Des églises en héritage
La communauté chrétienne du diocèse de Baie-Comeau sera invitée à faire des choix concernant les églises de son territoire. Courtoisie Facebook Église Notre-Dame-de-Bon-Désir des Bergeronnes.
« De quelles églises avons-nous vraiment besoin et en avons-nous les moyens? » La fameuse question qui fait l’objet de vives discussions parmi plusieurs conseils de fabrique, a finalement été évoquée lors d’une assemblée plénière des évêques catholiques du Québec tenue en mars 2021.
Plus encore, le Bureau de direction des économes de six diocèses du Québec prévient qu’il faudra faire des choix, se départir des églises excédentaires allant même jusqu’à la démolition des bâtiments ne trouvant pas preneurs.
Dans un document illustrant les réflexions du Bureau de direction des économes des diocèses du Québec sur les répercussions de la pandémie dont le journal Haute-Côte-Nord a obtenu copie, les responsables affirment que la crise sanitaire n’a fait qu’accentuer les enjeux financiers auxquels ils devaient faire face « et nous fait davantage prendre conscience de la précarité de notre structure ».
En fait, les économes des diocèses de Baie-Comeau, Québec, Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe, Joliette, Mont-Laurier et Saint-Jérôme, constatent que la pandémie n’a fait qu’accélérer un processus de réflexion enclenché depuis quelques années.
Les bâtiments de l’Église sont au cœur des discussions. Érigé en fonction des besoins d’une autre époque, le parc immobilier n’est plus adapté aux besoins actuels des paroissiens.
Des églises trop grandes et vétustes, des bénévoles essoufflés, des dépenses qui ne cessent d’augmenter alors que les entrées d’argent diminuent de façon drastique et que la contribution du ministère de la Culture et des Communications ne correspond pas aux coûts d’entretien et de réparations, se traduisent par « un désengagement progressif qui peut aller jusqu’à un abandon au solde des diocèses », est-il écrit dans la mise en contexte du Bureau de direction des économes.
Deux plans à venir
« Comme en fait foi le document, précise Claude Deschênes, animateur diocésain pour le secteur de Tadoussac à Colombier, l’avenir de nos bâtiments religieux doit passer par notre collectivité et non seulement par quelques décideurs ».
Avec l’accord des responsables de la transmission de la foi et des équipes locales de la Haute-Côte-Nord, monsieur Deschênes a acheminé le résumé aux maires actuels et « quelques autres personnes en sachant que nous aurons à réunir nos populations autour de la question ».
Préserver la mission première de l’Église
Un plan immobilier diocésain sera réalisé en ciblant un nombre restreint de lieux de culte à conserver afin de répondre aux besoins nécessaires et actuels des communautés chrétiennes, « et ce dans une vision véritablement réaliste qui devrait conduire à un autre plan, celui de la gestion des églises excédentaires disponibles à un changement de vocation et/ou de propriétaire », peut-on lire.
Les choix devront être faits en fonction des coûts pour maintenir à court, moyen et long terme les édifices religieux par rapport aux capacités financière et aux besoins des communautés.
« La conclusion sera sans doute de prendre la décision difficile de se départir des églises excédentaires allant jusqu’a en démolir si une vente s’avérait impossible, et ce même si cela pouvait amener des réactions d’indignation, voire de colère, cela permettra de libérer d’importantes ressources financières qui pourront être investies dans la mission d’évangélisation », ont convenu les responsables des diocèses qui craignent le maintien des fabriques jusqu’à l’épuisement complet de leurs liquidités de sorte « que le fardeau financier ultime serait transmis aux diocèses ».
Virage anticipé
Les célébrations radiophoniques ou par le biais du web, des groupes de prières sur zoom, l’enseignement de la pastorale à distance et le respect des protocoles serrés, auront certes permis aux missionnaires d’innover et de se réinventer.
La reprise des activités régulières des paroisses devra passer par une refonte en profondeur de leurs moyens d’entrer en relation avec les gens, estiment les économes.
Ceux-ci espèrent la mise en place de moyens et outils actualisés et concret, « en lien avec le tournant missionnaire pour devenir réellement une Église au cœur du monde d’aujourd’hui ».
Parmi les défis relevés par le Bureau de direction des économes, la nécessité pour les diocèses d’offrir aux paroisses des services administratifs centralisés, la mise en place de nouveaux moyens de travail et de communication pour garder contact avec la société actuelle, l’ajustement du sentiment d’appartenance à la communauté de croyants plutôt qu’à l’église et au territoires actuels des paroisses et la conscientisation au fait que les avoirs des fabriques n’appartiennent pas aux communautés religieuses qui en sont « seulement les intendants au service de la Mission ».
Regarder vers l’avenir
« Notre diocèse porte comme vous, ce souci et vous invite à ne pas hésiter à entreprendre un cheminement éclairé, comme nous avons pu voir dans une récente amorce à Forestville » mentionne M. Deschênes, qui se rend disponible en compagnie de l’économe du diocèse de Baie-Comeau Christian Émond, pour prendre acte des démarches des paroisses et échanger au besoin avec leurs premiers répondants ».
L’animateur diocésain pour la Haute-Côte-Nord invite la population à porter un regard d’avenir afin de trouver des sources de partage et de financement des lieux pour éviter de se retrouver devant la réalité d’abandon total comme c’est le cas pour beaucoup d’églises du Québec.
Quant à la réflexion du Bureau de direction des économes, celle-ci conclut qu’il faut « réfléchir à l’héritage que nous voulons laisser aux générations futures ».
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