Pensée à Montréal, livrée sur la Côte-Nord
Photo Pixabay
Pour désengorger les urgences, la cellule de crise du gouvernement Legault a mis en place la ligne pédiatrique du 811 partout au Québec. Mais sur la Côte-Nord, impossible de donner vie à cette solution pensée à Montréal.
Les urgences du Québec débordent et le gouvernement a mis en place une cellule de crise pour trouver des solutions qui régleront la situation à court terme. L’idée de la ligne pédiatrique du 811 est une des premières à avoir été mise de l’avant.
Les parents appellent au 811, parlent à une infirmière et si celle-ci juge que l’enfant entre 0 et 17 ans a besoin d’être vu par un médecin, elle le réfère pour un rendez-vous rapide dans une clinique de sa région. Les cliniques ont des plages horaires réservées pour cette clientèle. On évite ainsi d’engorger les salles d’urgence.
D’abord implantée à Montréal, la ligne pédiatrique a été graduellement répandue dans les régions du Québec, jusqu’à ce qu’on annonce qu’elle était disponible partout, le 21 décembre. Or, il n’en est rien sur la Côte-Nord.
« La ligne 811 pédiatrique n’est pas disponible pour la Côte-Nord », a confirmé le porte-parole du CISSS de la Côte-Nord, Pascal Paradis. « En raison du manque de ressources et de médecins sur notre territoire, il n’était pas possible de dédier des plages horaires strictement à la clientèle pédiatrique, car il aurait été impossible de maintenir le GAP pour l’ensemble de la population », a-t-il expliqué par courriel.
Le GAP, c’est le Guichet d’accès à la première ligne. Ce service permet aux personnes sans médecin de famille d’obtenir un rendez-vous médical.
« Dans ce contexte, conjointement avec les équipes médicales du territoire, il a été décidé de ne pas déployer la ligne pédiatrique », a poursuivi Pascal Paradis.
Garder le GAP
Si vous appelez le 811 pour votre enfant et qu’on juge qu’il a besoin d’être vu, on vous dirigera effectivement au Guichet d’accès à la première ligne (GAP). Nous l’avons essayé.
Mais le GAP, il peine déjà à se déployer dans la région, faute d’effectifs. Entre Noël et le jour de l’An, c’était pire en raison des nombreux congés et de la tempête qui a rendu difficile les contacts avec certains médecins. Impossible de fournir un rendez-vous médical à l’intérieur d’une semaine, que ce soit pour un enfant ou un adulte.
À la suite de nos questions soumises sur le sujet au cabinet du ministre de la Santé, Christian Dubé, le CISSS a souhaité préciser ses propos.
« La ligne pédiatrique, ce n’est pas qu’elle n’a pas été mise en place, elle a été intégrée au GAP, contrairement à d’autres régions », a nuancé le Dr Jean-François Labelle, directeur des services professionnels du CISSS de la Côte-Nord. « Elle a été regroupée dans le GAP, parce que sinon, on n’était pas capable d’y arriver », a-t-il dit en entrevue.
« On a demandé à nos médecins de garder des plages horaires pour les enfants », a-t-il assuré. « Le principe demeure qu’on n’a pas beaucoup de médecins et pas beaucoup de plages toutes les semaines », a-t-il admis.
Le docteur ne s’en cache pas, la solution est loin d’être parfaite dans la région.
La communauté médicale n’a pas la capacité, non plus, de donner ce service-là mur à mur comme Montréal, avec sa centaine de cliniques sans rendez-vous et ses milliers de médecins qui sont en place.
« La communauté médicale n’a pas la capacité, non plus, de donner ce service-là mur à mur comme Montréal, avec sa centaine de cliniques sans rendez-vous et ses milliers de médecins qui sont en place. »
L’objectif du ministère de la Santé était que le service propose un rendez-vous dans un délai de 36 heures, partout au Québec. Dans la région, impossible de garantir ces délais. On fait ce qu’on peut « en fonction de nos capacités ».
Le ministre conscient
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a décliné notre demande d’entrevue. En réponse à nos questions, son cabinet nous a fourni une déclaration par texto.
« Il y a en effet des enjeux concernant des plages horaires pédiatriques sur la Côte-Nord. Des interventions sont réalisées présentement par le ministère pour régler la situation, car on sait qu’il s’agit d’une alternative concrète pour désengorger les urgences et que les enfants qui n’ont pas besoin de soins immédiats ne soient pas obligés de se rendre à l’urgence. On fait les suivis nécessaires avec le CISSS à ce sujet », a indiqué le cabinet.
« Par ailleurs, il est important de dire que notre objectif de prise en charge d’une demande au GAP est de 36 heures, et ce partout au Québec. On y travaille en tout temps avec chacun des établissements, notamment sur la Côte-Nord, pour y arriver », indique-t-on dans la déclaration.
« Le GAP est un autre moyen concret de s’assurer que les patients puissent avoir accès à des services de première ligne. Ceci étant dit, on est conscient que la situation est difficile dans les urgences partout au Québec et principalement sur la Côte-Nord. C’est justement pour ça qu’avec la cellule de crise, nous avons demandé à chaque établissement d’avoir une équipe de fluidité et un plan de surcapacité lorsque la situation le nécessite.»
De l’espoir
Reste que, depuis son implantation graduelle sur le territoire en juin, le GAP de la Côte-Nord a traité environ 3 200 appels. Sur ces appels reçus au 811, 97 % ne se sont pas soldés par une visite à l’urgence.
« Notre GAP est plus fonctionnel que celui de la Capitale-Nationale dans les derniers mois », a souligné le Dr Jean-François Labelle.
La situation devrait s’améliorer dans les prochains mois. On prévoit une croissance des équipes médicales d’ici le printemps, tandis qu’il manque des dizaines de médecins actuellement sur la Côte-Nord.
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