Le prix du panier explose : pas de panique !

Par Marie-Eve Poulin 6:30 AM - 26 mai 2022
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Le prix du panier explose: pas de panique!

Hausse du prix du panier d’épicerie, hausse du prix de l’essence, inquiétudes environnementales dans le contexte des changements climatiques: toutes ces raisons sont des motivateurs au virage anti-gaspillage alimentaire.
Chacun son rythme, chacun sa méthode, mais tous les adeptes poursuivent un même but… ils veulent limiter la quantité d’aliments jetés, mieux consommer et économiser.

Rien ne se perd

Rébecca Jenniss, enseignante au primaire, vit avec son mari et son bébé de presque neuf mois. Occasionnellement, elle reçoit des membres de sa famille de la Basse-Côte-Nord, donc d’autres bouches à nourrir.


Elle a fait le choix de prendre un virage dans plusieurs aspects de sa vie et c’est graduellement, en changeant une chose à la fois, qu’elle compte bien y arriver.


« Le coût de la vie ne cesse d’augmenter, alors tout d’abord, j’en voulais plus pour mon argent, et ensuite, je voulais organiser ma consommation pour maximiser mon temps et savoir ce qui se retrouve dans mon assiette », a-t-elle lancé, lors d’un entretien avec le Journal.


« Bref, avant même de dire que j’allais prendre soin de l’environnement, je voulais prendre soin de ma santé physique et financière, ainsi que de ma charge mentale »


L’enseignante estime qu’il faut trouver des solutions pour surmonter la hausse du coût de la vie et s’adapter à cette situation sur laquelle nous avons peu de pouvoir.


Selon elle, des choses importantes se sont perdues avec le temps.


« Dans notre système d’éducation actuel, il manque une éducation financière et les savoir-faire, qui jadis, faisaient partie intégrante de la transmission familiale »


Pour faire baisser le prix de son panier d’épicerie, elle regarde les circulaires, visite plusieurs épiceries, achète en lot au plus bas et maximise ce qu’elle a à la maison. Elle met en pot ou sous vide certains aliments et utilise des contenants qui permettent une meilleure conservation au frigo ou dans le garde-manger. Son rêve est d’avoir le pouce vert, afin d’avoir son propre jardin et des poules.


Afin de limiter le gaspillage et maximiser l’utilisation des aliments, Mme Jenniss s’assure d’utiliser tout ce qu’elle peut. Par exemple, lorsqu’elle fait cuire un poulet, elle divise la viande en portions qu’elle congèle. Elle peut ainsi les ajouter à des recettes rapides, plus tard. Le bouillon servira pour faire des soupes. Les os et la peau sont utilisés pour faire des fonds de sauce.


Pour les légumes, elle congèle les restes et les accumule en vue de les transformer aussi en bouillon. Les fruits plus moches deviennent des confitures ou des desserts.

Faire ses conserves permet d’économiser et d’avoir des produits locaux à l’année. Photo courtoisie

Quand maman fait une prise de conscience

Vanessa Harvey, une maman de Sept-Îles nous partage les raisons de son virage anti-gaspi qui date de quelques semaines seulement. Famille de trois, classe moyenne. La maman réalise au fil du temps les pertes financières reliées au gaspillage alimentaire. Cette mère de famille a donc fait ce choix, afin de penser à l’économie et à l’écologie.


« Je me suis rendue compte que je jetais des restants. Des aliments qui traînaient dans le fond du frigo, ou du garde-manger, qui étaient périmés, et que tout ça coûtait quand même cher », explique Vanessa.


« En ce moment le prix du panier d’épicerie explose, tout coûte vraiment plus cher » Selon elle, la gestion du gaspillage alimentaire peut faire la différence.


« L’épicerie, c’est une place où on peut facilement couper au niveau des dépenses et économiser énormément d’argent, en magasinant les rabais dans les circulaires et avec une bonne gestion des aliments », dit-elle.


« Avec le prix de l’essence qui augmente en plus, pas de transport en commun, on n’a comme pas le choix de prendre notre auto. Donc oui, l’épicerie c’est le département où on peut couper le plus », ajoute-t-elle.


Pour l’aspect écologique et anti-gaspi, elle pense acheter des produits locaux, afin d’avoir des produits frais et créer moins de perte puis, à plus long terme, avoir un petit jardin pour y faire pousser quelques fruits et légumes.


« On n’y pense pas, mais les épiceries jettent beaucoup d’aliments qui perdent leur fraîcheur lors des longs transports et ça fait beaucoup de gaspillage », explique-t-elle.


La maman cuisine donc de plus en plus de plats « touski », prend le temps de bien faire l’inventaire de ce qu’il lui reste à la maison avant d’acheter et planifie ses repas en conséquence.

Moins dans la poubelle, plus dans nos poches

Le gaspillage alimentaire est très présent partout dans le monde. En cette période de hausse du prix des aliments, éviter le gaspillage se veut un moyen économique et écologique qui fera du bien aux portefeuilles et à l’environnement.

Si l’idée peut d’emblée sonner comme une tâche de plus à ajouter à la liste déjà longue de celles des familles, notre dossier vient démontrer qu’il peut en fait être plutôt simple de changer quelques petites habitudes qui font toute la différence.


Le Fonds Éco IGA présentait la conférence À vos frigos, le 12 mai dernier, afin de lutter contre le gaspillage alimentaire. Des trucs simples et pratiques ont été proposés, pour guider les gens dans leurs démarches.


