Le centre de données des Escoumins débute ses opérations

Par Johannie Gaudreault 12:00 PM - 22 février 2022
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Le centre de données des Escoumins commencera ses opérations à la fin février et crée cinq emplois pour le moment.

C’est à la fin du mois de février que le centre de gestion de données de cryptomonnaie établit aux Escoumins par MWC MégaWatt Canada commencera ses opérations. L’entreprise est d’ailleurs à la recherche de cinq employés afin de démarrer son projet de près de 10 millions de dollars.

Pour la première phase du projet, les promoteurs désirent embaucher un superviseur de site, un concierge/préposé à la maintenance ainsi que trois opérateurs.

« Les opérations consistent essentiellement à s’occuper du bon fonctionnement des serveurs. Ce n’est pas une usine mais bien ce qu’on appelle des pods, soit des conteneurs conçus spécialement pour recevoir des serveurs », d’expliquer l’adjointe administrative chez MégaWatt Canada, Vanessa Gomes.

Ce n’est pas par hasard que l’entreprise a ciblé Les Escoumins pour installer son nouveau projet. En premier lieu, le climat a joué en faveur de la municipalité.

« Ce n’est pas trop chaud, donc nous avons besoin de peu de climatisation en été puisque les serveurs dégagent beaucoup de chaleur », affirme Mme Gomes.

De plus, le village de l’ouest de la Haute-Côte-Nord offrait la disponibilité d’un terrain dont l’emplacement était avantageux pour MWC, soit « près d’une sous-station d’Hydro-Québec ».

Le centre de données est situé sur la route Forestière et a été aménagé en préfabriqué. Il offre une possibilité de 10 mégawatts pour le moment, mais l’ajout de 100 mégawatts est en attente d’approbation par la société d’État.

Il faut dire que la réalisation du projet s’est échelonnée sur plusieurs années. Vanessa Gomes le qualifie d’ailleurs de « greenfield project » ou de projet que l’on doit créer de toutes pièces. Les démarches ont débuté en 2019 et la compagnie a pu compter sur le soutien de l’autorité municipale.

« Nous n’avons reçu aucune aide financière. La Municipalité des Escoumins nous a énormément aidés. Nous avons aussi reçu l’appui de Forestville et de toute la MRC de La Haute-Côte-Nord pour des projets futurs », dévoile-t-elle.

La construction du site a été supervisée par la firme Grimard, spécialisée notamment en solutions de télécommunications et d’électricité. « Une fois l’équipement en place, c’est à MégaWatt de tout opérer », fait savoir l’adjointe administrative.

MégaWatt Canada opère présentement un site à Saguenay dans l’arrondissement La Baie. Avec le centre de données des Escoumins, l’entreprise sera à la tête de deux projets d’envergure.

« Nous envisageons d’autres projets en Haute-Cote-Nord ainsi qu’au Saguenay », déclare Mme Gomes.

Selon le Registraire des entreprises du Québec, le premier actionnaire de MégaWatt Canada est une entreprise américaine, dont le siège social est établi en Floride, nommée Computing Power Capital Corporation. Le président de MWC est Jaime Daniel Castillo Romero, résidant à Saguenay.

Quant au propriétaire de la compagnie des Etats-Unis, Jorge Plaza Marquez, il apparaît également comme administrateur de MWC, qui a reçu son certificat de constitution en 2018.

Des retombées économiques importantes

Le maire des Escoumins André Desrosiers, affirme que le projet de centre de données est très positif puisqu’il apportera des retombées économiques non négligeables pour sa municipalité.

« Nous avons appuyé les promoteurs tout au long du processus, soit dans la recherche de terrain ainsi que dans le changement de zonage nécessaire pour accueillir ce type d’entreprise », précise l’élu.

La chaleur qui sera produite par le centre de données pourra servir à la réalisation d’un projet de culture en serre. « 10 mégawatts ça équivaut à chauffer 3 000 maisons, illustre le maire. C’est énergivore, mais c’est une énergie verte qui, en plus, servira pour de la culture. »

Comme le mentionne M. Desrosiers, certains travailleurs escouminois sont eux aussi touchés par le trou noir. « Nous avons des travailleurs de l’industrie saisonnière dans notre milieu qui auront l’opportunité de prolonger leur saison grâce à la serre. »

Ce nouveau projet agroalimentaire s’organise présentement. Des pourparlers se tiendront avec des promoteurs potentiels ainsi que des gens du milieu.

« Nous n’avons pas l’expertise pour s’en occuper nous-mêmes, mais on veut s’entourer de professionnels dans le domaine », fait savoir le maire qui estime contribuer à la sécurité alimentaire de la population avec cette initiative.

Le maire des Escoumins, André Desrosiers, se réjouit des retombées économiques engendrées par le projet de centre de données.

Moins énergivore qu’une usine de cryptomonnaie

Les centres de données tels que celui implanté aux Escoumins sont beaucoup moins énergivores que les usines de cryptomonnaie.

C’est pourquoi ils sont moins réglementés par Hydro-Québec qui offre un tarif pour les centres de données au tarif de départ de 5 ¢ du kilowattheure, transport et distribution inclus.

En ce qui concerne les usines de cryptomonnaie, les promoteurs doivent obtenir l’acceptation de leur projet par la société d’État et un bloc de 300 mégawatts a été accordé au total pour ce type de projet.

« Entre décembre 2017 et février 2018, Hydro-Québec a reçu 300 demandes pour le minage de cryptomonnaie totalisant 18 000 mégawatts, ce qui équivaut à la moitié de notre puissance. C’était énorme », raconte Cendrix Bouchard, conseiller en communications chez Hydro-Québec.

Un moratoire a été décrété faisant en sorte que tout nouveau raccordement débourse un tarif dissuasif de 15 ¢/kWh.

« C’est à ce moment qu’un bloc de 300 mégawatts a été débloqué pour les projets de cryptomonnaie. Un appel de propositions a été lancé et cinq demandes ont finalement été concrétisées pour un total de 30 mégawatts. Il reste donc 270 mégawatts à allouer dans le futur », ajoute M. Bouchard.

Ces cinq projets, quant à eux, doivent débourser un tarif « équivalent à leur niveau de consommation ainsi qu’une prime de puissance », selon le porte-parole.

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