L’insécurité alimentaire plus préoccupante que jamais

Par Maxim Villeneuve 4:00 PM - 24 novembre 2022
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La Fondation Olo a révélé que 82 % des personnes sondées étaient préoccupées par leur capacité à se nourrir. Photo : Fondation Olo

Alors que l’inflation fait rage, de nombreuses familles doivent choisir entre nourrir l’enfant à la table et l’enfant à naître, rapporte la Fondation Olo. Celle-ci accompagne des milliers de femmes enceintes. Son plus récent sondage a révélé que l’insécurité alimentaire est importante dans les ménages à faibles revenus.

« Dans le rapport il y a des intervenantes qui ont réussi à mettre des mots sur des choses que j’observe souvent », exprime la nutritionniste du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord, Ariane Desrosiers.

Cette dernière décrit l’alimentation comme une dépense compressible, ce qui veut dire que l’achat de nourriture passe après les autres besoins de base. « Après avoir tout payé, on se dit ‘il faut aller faire l’épicerie, combien il nous reste ?’ », explique-t-elle.

L’inflation cause une augmentation du coût du panier d’épicerie augmente alors que le montant d’argent que les familles ont pour acheter de la nourriture diminue.

« Dans les gens qui ne sont pas à faibles revenus, il y en a qui ont de la misère à arriver et avant ils n’avaient pas ce problème-là. Imaginez pour les personnes qui sont à faibles revenus », déclare Mme Desrosiers.

La situation laisse croire qu’au moins 11 500 nouvelles femmes enceintes auront besoin de l’aide d’Olo cette année en raison de la vulnérabilité financière. Elles étaient 7 000 qui en bénéficiaient chaque année autrefois. Une augmentation importante de la demande de coupons a aussi été observée par l’organisation.

Sur la Côte-Nord, ce sont entre 50 et 55 femmes qui ont débuté un suivi Olo au cours des deux dernières années.

De graves conséquences

Une femme enceinte qui ne mange pas suffisamment cause des répercussions sur l’enfant à naître, selon la directrice générale de la Fondation Olo, Élise Boyer.

« Le plus inquiétant c’est la perte de l’opportunité de 1 000 premiers jours de vie, donc de la grosse à l’âge de deux ans. S’il y a un manque nutritionnel lors de cette période-là, ça peut avoir énormément d’impacts sur le développement », explique-t-elle.

Une alimentation insuffisante a aussi des conséquences pour la mère. « Pour la femme enceinte, souvent c’est à son propre détriment. Le corps de la femme est fait pour que le bébé à naître ne manque pas de nutriments, à défaut d’en donner moins à la mère », affirme Ariane Desrosiers.

Cette dernière rappelle l’importance de ne pas porter de jugement sur la situation alimentaire des familles en difficulté. « Je trouve que souvent on les juge un peu trop rapidement, révèle-t-elle. Mais, elles ne peuvent pas se demander si elles vont manger sainement, elles se demandent si elles vont manger tout court. »

De possibles solutions

« Est-ce qu’on peut éliminer l’insécurité alimentaire ? Bien c’est un beau grand rêve, mais je pense qu’il faut l’avoir comme société », déclare Élise Boyer.

À son avis, il faudrait d’abord faciliter l’accès au logement «parce que ça laisse plus d’argent de disponible pour l’épicerie ».

De son côté, Ariane Desrosiers recommande à ses clientes de cuisiner avec des protéines végétales, comme elles sont moins dispendieuses que d’autres sources de protéines. Elle note entre autres les légumineuses et le tofu.

Mme Boyer soutient que les dons sont davantage précieux en cette période d’inflation.

« À notre grande sensibilité pour la situation de ces familles s’ajoute la certitude qu’on peut faire la différence si on est soutenus et ça commence par nos donateurs », relate la directrice générale d’Olo.

Il est possible de faire des dons sur le site web de la Fondation Olo.

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