L’avenir des services de traverses privées entre les mains du MTQ
Pour le traversier Rimouski-Forestville, 64 % des usagers ont affirmé qu’ils l’utiliseraient davantage si les services étaient améliorés. Photo : Sabrina Gagné
Réalisée par la Société des traversiers du Québec (STQ) de concert avec le ministère des Transports du Québec (MTQ) qui tranchera au final sur la possibilité d’étatiser ou de financer les services de traverses de Rimouski-Forestville et Trois-Pistoles-Les Escoumins, l’étude de marché rendue publique la semaine dernière était fort attendue par le milieu économique et politique de l’est du Québec.
Matérialisée et synthétisée dans un rapport étoffé de 161 pages assortie à un questionnaire destiné à la population et développé par Abscisse Recherche pour le compte de la STQ, l’étude avait pour mission principale, de nourrir l’analyse sur la pertinence d’ajouter au giron de la STQ, les deux traverses privées.
« Elle (l’étude) démontre que les traverses publiques qui relient la Gaspésie à la Côte-Nord, ainsi que le Bas-St-Laurent à Charlevoix, sont pertinentes et cadrent dans la mission de la STQ, a expliqué Bruno Verreault, conseiller en communication, direction principale des communications et du marketing à la Société des traversiers du Québec (STQ). Les traverses Matane-Baie-Comeau-Godbout et Rivière-du-Loup-Saint-Siméon fournissent un lien maritime permettant des déplacements interrégionaux, tandis que les traverses privées ont quant à elles une vocation avant tout touristique et répondent à des besoins en déplacements locaux », a-t-il précisé.
Informations confidentielles
Le porte-parole de la STQ justifie l’abondance de caviardage dans le document par son contenu révélant des informations d’entreprises privées.
Quant à la collecte des données auprès de la population des régions du Bas-Saint-Laurent et de la Côte-Nord qui fut réalisée du 8 au 23 novembre 2019, celle-ci a permis la conclusion de 2 686 entrevues.
De ce nombre, 607 résidents ont indiqué avoir réalisé des déplacements interrives. Ces derniers ont complété l’ensemble du questionnaire tandis que ceux n’en ayant pas effectué, ont mis fin à leur collaboration, ce qui a cependant permis de calculer le taux de trajets interrives.
Comportement des usagers
C’est un taux de 57% des usagers actuels qui augmenteraient leur fréquentation de la traverse Trois-Pistoles-Les Escoumins, si les niveaux de services étaient améliorés.
Pour le service de traverse Rimouski-Forestville, 64% des usagers ont partagé une affirmation similaire, même si les deux services de traverses ont été interrompus respectivement l’an dernier et cette année.
À partir de la base de données d’Emploi Québec, 359 organisations sur 906 entreprises ont partagé leurs habitudes de déplacements et de transport de marchandises, soit un échantillonnage de 39,6%.
Un nombre de 100 questionnaires ont été récoltés auprès d’entreprises effectuant du commerce interrives dont une partie est au moins effectuée en utilisant leur propre flotte de véhicules (28,1% des entreprises contactées).
L’agrégation des taux de déplacements révèle que 66 001 personnes pourraient être concernées par les déplacements entre les rives du fleuve Saint-Laurent selon les données du recensement de 2016.
Soit 38 095 résidents du Bas-Saint-Laurent pour une population totale de 197 385 et 27 906 personnes pour une population nord-côtière totale de 92 712.
Joint par le Journal Haute-Côte-Nord, le cabinet du ministre des Transports François Bonnardel, n’avait toujours pas répondu à notre demande d’entrevue au moment d’aller sous presse.
« Un navire plus gros une saison plus longue » – Micheline Anctil
De son côté, la mairesse de Forestville et préfète de la MRC de La Haute-Côte-Nord Micheline Anctil, prend acte du rapport « attendu depuis des mois mais qui décrit bien la situation actuelle ».
L’élue déplore à l’instar du député Martin Ouellet, l’inaccessibilité du grand public aux options de la Société des traversiers du Québec. « L’étude fait clairement état des besoins à prendre en compte dans les options de l’avenir », ajoute Mme Anctil.
Celle-ci fait référence au fait que les utilisateurs proviennent d’aussi loin que la MRC des Sept-Rivières et non seulement de la Haute-Côte-Nord et de Manicouagan. Un autre critère non négligeable selon elle, les destinations sont tout autant dirigées vers le Saguenay-Lac-St-Jean que vers le Nouveau-Brunswick.
Il est également démontré dans le rapport, que les entreprises utiliseraient davantage le lien Rimouski-Forestville si des camionnettes pouvaient y accéder.
« En conclusion, il en ressort les besoins d’un navire de plus grande taille, pour plus de passagers et camionnettes, un horaire étendu sur une plus longue période », énumère Micheline Anctil.
La mairesse de Forestville revient également sur le libellé de l’étude qui met l’accent sur le secteur touristique pour justifier les deux liens interrives ayant un port d’attache en Haute-Côte-Nord.
« Nous croyons au développement de cette filière avec un bateau qui pourrait transporter des petits VR ou des camionnettes avec canot etc. Mais nous demandons aussi de tenir compte des besoins de déplacement des citoyens, des entreprises, de même que l’accès aux services de cancérologie à Rimouski ou d’éducation ou recherche avec l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) », conclut-elle, précisant que son homologue de Rimouski Marc Parent et elle, sont à pied d’œuvre pour les options de service, « un service qui est essentiel ».
Le président de la Compagnie de navigation des Basques, Martin Dufour, n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.
Martin Ouellet se dit surpris et déçu
Le député de René-Lévesque Martin Ouellet a été surpris du caviardage à outrance du document mais aussi déçu que l’étude attendue depuis deux ans, « ne soit pas actualisée » en fonction des coupures de service du traversier Matane-Côte-Nord et de l’absence du service de navette entre Rimouski et Forestville cette saison.
« Ça me déplaît avec le temps qu’on a mis pour réaliser cette étude, précise en entrevue au journal Haute-Côte-Nord, le député de René-Lévesque. Mais ce qui est fondamental pour moi, c’est qu’il n’est pas question de prioriser un service au détriment d’un autre. Les deux sont essentiels ».
Selon Martin Ouellet, pas besoin d’être devin pour constater que la formule gagnante au niveau des services de traversiers, est le partenariat public-privé comme le service de traversier Rivière-du-Loup-St-Siméon.
« Probablement qu’il y a une décision politique à prendre, d’où la raison pour laquelle les informations sont caviardées, mais c’est particulier qu’on ne divulgue pas la partie sur les gaz à effet de serre. C’est clair qu’on ne voulait pas donner un moins bon bilan à la STQ par rapport à ça. Ils auraient gagné à être plus transparents mais ce n’est pas vrai que la STQ a été totalement transparente ».
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