Les organismes confrontés à des besoins grandissants

Par Vincent Rioux-Berrouard 6:00 AM - 16 Décembre 2021
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Après presque deux années très difficiles, de meilleurs temps semblent être devant nous avec une période des fêtes attendue par la grande majorité. Par contre, la situation n’est pas facile pour tous et les effets de la pandémie se font encore ressentir comme plusieurs organismes de la région le constatent.

C’est notamment le cas pour l’Âtre de Sept-Îles un organisme qui offre de l’hébergement et du soutien pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale.

Sa directrice, Sonia Dumont, explique que la pandémie a causé beaucoup de solitude et d’isolement.
« La pandémie cause beaucoup d’incertitude auprès de notre clientèle ce qui aggrave certaines problématiques », affirme Mme Dumont.

Pour ce qui est de l’hébergement, là aussi il y a beaucoup de demandes.

« Le département de psychiatrie est plein. Ainsi, souvent ça pousse un peu pour que les gens sortent plus rapidement. On a donc des gens qui sortent de la psychiatrie qui ne sont pas nécessairement prêt. On se retrouve avec des gens qui passent parfois quelque temps avec nous avant de retourner en psychiatrie », indique la directrice.

Cette hausse des besoins est aussi accompagnée par une difficulté d’obtenir des services pour des problèmes de santé mentale ou de dépendance auprès du CISSS de la Côte-Nord.

Les demandes de services sont aussi à la hausse pour le Centre d’action bénévole le Virage à Sept-Îles.
« La pandémie a eu beaucoup d’effets négatifs, mais ça a permis de faire connaître nos services et ceux-ci continus d’être en demande », affirme Karoline Gilbert directrice de l’organisme.

Le Centre d’action bénévole le Virage offre des services comme la popote roulante et du transport pour les aînés qui sont appelés à continuer à augmenter.

« La population est vieillissante et certains n’ont pas toujours quelqu’un de proche qui peut venir les aider pour les repas. Combiné à cela que les intervenants sociaux réfèrent de plus en plus nos services. Les besoins augmentent », souligne Mme Gilbert.

L’organisme Centraide Duplessis soutient financièrement plusieurs organismes de la région. Ils sont donc à même de constater la situation. Sa directrice générale, Joannie Francoeur Côté, affirme que les besoins sont à la hausse en particulier pour les organismes œuvrant en santé mentale.

Besoin alimentaire

Pour ce qui est du Comptoir alimentaire de Sept-Îles et du Centre d’action bénévole de Port-Cartier, la demande en aide alimentaire reste plutôt stable, mais la bonne nouvelle est que les deux organisations sont capables de fournir l’aide à ceux qui en ont besoin en raison de la générosité des gens de la région.

« La période des Fêtes apporte toujours un nombre important de demandes, mais on est capable de fournir au besoin », résume Guylaine Caron, directrice du comptoir alimentaire de Sept-Îles.

Des dépenses à la hausse

L’inflation, la hausse du prix du panier d’épicerie et du litre d’essence, des phénomènes qui nous ont tous affectés au cours de la dernière année et qui bien sûr touchent les organismes de la région.

« C’est la première année que je vois les prix monter autant. Malgré le fait que j’ai un pouvoir d’achat parce que j’achète en gros, je ne suis plus capable d’avoir de deal», affirme la directrice du Comptoir alimentaire de Sept-Îles, Guylaine Caron.

Situation similaire pour le Centre d’action bénévole (CAB) de Port-Cartier. Heureusement, le CAB de Port-Cartier réussit à bien s’en tirer avec des dons de producteurs locaux ou le soutien des banques alimentaires.

Cette situation demande une gestion serrée de la part des organismes. Karoline Gilbert, directrice du Centre d’action bénévole le Virage, explique qu’elle doit souvent comparer les coûts entre un grossiste ou les spéciaux en épicerie pour déterminer qu’elle sera la meilleure option.

« Le coût des aliments est toujours un enjeu. Parfois, on va sauver seulement 0,20 $ sur un aliment, mais à la fin de l’année, cela représente des centaines de dollars », souligne Mme Gilbert.

Travailleurs et bénévoles
Des denrées rares

En plus de toucher la grande majorité des entreprises, la pénurie de main-d’œuvre est une réalité à laquelle les organismes communautaires doivent faire face.

C’est notamment le cas pour l’Âtre de Sept-Îles. Comme l’explique sa directrice Sonia Dumont, il est difficile d’offrir des salaires élevés dans le milieu communautaire. Combiné à cela les difficultés à trouver des logements abordables à Sept-Îles, le recrutement est un défi important selon.

Le même phénomène touche le Centre d’action bénévole (CAB) le Virage.

« Quand on embauche des travailleurs sociaux, ça demande toujours un certain temps parce qu’on veut évidemment embaucher la bonne personne avec les compétences nécessaires. Même le CISSS a de la misère à trouver même s’il offre des conditions salariales plus intéressantes » affirme Karoline Gilbert.

Mme Gilbert souhaiterait d’ailleurs un rehaussement de l’aide financière pour l’embauche des travailleurs. Comme elle l’explique, le travailleur social œuvrant pour le CISSS ou celui œuvrant pour le CAB le Virage effectue sensiblement les mêmes tâches. Dans ces circonstances, elle se demande pourquoi le salaire serait-il plus élevé pour un des deux.

Même constat du côté du Centre d’action bénévole de Port-Cartier. La directrice Laurencia Bond affirme que le défi est de réussir à conserver ses employés.

« Beaucoup de secteurs économiques offrent de meilleurs salaires que le milieu communautaire. C’est évident qu’on va arriver à un moment où on ne serait plus capable d’attirer du personnel compétent. Il va falloir offrir de meilleur salaire et la question reste de savoir si on aura le financement nécessaire », dit Mme Bond.

Bénévoles

Pour ce qui est de la plupart des organismes, les bénévoles sont en nombres suffisants, mais il reste encore des besoins.

« Des bénévoles, j’en ai toujours besoin, malgré qu’en ce moment, à chaque fois que je suis mal prise, il y a quelqu’un qui lève la main », affirme Karoline Gilbert.

« Mais plus je vais avoir de bénévoles, plus je vais être en mesure d’offrir des services. Mes bénévoles ne peuvent être à quatre places en même temps », ajoute-t-elle.

Du côté du Comptoir alimentaire de Sept-Îles, sa directrice se considère chanceuse d’avoir autant de bénévoles dévoués.

« On est vraiment choyé d’être entouré par nos bénévoles dont plusieurs sont là depuis plusieurs années », souligne Guylaine Caron.

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