La guerre en Ukraine nous concerne tous

2:54 PM - 25 février 2022
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La Russie a envahi l’Ukraine dans les dernières heures, au grand désarroi de notre lectrice. Image iStock

Je suis une citoyenne canadienne et une citoyenne russe. Je suis au Québec depuis 20 ans et j’habite à Baie-Comeau depuis 5 ans. J’ai des ami(e)s russes et ukrainien(ne)s, en Russie, en Ukraine, au Québec, au Canada. À Sept-Îles, Uashat mak Mani-Utenam, Baie-Comeau, Québec, Montréal, et plus encore.

Je suis pour la paix. Je suis contre la guerre. Je suis pour la position active du Canada et du Québec, car la situation en Ukraine n’est pas un conflit parmi d’autres. C’est un point de bascule qui nous concerne tous et toutes.

Je voudrais m’adresser à vous, les gens de mon pays, les gens du Québec, les gens de Manicouagan. Je ne peux pas vous dire quoi penser, comment agir, quoi ressentir, de quelle façon percevoir le monde, quoi choisir, à qui accorder votre confiance. Je ne peux vous dicter rien de ce qui appartient à votre vie privée, ni à votre position citoyenne.

La raison principale, c’est que vous êtes libres de savoir, de percevoir et d’agir. Vous vivez dans un pays où vivre et laisser vivre, c’est important. Ça va de soi. Et c’est précisément pour cette raison que je vous interpelle.

Ne restez pas silencieux. Si ce que vous voyez dans les nouvelles qui viennent de l’Ukraine vous laisse perplexe, vous fait perdre pied, vous rend triste ou fâché, indigné ou indécis, dites-le. Si vous trouvez que c’est un affront au système de valeurs qui permettent le maintien de la paix à l’échelle mondiale, dites-le. Et si vous ne savez juste pas quoi dire, quoi ressentir, dites-le aussi.

Dites-le sur vos réseaux sociaux, jour après jour, encore et encore. Dites-le à vos députés, dites-le aux médias près de chez vous, dites-le à vos proches et à vos voisins. Ne restez pas silencieux. S’il vous plaît. Parce que vous, vous vivez dans un pays où votre voix peut être entendu.

Moi aussi, le temps de ma jeunesse, je vivais dans un pays où les voix des citoyens pouvaient être entendues. Ce n’est plus le cas maintenant. Alors, ici, au Québec, pour la paix dans le monde, pour la dignité, pour la sécurité de chacun, ne vous taisez pas. Faites entendre votre voix.

Nous pouvons agir. Tous et toutes, à notre échelle. Tout agresseur espère que sa victime ne sera pas soutenue, que les témoins vont se taire, que l’agression aura l’effet d’intimidation sur ceux et celles qui se sentent dépassé(e)s.

Aujourd’hui, la victime, c’est l’Ukraine. Et ceux qui ordonnent de l’attaquer espèrent que partout dans le monde, les gens et les gouvernements vont fermer les yeux, que les gens vont préférer de ne pas en parler longtemps. Nous avons le rôle des témoins.

Pour que les gouvernements du Québec et du Canada décident de se tenir debout face aux agresseurs qui menacent la paix dans le monde, il est important que vous, les gens d’ici, vous démontrez aux gouvernements d’ici, que les nouvelles de l’Ukraine ne cessent pas de vous indigner, de vous préoccuper, de vous pousser à agir.

Pour que nos politicien(ne)s d’ici prennent une position active, il est nécessaire qu’ils et elles sachent : c’est une question de dignité, de sécurité et aussi, de santé mentale des citoyen(ne)s du Québec. Avoir sur la planète un dictateur qui ne reconnaît plus aucune limite, aucune frontière, c’est mauvais pour la santé mentale des Québécois. On ne peut pas se sentir maîtres chez nous, si quelqu’un ne reconnaît plus le droit des peuples de vivre leur vie comme ils l’entendent.

C’est un très mauvais précédent. Se tenir debout est essentiel pour se sentir bien, même quand l’agresseur n’est pas encore rendu dans ta cour.

Ne restez pas silencieux. Ne vous taisez pas. N’attendez pas que ça passe tout seul. Exprimez-vous. S’il vous plaît.

Ksenia Tsypina

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