De culture à agriculture

Par Marie-Eve Poulin 6:00 AM - 19 juillet 2022
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Virginie Lamontagne est fière de se lancer dans l’aventure qu’est la permaculture. Avec Ça pousse icitte, elle offre une grande variété de produits frais locaux. Photo courtoisie

C’est humblement que Virginie Lamontagne quittera son poste de coordinatrice à Télé-Québec pour devenir agricultrice. Son désir de faire connaître de nouveaux produits sains et son espoir de faire une place à l’agriculture sur la Côte-Nord alimentent sa passion.

Dans le domaine de la culture depuis les vingt dernières années et passionnée par ce métier, elle sentait tout de même l’appel grandissant de l’agriculture. Petit à petit, il y a un an et demi, elle a entamé les démarches vers son rêve et démarré son projet de permaculture jusqu’à décider de faire le grand saut et quitter son emploi en août prochain pour vivre de cette passion.

L’entrepreneure fait la culture intérieure de micro-pousses de nombreux végétaux comestibles aux goûts surprenants et aux valeurs nutritionnelles des plus intéressantes. Pour l’instant, son entreprise de germination est d’une superficie d’un quart d’âcre et dessert jusqu’à maintenant une clientèle d’environ une cinquantaine de particuliers et quelques entreprises locales.

Des restaurateurs locaux utilisent les pousses dans certaines de leurs recettes et le Renard Bleu ajoute les pousses aux paniers biologiques à raison d’une semaine sur deux. Mme Lamontagne aimerait aussi pouvoir vendre ses produits au marché public sous la tente jaune cet été.

Elle veut que ses produits restent locaux pour garder la fraîcheur et respecter les valeurs de l’entreprise. Toutefois, elle pourrait élargir sa distribution à la suite d’un intérêt de la part d’une entreprise de Baie-Comeau.

Pour passer une commande ou voir les produits disponibles, rendez-vous sur la page Facebook Ça pousse icitte.

Faire une place à l’agriculture sur la Côte-Nord

Sans vouloir être alarmiste, Virginie Lamontagne a constaté les problèmes d’approvisionnements à l’international. Elle croit que cette situation doit nous faire réaliser que nous ne sommes pas à l’abri d’une rupture de stock. Elle souhaite voir un plus grand nombre de producteurs et une participation de la MRC pour le zonage.

«Ce serait vraiment bien de se relever les manches et collaborer tout le monde ensemble pour qu’on soit un peu plus résilients et souverains sur ce territoire-là au niveau alimentaire», dit-elle.

Elle croit que pour répondre aux besoins alimentaires de la région, il faudrait environ 300 agriculteurs diversifiés sur le territoire. Toutefois, il est difficile d’attirer ce type d’entreprise en raison des règles de zonage et du type de sol qui ne convient pas à tous les produits. Il n’est pas impossible de réaliser ces projets, il faut simplement y mettre un peu plus d’amour et de temps.

À une époque où les gens devaient être un peu plus autonomes, chacun avait son petit jardin et cultivait ses aliments. Puis, avec le temps, ce mode de vie s’est transformé en laissant derrière eux l’agriculture.

Elle explique qu’il y a beaucoup de développement qui est à faire avec la Ville et la MRC, pour le zonage agricole.

«Je trouve qu’on traîne de la patte un petit peu. Peut-être parce que le domaine minier est plus fort dans la région et qu’il n’est pas évident de libérer certaines terres qui pourraient avoir d’autres types d’exploitation, mais je pense qu’un moment donné, il faut que tout ça puisse cohabiter», ajoute-t-elle.

«Se nourrir, ça reste quand même à la base», dit-elle en riant.

Un petit côté politique reste à développer, mais l’entrepreneure croit qu’avec les initiatives actuelles des producteurs locaux, cela fait en sorte que les gens sont plus conscients de la présence des producteurs dans la région.

Elle ajoute que nous avons la chance de vivre avec la communauté autochtone qui a à cœur la nature. Il serait donc bien de partager et échanger sur les savoir-faire, ce qui apporterait parle fait même une très belle dynamique entre les communautés.

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