Un drame qui laisse de douloureuses traces

Par Sylvain Turcotte 6:00 AM - 27 avril 2022
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Nancy Lévesque et son chien Charly, qui lui a été d’une grande aide pour se relever du drame du 23 avril 2018. Elle offre maintenant des services de zoothérapie. Photo courtoisie

Le 23 avril, une date qui restera malheureusement gravé dans la mémoire de plusieurs personnes à Sept-Îles, dont celle de Nancy Lévesque. Impossible d’effacer les images du double meurtre survenu à pareille date il y a quatre ans sur l’avenue Brochu. Douleurs, peines, incompréhension. Choc post-traumatique.

Nancy Lévesque était paramédic à cette époque. Les services d’urgence sont appelés à intervenir, sans savoir ce qui les attend. Sur place, Nancy tire sur la couverture pour découvrir un premier corps, celui d’une femme. S’en suit celui d’un enfant. C’est un véritable choc, mais l’adrénaline embarque. D’autres enfants étaient sur les lieux.

Les paramédics ont beau avoir été préparés à l’école, il reste des humains. Nancy était paramédic depuis quinze ans. « À l’hôpital, j’ai eu les jambes molles. »

Après le drame, Nancy a été en arrêt de travail durant six mois. Elle a recommencé, et au bout d’un an, c’était la fin.

« Ça ne fonctionnait plus. J’avais peur d’avoir le même genre d’appel », a-t-elle raconté en entrevue dimanche. Elle ajoute qu’elle aurait apprécié du soutien de son employeur à cette époque.

La veille, samedi dernier, pour une première fois en quatre ans, Nancy a senti le besoin de parler du post-traumatique, de sensibiliser les gens à cette situation. Elle l’a fait par une publication sur son profil Facebook.

« En écrivant ce texte, j’en tremble encore, les larmes coulent sur mes joues, tachycardie et j’ai les jambes molles. Mais je peux dire que j’ai retrouvé la paix intérieure et que je vais mieux », a-t-elle écrit.

Les conséquences de cet appel du 23 avril 2018 : un diagnostic de post-traumatique avec des symptômes désagréables, des cauchemars, de l’hypervigilance, de la difficulté à se concentrer, de l’anxiété, des flash-back, et la perte d’intérêt pour ses activités.

Pour s’en sortir, même si on n’en sort jamais totalement guéri, ça prend médecins, médicaments, thérapies et « surtout un bon entourage. Si le monde te juge, tu ne t’en sortiras pas. Il faut apprendre à vivre avec ça, mais tu ne peux pas accepter l’inacceptable.»

Nancy dit avoir vécu beaucoup d’isolement et d’avoir adopté un chien lui a permis d’aller marcher, de voir des gens. 

Encore aujourd’hui, lorsqu’elle a à prendre un couteau, des frissons lui passent, des dommages collatéraux du drame du 23 avril 2018 alors qu’elle a vu le couteau planté dans le corps de la mère. Certaines traces restent, comme celle d’entendre un enfant en pleurs.

« Demander de l’aide, ce n’est pas une faiblesse, ça sauve des vies », a conclu Nancy sur son message Facebook.

La zoothérapie, une nouvelle passion pour Nancy

En septembre dernier, Nancy Lévesque a complété une formation de 1 000 heures pour être zoothérapeute. Elle voulait travailler en relation d’aide et savait le bien que son chien Charly lui avait procuré. Elle a aussi acheté un cochon d’Inde, Bob, et un lapin, Pompon.

Nancy est travailleuse autonome, mais elle a un contrat pour l’année scolaire en cours dans les deux écoles primaires de Uashat mak Mani-utenam, ainsi que celle de niveau secondaire.

« Travailler dans les deux communautés, ça me fait du bien. Ça me connecte au moment présent, et ça, j’en avais besoin pour poursuivre mon chemin ».

Elle œuvre aussi avec la clientèle privée.

« C’est pour apaiser les gens, les rassurer. Avec l’animal, on travaille au niveau de la gestion de la colère, du stress, de l’anxiété, la gestion des émotions », indique-t-elle.

« L’animal sert à valoriser le client dans un objectif réalisable. Dans les écoles, ça se fait en collaboration avec des intervenants spécialisés. »

La zoothérapie, c’est maintenant sa nouvelle passion et Nancy a aussi retrouvé ses intérêts, notamment la pratique du karaté.

Pour de l’information sur le service de zoothérapie offert par Nancy Lévesque : Facebook Unissons-Zoothérapie.

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