Deux ans après un accident sur la 138, un couple vit toujours avec de lourdes conséquences

Par Marie-Eve Poulin 6:00 AM - 20 octobre 2022
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Nancy Duchesne et Alain Soucy vivent tous deux avec des séquelles de l’accident.

Le 6 janvier 2020, un accident de la route est passé près d’être fatal pour Nancy Duchesne et son conjoint Alain Soucy.

Par une journée ensoleillée, le couple est parti de Clarke City pour aller travailler à Sept-Îles. C’était une belle journée, la chaussée était normale et rien ne laissait présager qu’ils passeraient à un cheveu de perdre la vie.

Arrivé à l’intersection de la route 138 et du chemin de la Pointe Noire, connaissant le comportement parfois dangereux des automobilistes dans ce secteur, M. Soucy porte une attention particulière aux véhicules à l’intersection. Malgré sa vigilance, un véhicule qui n’a pas respecté la priorité de passage traverse la route devant leur véhicule. Trop tard pour s’arrêter, un cri, une collision et tout s’éteint l’espace d’un moment pour le couple qui perd conscience.

« J’ai juste eu le temps de crier “il vire”, parce que je l’ai vu virer. J’ai juste eu le temps de me tasser vers mon mari et j’ai perdu carte, plus de sons, plus d’images », raconte Nancy Duchesne.

Alain Soucy est le premier à se réveiller, suite à l’impact. Il tente de réveiller sa conjointe qui ne réagit pas.

« J’étais certain qu’elle était morte », dit Alain Soucy.

Surpris « de ne pas être blessé », sous le choc, il sort de la voiture confus.

Mme Duchesne reprend connaissance. Hurlant de douleur, elle cherche à comprendre ce qui se passe, mais les coussins gonflables l’empêchent de voir autour.

« J’ai vu mon mari à travers une craque et mon père qui était là aussi (il était le véhicule derrière eux par pur hasard) puis qui venait me voir. Je criais papa et il m’a répondu qu’il avait un rendez-vous au garage et il est parti. Il était sous le choc ! », dit-elle.

Puis une dame, Annie Méthot, arrive pour lui venir en aide. Elle est restée auprès d’elle jusqu’au départ en ambulance.

Séquelles

Mme Duchesne a eu la coiffe du rotateur du coude déchirée et le nerf cervical coincé, ce qui lui cause des maux de tête. Un choc post-traumatique vient aussi impacter de manière importante sa vie.

« Même après 1 an, j’ai essayé de refaire la route jusqu’à Clarke City et je suis dans l’incapacité totale de le faire, malgré les suivis psychologiques que j’ai eus, la médication et les thérapies. J’ai donc été dans l’obligation de vendre, à contrecœur, ma maison que j’aimais, où j’ai élevé ma famille, et ce, à la presse en temps de COVID, ce qui n’a pas été évident », dit-elle avec émotions.

Elle raconte être restée avec un stress en voiture, lorsqu’elle voit des véhicules tourner.

« J’ai le syndrome de la personne qui est fatigante en auto, je ne suis pas plaisante. Je n’aime plus voyager non plus », dit-elle triste de tous ces impacts sur sa vie.

Alain Soucy est retourné au travail quatre jours après son accident, de peur de perdre son nouvel emploi. Malgré des entorses et une blessure au cou « whiplash ». Il ne sent plus sa nuque, ses épaules et ses mains. Il a dû démissionner tout récemment, parce qu’il commençait à trembler.

« Ma vie est affectée à vie, mais personne ne se soucie de ça, c’est ça qui est le pire. Nous autres, on paye pour ça, mais on est quoi là-dedans ? C’est de notre faute ? C’est ça qui nous garde une rage face à ça. C’est nous qui sommes punis dans ça », dit M. Soucy.

« Ça fait un an qu’on est en ville et qu’on essaie de surmonter tout ça. On s’accroche à la vie », dit-elle avec émotion, mais tout en gardant espoir.

Démarches infructueuses

Le couple a fait la demande au conseil municipal pour qu’ils fassent les démarches auprès du MTQ, pour l’installation d’un feu de circulation, demande qui a été refusée.

« En se basant sur les données quant au nombre et à la nature des accidents, il ne s’agit pas d’un site accidentogène. Le marquage de l’intersection (resserrement au niveau de la ligne d’arrêt) a toutefois été légèrement revu, à la suite du dernier accident en 2019 », rapporte Sarah Gaudreault, responsable des communications du MTQ.

« Pourtant j’ai eu un lot de messages de gens qui ont eu un accident, un passé proche », dit Mme Duchesne qui ne comprend pas la décision du MTQ.

« Ils attendent combien de pertes de vie ? », dit Mme Duchesne.

« Je pense qu’ils ne prennent pas ça au sérieux. En 2022 je pense qu’on en est rendu là au niveau de la sécurité. Si on peut sauver quelques vies avec la lumière tant mieux », conclut Alain Soucy.

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