho a tendance à dire oui.

« Je n’ai pas de boule de cristal, mais je dirais que la situation va s’améliorer. Est-ce qu’on va revenir à la situation qu’on avait en 2018 ou 2019, je ne pense pas », conclut-il.

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