Le Centre Tipinuaikan traite les femmes aux petits oignons

Par Sylvain Turcotte 11:30 AM - 23 Décembre 2021
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Une partie de l’équipe du Centre d’hébergement Tipinuaikan s’apprêtant à aller faire la distribution de paniers de Noël dans les familles de Uashat mak Mani-utenam. À l’avant : Sebel Picard et Francine Bellefleur (intervenante). À l’arrière : Niniss Vollant et Émilie Legault.

Le mot « routine » ne fait pas partie du vocabulaire du personnel du Centre d’hébergement Tipinuaikan de Uashat, là où elles sont nombreuses les femmes à vouloir se mettre à l’abri de la violence conjugale ou familiale.

Le Centre d’hébergement Tipinuaikan, fondé en 1990 par le ministère des Affaires autochtones, accueille des femmes de toutes les nations du Canada.

« On est très occupées », clament Émilie Legault, directrice, et Sebel Picard, superviseure clinique.

« On met nos deux cerveaux ensemble. » La première voit au volet administratif et aux finances, l’autre travaille sur le terrain.

Dans le contexte actuel, le Centre ne peut accueillir que six femmes à la fois, accompagnées de leurs enfants.

L’organisme dispose aussi de deux appartements sur le territoire de Sept-Îles, situation mise en place en raison de la COVID, lieu pour la réinsertion sociale.

Si une place se libère, elle ne restera pas libre bien longtemps. La durée des séjours est différente d’une femme à l’autre, et elles peuvent débarquer à n’importe quel moment.

« On aime ça le challenge. La routine, ça n’existe pas ici, il n’y a pas une journée pareille », assurent Mme Legault et Mme Picard.

L’équipe du Centre Tipinuaikan, formée de sept employées, préconise l’approche holistique avec les femmes qu’elle accueille, approche qui tourne autour de la roue de la médecine autochtone, le cercle de la vie : le mental, le physique, l’émotionnel et le spirituel.

Autres fléaux

Ses intervenantes réfèrent parfois les femmes vers d’autres organismes. « Il y a beaucoup de femmes en situation d’itinérance. L’itinérance est un enjeu sur l’ensemble du territoire pour lequel ça prendra des solutions », avancent la directrice et la superviseure clinique.

La COVID a fragilisé l’état mental des femmes. « Il y a beaucoup de consommation. »

Les dirigeantes du Centre se battent également pour l’accessibilité au logement pour les femmes autochtones. Elles déplorent certaines situations où elles se font refuser un loyer, malgré l’appui de personnes pour les endosser.

Elles dénoncent également la violence économique où elles dépendent de l’homme.

« Ici, on est là pour traiter les femmes aux petits oignons. »

Des paniers de Noël pour un moment de bonheur

Pour une deuxième année, le Centre Tipinuaikan distribue des paniers de Noël aux familles des communautés de Uashat et de Mani-utenam, une façon pour l’organisme de faire de la prévention et de la sensibilisation, mais aussi pour se faire connaître.

« C’est aussi pour offrir un moment heureux pour Noël », mentionnent la directrice du Centre, Émilie Legault, et la superviseure clinique, Sebel Picard.

Il n’y a aucun critère pour que les familles puissent bénéficier d’un panier. Il suffit d’un appel. « Tout a augmenté, la bouffe, le gaz. Même si tu as un travail, tu peux en arracher. »

Ce sont 200 familles qui auront reçu les 16 et 17 décembre un panier comprenant pain, poulet, patates, pâté, carottes, betteraves, confiture de graines rouges, tarte aux bleuets et du chocolat pour les enfants, en plus d’une carte cadeau de 100 du Super C. L’an dernier, le Centre d’hébergement Tipinuaikan en a distribué 150.

« Les marchands sont très collaborateurs. » Le panier de Noël est d’une valeur de 200$, incluant la carte cadeau.

L’organisme a d’ailleurs eu l’aide d’employés de la compagnie IOC, partenaire important du Centre, pour assurer la distribution. L’entreprise a également contribué pour 60 000$ cette année.

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