Des Innus d’Essipit intimidés à l’arme à feu pendant une partie de pêche aux homards

Par Johannie Gaudreault 10:11 AM - 21 juillet 2022
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Des membres de la communauté d'Essipit ont été intimidés à l'arme à feu alors qu'ils pêchaient le homard à Longue-Rive. Photo : Cariboumag

Des membres de la communauté du Conseil de la Première Nation des Innus Essipit (CPNIE) ont été intimidés à l’arme à feu, selon l’organisation innue, alors qu’ils pratiquaient la pêche aux homards sur les battures de Longue-Rive le 15 juillet. « Une intimidation grave et inadmissible » dénonce la communauté.

Les événements se sont déroulés en fin d’avant-midi dans le secteur de l’église de Longue-Rive.

« Une famille d’Essipiunnuat, constituée de trois adultes et de deux enfants, s’adonnait à la pêche aux homards lorsqu’une balle, présumée tirée d’une carabine, a terminé sa course dans la vase à très courte distance de l’un des enfants du couple. Le sifflement du projectile a été entendu avant l’impact », dénonce Marie-Eve B. Théberge, conseillère en communications au Conseil de la Première Nation des Innus Essipit.

Une enquête est actuellement en cours par la Sûreté du Québec, qui a été rapidement informée de la situation. L’incident a eu l’effet d’une onde de choc auprès des élus et de la communauté d’Essipit.

« Notre communauté n’a jamais été victime d’un acte d’une telle violence. User d’une arme à feu envers des humains, de surcroît en présence d’enfants, nous laisse sans mot », déclare le chef de la communauté, Martin Dufour précisant que le CPNIE collabore actuellement à l’enquête de la Sûreté du Québec.

La préfète de la MRC de La Haute-Côte-Nord, Micheline Anctil, joint sa voix à celle du chef de la communauté à l’effet que de tels gestes sont « préoccupants et absolument inacceptables ».

« La cohabitation harmonieuse, la compréhension commune et une saine communication entre citoyens et entre communautés sont des principes de base qui devraient dicter nos actions », tenait-elle à faire savoir.

Considérant l’enquête en cours, aucune entrevue n’est accordée par le CPNIE.

Les pêches ASR

Tout comme d’autres Premières nations au Canada, les membres de la Première Nation des Innus Essipit sont autorisés, en vertu de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982, à pêcher le homard à des fins alimentaire, sociale et rituelle (ASR). Leur zone s’étend de la Pointe rouge à Tadoussac jusqu’au quai de la Traverse de Forestville.

En vertu de ce droit collectif, les pêcheurs autochtones désignés sont autorisés à attraper ce qui est nécessaire pour eux-mêmes ou leur communauté. « À Essipit, les pêches ASR font l’objet d’une réglementation interne afin de garantir la pérennité de la ressource et la protection de son environnement », précise Mme Théberge, par voie de communiqué.

Ainsi, le produit de la pêche ne peut pas être vendu, troqué ou échangé. Pour encadrer ce droit reconnu par la Cour suprême du Canada, Pêches et Océans Canada délivre des permis ASR à certaines communautés autochtones canadiennes pour diverses espèces, dont le homard.

« Il s’agit d’un droit prioritaire, après la conservation, par rapport aux pêches commerciales et récréatives », soutient le service des communications de Pêches et Océans Canada.

Pour la pêche aux homards, des procédures strictes encadrent la pratique : tout membre intéressé doit suivre une certification pour obtenir son droit de pêche. Les pêcheurs ont également l’obligation de remettre à l’eau tous les homards de 83 mm et moins ainsi que les femelles œuvées, respecter un quota et noter leurs prises dans un carnet du pêcheur.

De plus, « des agents des pêches sont présents afin de veiller au respect des mesures. Ils collaborent d’ailleurs avec la communauté pour assurer la conformité de cette pêche ASR », mentionne l’organisation gouvernementale.