Par exemple, il est recommandé de ne pas planifier des repas pour tous les jours de la semaine. Il faut laisser quelques repas vides, afin d’y intégrer des repas vide-frigos.


Lorsque vos fruits et légumes commencent à devenir moches, trouvez une manière de les conserver pour une autre utilisation. Par exemple, les légumes peuvent servir pour un potage ou une sauce pour des pâtes. Les fruits peuvent être congelés pour des smoothies ou transformés en compote pour de bonnes collations santé.


Les fines herbes peuvent se transformer en pesto, ou en beurre, que vous congèlerez et utiliserez pour faire cuire un steak.


Prenez quelques secondes pour inscrire la date sur chaque reste de table. Vous éviterez ainsi de jeter un repas, simplement parce que vous n’avez plus souvenir du moment où vous l’avez préparé.


Si vous ne savez plus quoi faire de certains aliments, ou que vous n’avez plus envie d’un repas cuisiné en trop grande quantité, il est possible d’aller porter le tout au frigo communautaire. Vous permettrez à d’autres gens de manger à leur faim.


Des applications suggèrent aussi d’acheter des aliments près de leur date de péremption à petit prix.
Ces aliments sont encore très comestibles et vous permettront de préparer des repas à moindre coût, tout en les sauvant du gaspillage.

Succès pour un projet pilote

Guylaine Caron, directrice du comptoir alimentaire de Sept-Îles, a lancé un projet pilote il y a environ 7 ans, afin de récupérer les aliments périmés ou dits « moches » dans les épiceries. Ces aliments qui sont encore très bons à la consommation comptent maintenant pour plus de 50% des dons en denrées.


Guylaine Caron est très fière de son projet pilote qui permet de bonifier de beaucoup ses dépannages alimentaires. Les dons offrent plus de variété et la quantité d’aliments est plus importante aussi.


« Avant j’y arrivais, mais exemple, il n’y avait pas de brocoli dans la boîte de dépannage », dit-elle.


« La récupération alimentaire dans les moissons et les comptoirs alimentaires c’est hyper important », ajoute-t-elle avec conviction.


La directrice du comptoir alimentaire ne compte pas s’arrêter là.


« C’est sur qu’il y a encore beaucoup de travail à faire auprès des marchands, mais on avance, on progresse », dit-elle avec la motivation d’augmenter la collaboration pour une réussite encore plus importante du projet anti-gaspillage.

L’art de couponner pour économiser

Karine Lepage Pinet couponne depuis maintenant 7 ans. Chaque semaine, elle économise de 50$ à 75$ sur son panier d’épicerie.


Elle ne regrette en rien son choix de faire du couponning, lorsqu’elle regarde le prix du panier d’épicerie qui ne cesse d’augmenter.


Le principe de base est simple: appliquer un coupon rabais sur un article déjà en rabais.
Par exemple, si le yogourt est en spécial cette semaine au coût de 3,75$, en ajoutant un coupon rabais sur ce produit, vous aurez un rabais supplémentaire de peut-être 0,50$ à 1,50$, selon le cas. Le magasin offrait à la base un rabais et le consommateur vient en ajouter un autre. C’est ce qui a pour effet de créer une très bonne affaire. Parfois, certains produits se retrouvent tout simplement à devenir gratuits.


De plus, des applications offrent des remises en argent lorsque la facture est photographiée.
Il suffit de télécharger l’application, de s’inscrire et le tour est joué.


De nombreuses cartes privilèges permettent aussi d’accumuler de l’argent pour l’essence, ou l’épicerie. Ces cartes sont sans frais.


Grâce au couponning, Mme Lepage Pinet donne beaucoup aux mamans dans le besoin et au comptoir alimentaire.
Il faut cependant faire attention à un piège, précise-t-elle.


« Au début, j’achetais beaucoup. Je me créais des besoins, parce que ça ne coûtait pas cher. Mais aujourd’hui, j’achète juste ce que je consomme. On apprend avec le temps », dit-elle.

Karine Lepage Pinet ne regrette pas son choix de couponner.

Saviez-vous que…

  • La porte du frigo est l’espace le plus chaud du frigo. Il faut donc éviter d’y placer le lait, afin de le préserver plus longtemps.
  • Ne placez pas les patates et les oignons ensemble, pour éviter qu’ils ne germent.
  • Huiles, épices et noix ne vont pas à la lumière ni à la chaleur.
  • Une simple feuille de papier absorbant ou un linge sec peuvent vous aider à conserver vos fruits et légumes. Absorber l’humidité évitera la moisissure.
  • Pour garder vos aliments croquants, entreposez-les avec un linge humide.
  • Certains aliments comme les asperges, brocolis, poireaux, herbes fraîches aiment avoir les pieds dans l’eau. Placez-les dans un verre d’eau au frigo.
  • Les légumes respirent par les fanes. Coupez-les et ils flétriront moins rapidement. De plus, plusieurs sont comestibles et vous pouvez les consommer en pesto. Attention les feuilles de tomates, poivrons, pommes de terre, aubergine et rhubarbe sont toxiques.
  • source: mon carnet anti-gaspi

En chiffres…

63 % de la nourriture jetée par les ménages canadiens aurait pu être consommée

45 % sont des fruits et légumes

13 % des restes de table

1/3 de la production mondiale de nourriture est gaspillée

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