Premier Tech teste une nouvelle technologie de récolte à Pointe-aux-Outardes

Par Charlotte Paquet 6:00 AM - 11 octobre 2022
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La nouvelle techologie permettrait de récolter la tourbe autrement qu’à l’aide d’aspirateurs et serait plus protectrice pour l’environnement. On aperçoit ici des installations de Premier Tech à Pointe-Lebel. Photo courtoisie

Premier Tech transporte à Pointe-aux-Outardes la dernière étape d’un projet de recherche qui pourrait révolutionner le domaine de la récolte de tourbe dans le monde. Et si les résultats attendus d’ici deux à trois ans répondent aux attentes, la région de Baie-Comeau et toute la Côte-Nord en tireront aussi profit.
C’est du moins ce que prévoit Bernard Bélanger, président du conseil de Premier Tech. Il voit grand pour ce projet enclenché à Rivière-du-Loup il y a quatre ans avec des recherches menées principalement en laboratoire, puis qui s’est poursuivi dans des bureaux au Nouveau-Brunswick.

Le président du conseil de Premier Tech, Bernard Bélanger, voit grand pour le projet de recherche qui se transporte à Pointe-aux-Outardes afin d’accoucher éventuellement d’une nouvelle technologie de récolte de tourbe. Photo courtoisie

L’entreprise, dont le siège social est à Rivière-du-Loup et qui possède des installations de production et de transformation de tourbe à Pointe-Lebel, espère mettre au monde une nouvelle méthode de récolte plus propre que celle impliquant les aspirateurs actuels, utilisés dans 90 % des activités de récolte dans le monde.

« C’est d’avoir une méthode différente. On a coupé à la bêche (dans les débuts). On a aspiré. Maintenant, on cherche une nouvelle façon de produire de la tourbe qui serait plus protectrice au niveau de l’environnement et moins désagréable pour nos gens », indique le grand patron. « On veut éliminer tout ce qui peut agacer les gens, comme la poussière, le bruit, la nappe phréatique (dommages). »

M. Bélanger rêve de voir cette nouvelle méthode être exportée un peu partout sur la planète. Premier Tech à Rivière-du-Loup étant le plus grand fournisseur de technologies de production de tourbe dans le monde. « Quatre-vingts pour cent des nouvelles technologies ou des équipements sont produits dans nos usines soit de Rivière-du-Loup ou de nos usines en Europe, mais ces technologies partent de Rivière-du-Loup. »

Un grand potentiel

Premier Tech considère que le futur de cette technologie passe par Pointe-aux-Outarde et ses vastes terrains, partie intégrante de droits miniers de plus de 10 000 acres qu’elle possède et qui couvrent aussi Pointe-Lebel. Actuellement, à peine 10 % de cette seule et même tourbière sont en production.

« On a choisi après avoir regardé Rivière-du-Loup et les environs. On a regardé au Nouveau-Brunswick, où on a des terrains aussi. On a dit le potentiel est beaucoup plus grand à Pointe-aux-Outardes. Il y a plus d’avenir là, l’espace est grand. C’est là qu’on va établir et qu’on va s’assurer que cette technologie-là va fonctionner », ajoute M. Bélanger, tout en notant la collaboration de l’Université Laval pour le volet scientifique des recherches. « Ce qu’on peut dire comme industriel, il faut que scientifiquement on puisse le prouver. »

Quelques travaux ont été réalisés en 2022, mais la recherche sur le terrain s’intensifiera véritablement en 2023. « Actuellement, au niveau de la production de Pointe-aux-Outardes, c’est minime. On travaille une heure et on reconstruit la machine pendant deux heures. On fait l’essai d’équipements qui ont été fabriqués en usine et qu’on amène sur le terrain. Sur le terrain, on découvre la vérité (avec) la technologie qu’on pensait qui pourrait fonctionner. C’est un projet de recherche. »

Le président de Premier Tech continue de se croiser les doigts pour la réussite du projet de recherche. Si tel est le cas, la production industrielle commencera à Pointe-aux-Outardes. L’usine déjà en place dans la municipalité voisine, qui embauche une cinquantaine de personnes, serait agrandie et transformée en conséquence.

La Côte-Nord gagnante

Toute la région pourrait sortir gagnante avec cette technologie novatrice. « La Côte-Nord va devenir importante parce qu’il y a beaucoup de réserves de tourbe sur la Côte-Nord. Les terrains et le type de tourbe seraient peut-être très avantageux pour ce type de récolte-là », indique M. Bélanger. Dans les faits, il pense la même chose des régions nordiques du Québec.

Premier Tech possède d’autres droits miniers sur la Côte-Nord, soit dans la région de Sept-Îles. Une usine a déjà été en activité, mais elle a fermé. La nouvelle technologie pourrait peut-être entraîner sa réouverture, croit le grand patron.

À près de 89 ans, Bernard Bélanger demeure impliqué de son entreprise. Il se considère chanceux de bénéficier d’une relève familiale de première et même de deuxième génération.

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