Chronique | Démographie, on a raison de s’inquiéter!

Par Réjean Porlier 3:00 PM - 31 août 2022
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Le premier impact d’une faible démographie est sans contredit le poids de celle-ci sur les décisions que prennent nos gouvernements, tant à Québec qu’à Ottawa. Un citoyen, c’est avant tout un électeur et la première préoccupation d’un gouvernement, c’est d’être élu. Pour y arriver, ça prend des électeurs, c’est bête comme ça. Plus il y en a, plus le message porte et c’est particulièrement vrai en temps d’élections.

Bref, la première menace à notre enjeu démographique, c’est notre faible démographie elle-même et plus elle diminue, moins le message pour renverser la tendance est entendu.

C’est ce que j’appellerais le cercle vicieux de la démographie et à l’approche du prochain seuil psychologique que représente la barre des 90 000 habitants sur la Côte-Nord, il y a certainement lieu de s’inquiéter et de provoquer le renversement de cette inquiétante tendance à la baisse des dernières années.

C’est un secret de polichinelle, une grande partie de nos enfants quittent pour les études et la majorité d’entre eux s’établissent à proximité de l’endroit où ils obtiennent leur diplôme.

Ajoutez à cela l’exode de nos retraités qui veulent se rapprocher de leurs enfants et de leurs petits-enfants et vous obtenez une région qui se vide par les deux bouts.

Donc, pour renverser la tendance démographique, il faut prioritairement s’attaquer au phénomène de la diplomation. Attirer des travailleurs de l’extérieur, c’est bien et nécessaire, mais combien d’entre eux choisiront de rester lorsqu’à leur tour ils verront leurs enfants quitter pour les études.

Miser sur nos enfants qui ont un sentiment d’appartenance pour la région, j’en suis persuadé, c’est l’élément clé de toute stratégie sérieuse qui vise le renversement de la tendance démographique.

Bien d’autres mesures sont nécessaires comme l’accès à du logement et des transports abordables pour tous, à des infrastructures de loisir variées et de qualité etc, mais je persiste et signe, la diplomation locale du plus grand nombre doit être la pierre angulaire de la stratégie et ce dossier-là doit se travailler en étroite collaboration avec notre gouvernement provincial.

D’abord nous assurer que le gouvernement du Québec, notre ministre de région et naturellement nos députés portent cet enjeu, ensuite les commettre sur une stratégie pour lutter contre notre ennemi numéro un : l’atrophie programmée de notre région, résultat d’une démographie en chute libre.

D’abord la reconnaissance publique du phénomène, ensuite l’adoption d’un plan d’action rigoureux et ambitieux avec obligation de résultats concrets.

N’en doutez pas, le cercle vicieux qui nous ramène à nos origines s’accélère. Il n’y a pas si longtemps, la région faisait office de garde-manger pour le reste du Québec. Une région ressource qu’on habitait le temps d’une carrière.

Et la Loi sur l’occupation et la vitalité des territoires dans tout ça?

Il y avait certes de bonnes intentions derrière cette Loi, mais de toute évidence, les résultats ne sont pas au rendez-vous et personne au gouvernement ne semble s’en formaliser.

Le ministre Libéral Martin Coiteux, sous le gouvernement de Philippe Couillard, a fait faire un pas de géant à cette Loi lorsqu’il décidait de permettre aux acteurs locaux d’établir eux-mêmes leurs priorités régionales, invitant les ministères à ajuster leur planification stratégique en fonction de celles-ci.

Cependant, il reste beaucoup à faire sur le rendre-compte et l’obligation de résultat. Sans cette obligation, même une Loi demeure de la poudre aux yeux. Une région comme la nôtre se dévitalise, alors qu’il devient fréquent de voir des travailleurs venus de l’extérieur réclamer des horaires qui facilitent le « fly in/fly out» pour ne pas déménager leur famille. Un phénomène accéléré par la rareté de la main-d’œuvre.

Il faut voir grand pour la Côte-Nord et surtout être unis dans le message que nous livrons, ce qui implique de poursuivre le rapprochement avec les communautés autochtones. Soyons fiers de ce que nous sommes et continuons d’exiger le retour de l’ascenseur pour toutes ces ressources qui sortent du territoire. à

Alors, questionnons ceux et celles qui réclament le pouvoir : à quand cette stratégie ambitieuse pour la Côte-Nord?

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