Qu’est-ce qu’un bon chien?

Par Stéfan Marchand 8:00 AM - 8 octobre 2022
Temps de lecture :

Photo courtoisie

Un sondage pancanadien réalisé par Modern Dog Magazine en 2013 posait la question suivante : qu’est-ce qu’un bon chien? 73% des répondants québécois ont répondu un chien obéissant.

74% des répondants des autres provinces ont répondu un chien avec un bon tempérament.

Oui bon, c’était en 2013, les choses ont probablement évolué depuis, n’empêche que le Québec a encore aujourd’hui tendance à se démarquer du reste du Canada question chien, et rarement pour le mieux.

Le Québec bon dernier!

Nous sommes les champions canadiens des abandons en refuge, des mises à mort* et des morsures. Pas de quoi être fier. Mais pourquoi en est-il ainsi? Est-ce parce que les chiens des autres provinces sont différents des chiens québécois? Pas vraiment. Serait-ce plutôt parce que les Québécois n’offrent pas le même encadrement, n’ont pas les mêmes croyances et méthodes que les autres Canadiens? Bingo! Le premier déterminant du comportement d’un chien est son environnement (y compris les humains qui en font partie). Modifier l’environnement du chien modifie le comportement du chien est un principe de base en éducation canine.

L’obéissance, oui mais…

Que les Québécois souhaitent un chien obéissant n’est pas problématique en soi. L’obéissance est légitime et louable, elle assure une part importante de la sécurité du chien et du confort des gens. Ce qui est problématique est que cet objectif se fait trop souvent au détriment de la satisfaction des besoins secondaires (ceux qui assurent le bien-être du chien), de la socialisation et du confort du chien. Or, non seulement le bien-être du chien devrait être priorisé bien avant son obéissance, mais vous vous doutez bien qu’un chien confortable, confiant, bien socialisé et dont les besoins de base sont satisfaits, apprend mieux et plus rapidement.

Le fameux chef de meute

Depuis 30 ans, plusieurs études** ont démontré qu’il n’y a pas de relation hiérarchique entre l’humain et le chien, ni entre chiens, sauf en de très rares occasions qui sont appelées hiérarchie situationnelle.

Vouloir obtenir l’obéissance de son chien en tentant d’être un chef de meute est un non-sens. Il n’y a pas un animal sur Terre qui veut plus collaborer avec vous que votre chien. La punition non plus n’a pas de sens pour un chien, tout ce qu’il apprend avec la punition c’est l’inconfort, la méfiance et éventuellement l’agressivité. Sa mère ne l’a jamais puni parce que la punition ne fait pas partie de l’éducation des canidés. La seule espèce qui utilise la punition est l’humain.

Le chien n’a pas la capacité de recevoir une punition, de faire un lien avec la raison de cette punition et d’apprendre de cette expérience ce qui est attendu de lui.

Par contre, le chien a un immense talent à exprimer et à répéter un comportement qui est renforcé par une gâterie ou une caresse.

L’obéissance n’est pas le CONTRÔLE du chien, elle est la COLLABORATION du chien.

Ma définition d’un bon chien

Un bon chien est en santé, heureux, socialisé et ses besoins primaires et secondaires sont satisfaits. Il est confortable en société, il ne craint pas l’humain. Un chien qui, tout en pouvant exprimer sa vraie nature, demeure en harmonie avec les humains.

Si je dois choisir entre le tempérament et l’obéissance? Définitivement le tempérament. Mais la vérité est que les deux sont possibles et compatibles.

Et si avant de se poser la question qu’est-ce qu’un bon chien, on se demandait ce qu’est un bon gardien?

Flatouilles à vos toutous!

* On met à mort à cause d’un comportement non-désiré ou d’un problème de surpopulation. L’euthanasie est plutôt un geste médical bienveillant pour mettre fin aux souffrances de l’animal.

** : Par exemple : Bradshaw, Dominance in domestic dogs: Useful construct or bad habit? University of Bristol (2008)

Partager cet article