Fermeture de Schefferville : Sept-Îles aussi impactée

Par Vincent Rioux-Berrouard 8:30 AM - 8 novembre 2022
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Schefferville. Photo courtoisie

La fermeture de la mine d’IOC à Schefferville en 1982 n’aura pas que des conséquences sur cette communauté. Sept-Îles souffrira elle aussi.

En mettant fin à l’exploitation des mines à Schefferville, IOC cessait aussi les opérations à l’usine de boulettage de Sept-Îles qui était alimentée par ce minerai de fer.

Ce qui sera appelé la crise du fer sur la Côte-Nord affectera la région durant de nombreuses années.
Un témoin privilégié de cette époque fut le journaliste au Journal le Nord-Est à l’époque, Jean-Guy Gougeon.

Il rappelle que les signes de problèmes dans l’industrie minière avaient déjà commencé à la fin des années 1970, avec des mises à pied. La hausse des coûts de production, notamment avec l’augmentation du prix du pétrole et la faible concentration du minerai de fer de Schefferville, a finalement mené à l’annonce fatidique de 1982.

L’impact sur la ville de Sept-Îles se fut sentir rapidement, déclare Jean-Guy Gougeon.

« Lorsqu’ils ont fermé la mine à Schefferville, c’était inévitable que ça se répercute sur les installations à Sept-Îles », dit M. Gougeon.

Le journaliste qui compte plus de 50 ans de métier se souvient avoir vu de nombreux immeubles à logements placardés. Conséquences de la vague de personnes ayant quitté la ville.

Pour parler de cette époque, il n’hésite pas à dire qu’il y a eu une cassure à partir de 1982. Il y a eu un Sept-Îles avant et un Sept-Îles après.

« Quand on perd autant de monde comme on a connu à Sept-Îles dans les années 1980, ça fait boule de neige par la suite. Il y a moins de consommateurs, ce qui fait que des commerces ont fermé. Il y a des épiceries ou des magasins à grande surface qui ont fermé », déclare M. Gougeon.

Selon Statistique Canada, entre 1981 et 1986, Sept-Îles a perdu 4 000 résidents.

« Dans les années 1970, l’Iron Ore avait 9 000 employés. Avec la crise, elle est passée à 2 500. Pour vous montrer comment ça allait mal à Sept-Îles, c’est l’hôpital qui devenue le plus gros employeur », explique Jean-Guy Gougeon.

Il a joué son avenir politique

Durant cette période à Sept-Îles et à Schefferville, difficile de ne pas parler d’un personnage qui a eu un rôle important, Brian Mulroney.

En 1982, c’est lui qui a dû annoncer la fermeture de la mine de Schefferville. Il était président de l’IOC à cette époque.

« Il a joué sa carrière politique », souligne d’emblée Jean-Guy Gougeon.

Le fait qu’il ait pu obtenir des montants raisonnables en indemnités pour les travailleurs d’IOC aura permis d’adoucir les conséquences de cette fermeture. Sans cela, il aurait été difficile d’envisager une victoire à la chefferie du Parti progressiste-conservateur en 1983, suivi par son élection comme premier ministre du Canada en 1984.

« Mulroney poursuivait deux objectifs à l’époque. Il voulait que les mises à pied se fassent de façon humaine et il ne voulait pas mettre en danger son avenir politique », explique M.Gougeon.

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