Un promoteur achète 555 logements et compte y faire le ménage

Par Marie-Eve Poulin 12:00 PM - 31 mai 2022
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Des améliorations qui pourraient changer le portrait du marché locatif. Photo Alexandre Caputo

Un promoteur immobilier fait l’acquisition de 555 des 2500 unités de logements que compte Sept-Îles. Il dit vouloir désormais loger « des gens de qualité » au Jardins de Chambord, au 200 Régnault et aux Immobilières Joie de Vivre.

Le projet de réaménagement puis de modernisation au goût du jour et à la fine pointe de la technologie de ces logements pourrait bien venir changer le portrait du marché locatif dans la région.

Le groupe Devcore a fait l’acquisition des Jardins de Chambord et du 200 Régnault, le 17 janvier dernier. Sous peu, ils seront aussi propriétaire des Immobilières Joie de Vivre.

« Devcore a de la classe, ce n’est pas une place où les gens se droguent où se prostituent. Ça, on n’en a pas dans nos immeubles et on n’en accepte pas non plus, on ne tolère pas ça et on est assez sévère là-dessus », lance en entrevue Jean-Pierre Poulin, directeur de Devcore.

Il est l’un des trois principaux responsables du projet de réaménagement des immeubles locatifs septiliens.

Dès l’âge de 18 ans, Jean-Pierre Poulin, achetait son premier immeuble à logement. À 20 ans, il possédait déjà une quarantaine d’unités. Il dit avoir toujours aimé ce qu’il fait et vise l’amélioration de ses projets qui, selon lui, ont bonne réputation.

Le promoteur affirme haut et fort qu’il ne souhaite pas avoir n’importe qui comme locataire.

« On travaille souvent avec les policiers, on implique la Ville, on essaie de leur trouver une place, parce que c’est souvent des problèmes de santé mentale », dit-il en parlant de certains qu’il juge dérangeant.

« Ce n’est pas notre mission, ce n’est pas notre mandat. On veut aider les gens, on ne veut pas de mal à personne, mais avoir quelqu’un qui a un problème de santé mentale, qui se drogue et qui fait des ‘’badtrip’’ à 3h du matin, ça fait que les bons locataires veulent s’en aller », évoque Jean-Pierre Poulin.

Cependant, le directeur de l’entreprise immobilière mentionne qu’il offre parfois du soutien à cette clientèle locative qu’il estime « problématique ».

« On a placé quelques personnes dans des endroits où ils peuvent vraiment recevoir le support dont ils ont besoin, mais c’est vraiment du cas par cas », indique-t-il. « On a aidé une maman. Son chum était en désintox et elle avait de la misère à payer, donc on lui a dit de donner ce qu’elle pouvait, afin de l’aider. »

Mélanie Girard et Nicolas Longuépée chapeautent aussi le projet. Mme Girard fait de la gestion aux Joie de Vivre depuis 5 ans. M. Longuépée s’occupait de la maintenance. Depuis peu, ils ont des parts dans l’entreprise, un peu « comme une franchise de Devcore à Sept-Îles », précise Jean-Pierre Poulin.

Selon Mélanie Girard, les logements sont accessibles à tous.

« Ici, c’est du cas par cas. On a de la place autant pour la maman monoparentale, qu’on a de la place pour un monsieur qui arrive pour travailler pour une compagnie, que pour un petit couple tranquille qui veut un endroit tranquille », explique-t-elle.

« C’est sûr qu’on n’ira pas démobiliser une petite fille qui reste avec nous depuis 5 ans, on va continuer d’en prendre soin », ajoute-t-elle.

Nuisance

L’entreprise dit malgré tout vouloir offrir un service « digne de sa réputation ».

« On veut que, dans un an, nos immeubles, ce soit ‘’smooth’’ », affirme Jean-Pierre Poulin. « On veut donner de la qualité, on veut des gens de qualité. Mais s’il y a quelqu’un qui ne cadre pas dans ça, bien il faut qu’il quitte », assure-t-il.

« Ça ne marchera pas avec nous, avec notre modèle, et ça nous nuit. Ça nuit à tout le monde aux alentours. Il y a des places pour ça et on travaille avec la Ville », renchérit M. Poulin.

Mélanie Girard dit avoir mis beaucoup d’amour et tout son cœur dans les Joie de Vivre. Elle dit avoir essayé de faire du mieux qu’elle pouvait pour améliorer la qualité des services.

« On a fait beaucoup de changements, beaucoup d’améliorations et c’est notre point de vue futur pour les 555 unités. On va continuer d’y mettre notre cœur, d’être à l’écoute des locataires, de toujours donner un bon service et de donner le meilleur de nous-même », dit-elle.

Des améliorations qui ont un prix

Jean-Pierre Poulin explique qu’il aura investi 50 millions dans le projet d’ici le 7 juin 2022 et pense investir entre deux et cinq millions par année, pour les prochaines années, en travaux de rénovations.

« Juste l’intérêt c’est un million par année. À un moment donné, on ne peut plus y arriver » explique-t-il.

« Il ne faut pas être obligé de dire qu’on ne fait plus d’argent, qu’on n’est plus capable de rénover et que là, on ne donne plus de service », illustre M. Poulin. « Il faut que les gens comprennent notre réalité et les défis auxquels on fait face, sans qu’on ait de contrôle, comme le taux d’intérêt. On a signé pour un an et demi, donc ce sera quoi comme taux après »

Devcore a l’intention d’augmenter le prix de ses loyers suite aux rénovations des logements vacants. Le promoteur n’a toutefois pas voulu s’avancer sur des chiffres précis.

L’entreprise compte investir un à deux millions pour refaire les stationnements.

« Ce n’est pas normal qu’il n’y ait pas de bel aménagement paysager autour de tous les immeubles à Sept-Îles. Quand on a acheté Régnault, on a constaté que plein de fils d’Hydro passent partout, ça l’air d’un paquet de cordes à linge qui passent partout, il n’y a aucun arbre, pas de parc. Ce serait l’fun de pouvoir enfouir les câbles, puis de voir des arbres », ajoute le directeur.

Les travaux pour changer le système de bouilloire à l’huile au Jardins de Chambord sont évalués à deux millions.

Madame Girard explique que le prix des matériaux a beaucoup augmenté et que le coût de la main d’œuvre aussi ce qui vient justifier en partie la hausse du prix des logements.

« Faut se le dire, des logements à cinq ou six cent dollars ça n’existe plus ou pratiquement plus au Canada et ce n’est pas juste la faute de Devcore », dit-il. « On est plus capable de construire à des prix raisonnables parce qu’on a plus d’employés à des prix raisonnables », précise Jean-Pierre Poulin.

Les trois partenaires espèrent que les gens vont embarquer dans leur projet technologique luxueux.

« On veut upgrader, on veut donner un service hors pair. Mais pour pouvoir le faire, on veut une clientèle qui va nous suivre là-dedans », explique Mélanie Girard.

Elle affirme en contrepartie que les locataires pourront choisir des services comme l’internet à la carte et payer seulement pour ceux qu’ils désireront.

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