Enfin un lit de crise dédié aux personnes suicidaires sur la Côte-Nord

Par Charlotte Paquet 2:59 PM - 22 novembre 2022
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Dans quelques mois, le Centre de prévention du suicide Côte-Nord pourra offrir un lit de crise dédié aux personnes suicidaires, au grand bonheur de sa directrice générale, Gladys Tremblay. Des travaux d’agrandissement sont en cours dans l’édifice dont il est propriétaire.

La Côte-Nord est l’une des rares régions au Québec toujours privées d’un lit de crise dédié aux personnes suicidaires, mais la situation changera en mars 2023.

Des travaux d’agrandissement sont en cours depuis la mi-octobre au Centre de prévention du suicide (CPS) Côte-Nord, à Baie-Comeau. Ils permettront de bonifier l’offre d’un service dont la communauté a clairement besoin, selon sa directrice générale, Gladys Tremblay.

« Ce ne sont pas tous les gens qui veulent s’en aller en centre hospitalier lorsqu’ils sont démunis au niveau psychologique. Les gens se retrouvent en psychiatrie et souvent, ils ne veulent pas se retrouver dans cette aile-là », explique Mme Tremblay.

L’avènement d’un lit de crise aura aussi l’avantage de spécialiser le traitement. « On peut vraiment adapter la situation avec la personne. L’intervention va être plus personnalisée. Ça peut aller jusqu’à un accompagnement à la maison pour un retour à la normalité suite à des idées suicidaires », poursuit la directrice générale.

C’est par l’entremise de la ligne téléphonique d’intervention que le CPS ciblera la plupart des personnes en crise suicidaire « pas trop aigüe » qui gagneraient à être dirigées vers le nouveau service. La clientèle proviendra aussi, fort probablement, de gens qui terminent une hospitalisation en psychiatrie et qui ne se sentent pas prêts à retourner chez eux. Enfin, d’autres organismes pourraient recommander des personnes.

Mme Tremblay rappelle que pour les gens en danger imminent de passer à l’acte, la loi P38, qui permet de priver temporairement une personne de sa liberté dans la mesure où son état mental présente un danger pour elle-même ou pour autrui, sera appliquée. « Ceux-là, on ne pourra pas les prendre tout de suite. »

Durée de séjour

La durée de séjour maximale sera de 10 jours. Pendant cette période, les personnes en détresse, et sur place de façon volontaire, seront accompagnées pour réussir à voir une éclaircie dans leur vie.

Si un seul lit de crise peut sembler peu, Mme Tremblay indique qu’il n’est pas impossible qu’un deuxième soit ajouté plus tard, selon le besoin observé. L’espace créé par les travaux d’agrandissement de l’édifice le permettra.

Une clientèle provenant d’un peu partout sur la Côte-Nord est attendue. La directrice générale croit que des proches des personnes en détresse se rendront probablement disponibles pour les reconduire à Baie-Comeau s’il le faut.

Le nouveau service entraînera la création de trois postes et demi, soit deux d’agents d’intervention de nuit et un et demi d’intervenant téléphonique et de face-à-face le jour. Ces nouveaux employés s’ajouteront aux 10 déjà existants.

Cette semaine, des gens du CPS Côte-Nord sont en visite à Rimouski et à Trois-Rivières afin de constater leur façon de faire en termes de services d’hébergement et de soutien aux personnes en crise suicidaire.

Une accession à la propriété gagnante

Il y a un an à peine, le Centre de prévention du suicide (CPS) Côte-Nord n’aurait jamais pu offrir un lit de crise pour les personnes suicidaires, car il manquait d’espace dans ses locaux. L’achat d’une propriété à quelques jets de pierre sur la rue De Puyjalon à Baie-Comeau a changé la donne.

Propriétaire depuis janvier d’un bâtiment qui abritait auparavant un bureau de notaires, le CPS y a emménagé en avril 2022, soit le temps de réaliser le réaménagement nécessaire.

L’administration loge au premier étage du bâtiment et le secteur de l’intervention, au deuxième. On aperçoit la directrice générale du Centre de prévention du suicide Côte-Nord, Gladys Tremblay, dans son bureau.

Financièrement, le centre y gagne avec des frais annuels moins élevés. Logistiquement parlant, les lieux sont aussi plus adaptés. Tout le secteur de l’intervention se concentre au deuxième étage, tandis que l’administration loge au premier.

Quant au sous-sol, il fait partie du projet d’agrandissement en cours pour l’aménagement d’un lit de crise (voir autre texte) et des services qui viendront avec.

Pour la communauté

Mais pour la directrice générale du CPS, Gladys Tremblay, il y a plus encore. « Depuis mon arrivée (à la direction générale) que je pensais à ça, avoir pignon sur rue, être ouvert à la communauté. Que les gens peuvent venir ici, venir référer quelqu’un, rencontrer (un intervenant) en face à face (et lui dire) j’ai quelqu’un et je suis inquiet pour lui, qu’est-ce que je dois faire? », raconte Mme Tremblay.

« D’être plus accessible et de personnaliser une intervention quand une personne est en détresse, pour moi, c’était vraiment quelque chose que je voulais », ajoute-t-elle.

L’acquisition de la maison, son réaménagement et ses travaux d’agrandissement représentent un budget de 480 000 $.

Rappelons qu’en 2021-2022, le CPS a été confronté à un bond de 30 % des demandes d’aide de la clientèle des 18 ans et moins. Souci de performance et conséquences de l’école à distance pendant la pandémie ont augmenté le degré d’anxiété des jeunes.

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