Le départ de la PDG d’Hydro inquiète chez les Premiers Peuples
Sophie Brochu demeurera en poste jusqu'en avril. Photo LinkedIn
Sophie Brochu était une alliée de taille dans l’amélioration des relations entre le Gouvernement et les Premiers Peuples. Les chefs innus consultés craignent que son départ à titre de dirigeante de la plus grande société d’État de la province vienne perturber l’harmonie qui s’installait.
« C’est très préoccupant », réagit d’entrée de jeu le chef de la communauté innue d’Essipit, M. Martin Dufour. « Le lien de confiance s’installait avec Mme Brochu, elle a fait avancer beaucoup de dossiers chauds rapidement », note-t-il en faisant référence au projet éolien Apuiat.
Cette initiative provient d’un partenariat entre la Nation innue et la compagnie Boralex, spécialisée dans l’énergie renouvelable. Le projet, contrôlé à 50% par les Innus, vise à installer une cinquantaine d’éoliennes sur la Côte-Nord d’ici la fin 2024, dont la majorité se trouvera sur des terres non cédées.
Heureusement, le projet a été rendu officiel avant l’annonce de la démission de Mme Brochu, les plans ne devraient donc pas changer.
Le chef de la communauté d’Ekuanitshit, M. Jean-Charles Piétacho, se dit surpris et consterné par la nouvelle.
« Je pensais qu’elle allait rester encore au moins deux ans », dit-il. « Nous aimions sa sincérité, son humanisme et son souhait de maintenir de bonnes relations avec les Premiers Peuples », explique-t-il.
M. Piétacho et M. Dufour craignent que la construction de barrages hydroélectriques soit remise de l’avant par le prochain patron d’Hydro-Québec. Selon M. Dufour, l’important demeure l’équilibre entre les projets du gouvernement et la conservation de la faune sur le Nitassinan.
M. Ken Rock, directeur général de la Société de développement économique de Uashat mak Mani-utenam partage le même avis que les deux chefs consultés.
« Ça nous attriste de voir Mme Brochu partir », affirme-t-il. « Elle nous a rendu accessibles beaucoup d’opportunités d’affaires qui ne l’étaient pas à une autre époque », note celui qui a négocié avec Hydro-Québec, lors de la deuxième entente pour le chantier de La Romaine au début des années 2000.
Qui prendra le relais ?
Le cabinet du premier ministre, rejoint par courriel, mentionne qu’il est encore trop tôt pour prendre une décision concernant le remplaçant ou la remplaçante de Mme Brochu.
« La nomination du ou de la PDG d’Hydro-Québec est encadrée par la Loi sur Hydro-Québec. Cette nomination doit faire l’objet d’une décision du Conseil des ministres », a répondu le cabinet, questionné à savoir si les représentants des Premiers Peuples seront consultés pendant le processus de sélection du prochain patron de la société d’État.
« Comme PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu a instauré et maintenu un dialogue constructif avec les peuples autochtones. Le prochain ou la prochaine PDG d’Hydro-Québec aura de grands souliers à chausser », a ajouté le cabinet.
Cette nouvelle tombe à un bien mauvais moment pour le conseil de bande de Uashat mak Mani-utenam, puisqu’une décision de la Cour Supérieure rendue publique en décembre ordonne à Hydro-Québec de renégocier avec ITUM, entre autres dans le cadre des dossiers de la ligne « Arnaud-Alouette » et de la rivière de la Romaine.
La Cour a établi qu’Hydro-Québec et son Gouvernement n’ont pas rempli leurs obligations dans la consultation des Premiers Peuples dans ces dossiers.
Le conseil de bande ITUM s’est abstenu de commenter cette décision de la Cour étant donné que le dossier demeure d’actualité devant les tribunaux.
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