Merci – Tshinushkumitin

Par Sylvie Roussy 7:00 AM - 12 novembre 2022
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Photo pixabay

J’ai eu des discussions fort stimulantes avec des amis et des collègues, à la suite du forum sur l’éducation autochtone tenu à Uashat mak Mani-utenam. Ces discussions m’ont ramenée plusieurs années en arrière, comme on le disait jadis. Je suis née à Sept-Îles dans le quartier Marie-Immaculée. Je peux vous parler d’une époque où le vivre-ensemble était assez différent d’aujourd’hui dans nos écoles.

Une école, c’est une micro-société, un microcosme. Regardez les adultes autour de vous et vous aurez, en un clin d’œil, une vision nette de la population d’une école.

Observons-nous: nous constatons autant d’exemples de citoyens positifs, aimables et à la recherche de solutions que d’exemples de citoyens impolis et chamailleurs. Ce n’est pas différent à l’école.

Ceci dit, depuis plus d’une décennie, le projet de loi 56 contre la violence et l’intimidation a permis de mieux circonscrire les interventions à mettre en place dans les cas particuliers de misogynie, d’homophobie, de racisme, de dénigrement socio-économique…

Je sens une évolution certaine dans les interactions entre les élèves de diverses cultures. Et le rôle des écoles a été important dans cette évolution.

J’ai en tête plusieurs exemples où l’enseignement des interactions positives a été le début d’une ouverture sur l’autre. Je pense également au rôle important des parents qui cimentent l’harmonie et le pacifisme dans leurs gestes au quotidien. Je conserve des souvenirs d’exemples émouvants.

Lors de l’organisation d’un spectacle dans une école, les jeunes artistes étaient divisés en sous-groupes. Un de ces sous-groupes était composé de deux jeunes filles innues et une jeune allochtone. Une maman innue avait proposé alors d’encadrer ce groupe pour montrer la danse des jeunes filles avec leurs jolies robes à clochettes. Elle avait même fabriqué un costume pour la jeune fille non innue.

Avant le numéro, la maman avait eu la bonne idée d’allumer un bouquet de sauge pour ouvrir le spectacle. Elle avait eu également la juste intuition d’expliquer en quoi consistaient ces moments propres à la culture innue. Tous les spectateurs, adultes comme jeunes, avaient reçu ces moments comme un cadeau. Encore aujourd’hui, j’en suis émue.

À un autre moment, les enseignantes de maternelle d’école québécoise et innue avaient préparé un échange culturel pour célébrer Noël. Ce fut un événement marqué de joie et de découvertes tant chez les invités innus que chez les invités allochtones.

D’un côté, je me souviens avoir vu les chemises carreautées, les violons et les accordéons, la dinde, et la bûche; de l’autre, l’accueil dans un abri sentant bon le tapis d’épinettes et la banique séchant sur le poêle à bois.

Enfin, je conserve un impérissable souvenir de Mme Lucie qui a piloté un projet pendant quelques années, en 3e année du primaire. Cette enseignante originaire de Natashquan avait une sensibilité particulière lorsqu’elle enseignait l’histoire à ses élèves.

Il lui a toujours semblé qu’il manquait un morceau à son programme d’enseignement. De concert avec l’Institut Tshakapesh, elle a organisé des ateliers d’art, mais surtout, des soirées d’ateliers sur la culture innue, où les élèves assistaient à des ateliers sur la médecine traditionnelle, sur les vêtements traditionnels, sur la chasse, la pêche et la fourrure et sur la langue innue.

Les élèves qui ont vécu ces activités se sont comptés chanceux d’être au cœur de ces découvertes.

Ce ne sont que quelques exemples qui m’ont rendue fière de faire partie d’une école active contre le racisme, pour la découverte de l’autre, pour l’harmonie. Je gage que ces jeunes, une fois adultes, seront des catalyseurs vers une meilleure cohésion sociale.

En attendant, chers adultes, prenons exemple sur nos enfants et comportons-nous correctement entre nous, peu importe notre origine, notre classe sociale, notre appartenance.

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