Le milieu communautaire « à bout de souffle »

Par Maxim Villeneuve 7:00 AM - 27 janvier 2022
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Un épuisement général se fait ressentir dans le milieu communautaire alors que les organismes portent sur leurs épaules le lourd poids de la pénurie de main-d’œuvre.

Les organismes communautaires souffrent d’un manque flagrant de personnel, selon la directrice générale de Centraide Duplessis, Joannie Francoeur-Côté. Les budgets restreints les rendraient d’autant plus vulnérables à la pénurie de main-d’œuvre.

« Les ressources financières sont moindres dans le réseau communautaire que dans les entreprises moyennes dans la région », explique Mme Francoeur-Côté.

Les rares travailleurs qualifiés vont vers le milieu de la santé où les conditions salariales sont plus intéressantes.

« Dans notre branche, on a besoin de gens qui sont formés en intervention, en éducation spécialisée, en travail social, et cetera », précise la directrice d’Équijustice, Cathie Vignola. Ce sont des métiers en grande demande dans les systèmes de santé.

Cette dernière est aussi la vice-présidente du conseil d’administration de la Maison des organismes communautaires de Sept-Îles (MOCSI), où les enjeux financiers et de ressources humaines sont aussi importants. L’organisme n’a plus de direction générale depuis deux ans et n’a qu’un homme d’entretien comme employé.

La MOCSI a comme mission d’offrir des locaux à des prix modiques aux autres organismes de la ville, ce qui est présentement une tâche ardue.

« C’est un peu un cercle vicieux. Pour nous donner un petit coup de pouce, il faudrait augmenter un peu le prix de nos loyers, mais évidemment ce n’est pas ce qu’on souhaite faire, parce que ça va impacter les organismes communautaires qu’on loge et que l’on supporte », exprime Mme Vignola.

Des bâtons dans les roues

Joannie Francœur-Côté chez Centraide Duplessis remarque qu’il y a de grands besoins en santé mentale et auprès des jeunes en difficulté dans la région. Il est toutefois difficile d’y résoudre avec un manque d’employés.

Cet enjeu affecte aussi l’équipe de la Maison de la Famille de Port-Cartier.

« On est dans une période de grande adaptation où on veut quand même offrir des services, mais on le fait avec le personnel qu’on a en place, on fait de notre mieux, on fait ce que l’on peut », exprime la directrice Lindsey Vibert.

Au centre d’hébergement Transit Sept-Îles, tous les lits sont occupés alors que l’organisme fonctionne avec une équipe réduite.

« On nous demande de faire des projets avec un manque d’employés et tant que nos équipes ne seront pas stabilisées, on ne pourra pas nécessairement faire des projets comme le gouvernement nous le demande », explique le directeur du centre, David Lebœuf.

Le manque de ressources humaines a entre autres fait en sorte que l’organisme n’a pu instaurer des mesures d’hôtellerie pour les personnes dans le besoin pendant le couvre-feu comme à l’hiver dernier.

Des montagnes russes de mesures

Les hauts et les bas de la pandémie créent davantage de difficultés pour nos organismes communautaires.

« Notre équipe est un peu à bout de souffle de devoir se plier à des mesures diverses », témoigne M. Lebœuf.

Chez Centraide Duplessis, le plus grand enjeu c’est de pouvoir continuer leur campagne de financement en milieu de travail, malgré le resserrement des mesures.

« C’est comme le jour de la marmotte dans le fond. On pense toujours qu’on va se sortir de l’eau et finalement non, on s’enfonce encore un petit peu plus », affirme Joannie Francoeur-Côté.

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